Pourquoi certains noms d'animaux n'ont pas de féminin en français ?
Question d'origine :
Bonjour,
Pourquoi certains animaux n'ont pas de féminin comme le papillon, ou pas de masculin comme la tortue ou pas de nom de petit comme le caméléon?
Merci d'avance!
Réponse du Guichet

L'opposition mâle/femelle ou adulte/petit est minoritaire dans la nomination des animaux. Cette distinction de genre semble en grande partie liée à la chasse et l'élevage.
Bonjour,
Selon la Vitrine linguistique, site crée par l'Office québécois de la langue française, les noms d'animaux ont souvent un genre fixe, c'est-à-dire qu'ils désignent à la fois le mâle et la femelle.
Cependant, des noms d'animaux ont un genre variable qui correspond au sexe. Le féminin du nom est formé en modifiant la terminaison du nom masculin.
Et, certains animaux ont des noms spécifiques pour désigner le mâle et la femelle. Les noms féminins ont pour la plupart été formés indépendamment des noms masculins, à partir d'un radical différent. Pour certains animaux domestiques, un autre nom s'ajoute pour désigner le mâle reproducteur. Par exemple, porc-verrat-truie.
Enfin, la plupart des noms de petits d'animaux sont de genre masculin. Plus rarement, certains noms de petits ont un masculin et un féminin, comme aiglon et aiglonne ou agneau et agnelle.
Le chercheur Jean Dubois dans la revue Genre et langage détaille ces spécificités et propose des pistes d'explications. Tout d'abord, la majorité des noms d'animaux sont soit exclusivement masculins, soit exclusivement féminins. Dans son article, Jean Dubois explique qu'il n'a recensé que 23 noms sur 8 000 qui proposent une variation de type lapin/lapine. Ces noms appartiennent majoritairement à des mammifères et à des catégories d'élevage et de chasse. Il s'agirait donc d'une distinction pragmatique faite par l'Homme pour les animaux avec lesquels il entretient une relation culturelle ou sociale.
Il existe aussi une vingtaine de termes, d'origine totalement différente, qui ont été rapprochés pour former l'opposition mâle/femelle toujours dans les catégories de la chasse et de l'élevage. Il est en effet nécessaire pour un chasseur de distinguer le genre de l'animal car il ne peut pas tuer une femelle qui a des petits par exemple.
L'autre axe sémantique qui est celui du "petit de l'animal" est plus important, dans la chasse et l'élevage, que celui opposant mâle/femelle. De ce fait, il y a davantage de noms de petits que de noms distinguant mâle/femelle. L'âge de l'animal est important car il permet de savoir quand celui-ci devient reproducteur ou encore quand il peut devenir un animal de boucherie.
D'autres explications sont aussi possibles. Les noms varient en fonction du types de vocabulaire utilisé: usuel, scientifique... Un animal peut aussi être dénommé de manière très différente car beaucoup de noms ont été introduits à partir de langues différentes et cette multidésignation n'a plus rien à voir avec le genre, qui dépend de la langue empruntée.
Enfin, pour un certain nombre de noms d'animaux, un terme spécifique est utilisé pour indiquer l'espèce générique et cette constitution n'est pas morphologique. Par exemple, le terme mouton est le terme générique exclusivement masculin, puis vient l'opposition mâle/femelle (bêlier/brebis) et enfin, celle des petits (agneaux/agnelles). Le système se construit d'abord sur le générique, puis sur une opposition de genre. Très souvent, cette opposition a pu disparaître au profit du seul masculin ou du seul féminin.
Attention tout de même, l'auteur nous indique bien qu'il faut relativiser ses observations car la catégorie observée est petite et ne peut pas être généralisée.
En espérant que ces pistes d'explications vous conviennent,
Respectueusement,