Quels étaient les prénoms des enfants lauréats de la "médaille d'or de la famille française" ?
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Serait -il possible d'accéder aux archives de l'organisme ayant délivré la " médaille d'or de la famille française" à une mère de 14 enfants à la fin du XIX° siècle ceci afin de connaître les prénoms de chaque enfant ?
Réponse du Guichet

Créée par décret le 26 mai 1920, au lendemain de la Première guerre mondiale et des pertes humaines importantes, la médaille de la Famille française ne récompensait à l’origine, que les mères de famille et était remise, généralement, à l’occasion de la fête des Mères, dans le contexte d'une politique nataliste de l'État.
Aussi, supposons-nous que votre recherche porte sur la fin du XXème siècle et non sur la fin du XIXème siècle, date à laquelle cette médaille n'existait pas encore.
Les services d'archives compétents en matière de gestion des dossiers des médaillés sont les Archives départementales, conservant les fonds produits par les Préfectures.
Vouliez-vous faire référence à la médaille d'or de la famille, remise en mai 1987 par le président de la République François Mitterrand, à un couple de Mayennais parents de 9 enfants, qu'ils ont eu en 14 ans ? Retrouvez plus d'informations à ce sujet dans notre réponse.
Bonjour,
Vous souhaitez accéder aux archives de l'organisme ayant délivré la médaille d'or de la famille française à une mère de 14 enfants à la fin du XIXe siècle (XXe siècle ?), ceci afin de connaître les prénoms de chaque enfant.
Créée en 1920, la médaille de la famille apparaît quand il faut repeupler le pays après les pertes humaines de la Première Guerre mondiale. Nous supposons donc qu'une coquille s'est glissée dans votre question et que vous vouliez sans doute écrire "fin du XXe" (?)
Au lendemain de la première guerre mondiale durant laquelle les femmes, aux champs, dans les entreprises ou à leur foyer, avaient remplacé les hommes mobilisés, l’intention des créateurs de la médaille de la Famille française, a été de souligner qu’elles avaient également leur contribution à apporter au relèvement du pays éprouvé par la guerre. L’objectif était de montrer que, malgré les contraintes morales ou physiques de la mère de famille, son rôle était des plus nobles et que l’estime générale devait l’entourer.
Ainsi, monsieur Jules-Louis Breton, ministre de l’Hygiène, de l’Assistance et de la Prévoyance sociales déclarait, dans son argumentaire en faveur de la création d'une récompense spécifique destinée aux mères de famille, « La République doit témoigner d'une manière éclatante de sa gratitude et de son respect envers celles qui contribuent le plus largement à maintenir par leur descendance, le génie et la civilisation, l'influence et le rayonnement de la France ».
Créée par décret, le 26 mai 1920, la médaille de la Famille française ne récompensait à l’origine, que les mères de famille et était remise, généralement, à l’occasion de la fête des Mères.
Pendant la seconde guerre mondiale, le Gouvernement de Vichy réforma, par le décret du 13 décembre 1943, le régime d’attribution de la médaille de la Famille française. A la libération, le décret du 3 mars 1945, valida cette réforme, ainsi que les attributions intervenues entre 1940 et 1944. Depuis, divers décrets, dont celui du 28 octobre 1982 ( n° 82-938 ), ont modifié les conditions d’obtention de cette distinction.
Le décret n° 2013-438 du 28 mai 2013 a changé le nom de cette décoration en "Médaille de la Famille" et a ajouté à la liste des récipiendaires des personnes ne répondant pas aux conditions générales mais qui ont rendu des services exceptionnels dans le domaine de la famille. Il tire les conséquences de la disparition de la Commission supérieure de la médaille de la famille et prévoit qu'un seul modèle de médaille sera dorénavant attribué ( et non plus trois en fonction de la taille de la famille ).
Enfin, le décret n° 2022-203 du 17 février 2022 a élargi les critères d'attribution de la médaille de la famille au profit d'une « Médaille de l'Enfance et des Familles », afin de tenir compte des différentes formes de parentalité et du rôle des bénévoles et professionnels intervenant auprès des familles et assurant l'accueil du jeune enfant et la protection de l'enfance.
Source : Site france-phaleristique.com des médailles officielles françaises
Le site Service-public.fr héberge une fiche thématique sur la Médaille de l'enfance et des familles :
Qu'est-ce que la médaille de l'enfance et des familles ?
La médaille de l'enfance et des familles est accordée aux personnes (père, mère,... ) qui ont élevé des enfants en leur apportant leur dévouement et des soins attentifs. Elle peut également être remise au bénévole et au professionnel intervenant auprès des familles et assurant l'accueil du jeune enfant et la protection de l'enfance. Il s'agit d'un titre honorifique décerné pour rendre hommage à leur mérite ou pour leur témoigner la reconnaissance de la Nation.
En principe, les personnes suivantes peuvent recevoir la médaille de l'enfance et des familles :
- Personne élevant ou ayant élevé au moins 4 enfants de nationalité française, dont l'aîné a atteint l'âge de 16 ans. La personne doit avoir fait également, dans l'exercice des droits et des devoirs liés aux enfants, un constant effort pour les élever dans les meilleures conditions matérielles et morales possibles.
- Personne élevant ou ayant élevé dignement un ou des enfants dans un contexte familial, social ou économique particulièrement difficile, dont l'aîné a atteint l'âge de 16 ans.
Qui attribue la médaille ?La décision d'attribution est prise, selon la personne concernée, après enquête par les personnes suivantes :
- Préfet du département et président de l'union départementale des associations familiales (Unaf)
- Préfet du département et ministre chargé de la famille
- Ministre chargé de la famille de sa propre initiative ou sur demande du préfet du département conjointement avec celle du président de l'union départementale des associations familiales
Compétent dans la gestion des archives produites par la Préfecture, les Archives départementales conservent les dossiers des médaillés de la famille. Le Portail France Archives permet de trouver les références d'archives historiques et administratives conservées dans les différents services d'archives de France. Ainsi une recherche en texte libre avec le mot vedette "médaille de la famille" combinée avec une recherche sur une date de début et de fin (en l’occurrence 1920-2000, car nous supposons que votre recherche porte sur le fin du XXème siècle ?) pointe vers 399 résultats.
Peut-être vouliez-vous faire référence à la médaille d'or de la famille, remise en mai 1987 par le président de la République François Mitterrand à un couple de Mayennais, parents de 9 enfants qu'ils ont eu en 14 ans ?
Une vidéo de l'INA (Institut national de l'audiovisuel) diffusée le 20 mai 1987 s'intitule "Un couple de Mayennais reçoit la médaille d'or de la famille" :
Résumé
Le président de la République François Mitterrand a remis il y a quelques jours la médaille d'or de la famille française à Claudette Martinier, épouse de Gérard. Agriculteurs à Gennes-sur-Glaize, ils sont parents de neuf enfants, qu'ils ont eus en 14 ans. Au micro de Ben Salama, ils reviennent avec émotion sur cet événement, tout en jugeant presque banal d'avoir fondé une famille nombreuse.Date de publication du document : 01 sept. 2021
Contexte historique (par Cyril Daydé, Directeur des archives départementales de la Mayenne)La démographie est la science qui vise, selon son étymologie grecque, à décrire une population, soit à un instant précis, soit dans son évolution. C’est donc une science humaine qui tire sa méthode essentiellement des statistiques, et ses éléments d’analyse de l’histoire, de la sociologie, de l’économie et de la culture. La Mayenne a connu un point de bascule dans la décennie 1860. Elle atteint alors son pic historique de population : 375 000 habitants. Le nombre de résidents mayennais décroît ensuite continûment jusqu’à la Seconde Guerre mondiale (250 000), avant de reprendre une croissance régulière jusqu’aux années 2010, marquées par une stagnation autour de 307 000 habitants. Le point de bascule de la décennie 1860 vaut aussi pour la place de la Mayenne à l’échelle nationale : la densité de population du département (72 habitants/km²), jusqu’alors supérieure à la moyenne nationale (68), passe sous cette moyenne, et tombe même à la moitié pendant la décennie 2010 (60 habitants/km² en Mayenne contre 120 à l’échelle nationale).
Mais cette évolution chiffrée doit être nuancée par l’étude précise des faits. La Mayenne reste un département rural, peu peuplé, mais son taux de natalité dans les années 2000, demeure supérieur à la moyenne nationale, avec 13,5 naissances par an pour 1000 habitants, contre 12,5 en France. Ce reportage de 1987 met en lumière un phénomène qui conforte cette tendance : les familles nombreuses. Ce phénomène est illustré par le cas de Claudette et Gérard Martinier, âgés de 38 et 40 ans, ayant eu 9 enfants en 14 ans. Plusieurs domaines d’analyse sont mobilisés pour contextualiser ce cas particulier.
Dans le domaine politique, le fait majeur est le soutien gouvernemental à la natalité, que l’on pourrait qualifier de « politique nataliste ». La médaille de la famille française, ici remise par François Mitterrand à Claudette Martinier, est créée en 1920 quand il faut repeupler le pays après les pertes humaines de la Première Guerre mondiale. La fête des mères, dont l’idée est apparue à la même époque, n’est finalement instituée que sous le régime de Vichy, dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale, pour être confirmée par une loi de 1950. Autre fait révélateur de la vie politique des années 80 : la vive émotion d’un citoyen qui rencontre le président de la République pour la première (et sûrement la dernière) fois de sa vie.
Dans le domaine culturel, on peut s’amuser du nombre de bises : deux pour François Mitterrand, mais trois pour Claudette Martinier. Ces marqueurs, en apparence anecdotiques, sont aussi ce qui fonde l’identité locale, au même titre que les langues régionales ou les régionalismes. Ils montrent que, même dans un pays qui semble uni par une même culture, celle de la langue de Molière, du siècle des Lumières et des droits de l’Homme, le quotidien et les rapports humains varient d’un lieu à l’autre.
Dans le domaine social, le reportage est très éclairant sur la place de la femme dans la société et dans la famille. Depuis 1945, et surtout depuis les années 1970, avoir une activité salariée est de moins en moins rare pour une femme. Pour autant, le rôle « naturel » d’une femme a longtemps été considéré comme celui de mère, à la maison. Le modèle de la ménagère ou de la femme au foyer a perdu de son importance au fur et à mesure que l’activité féminine est devenue plus répandue. Pour autant, difficile d’affirmer que la parité est atteinte, car de nouvelles inégalités sont théorisées, a l’instar de la charge mentale ménagère étudiée par Monique Haicault dans un article contemporain du reportage. Quand le journaliste demande aux époux Martinier : Qui commande chez [eux] ?, la première réponse, hésitante est Tous les deux… avant que Gérard n’avoue : Plus souvent ma femme. Mais la frontière entre vie familiale et vie professionnelle est ténue dans l’agriculture ; le couple tient une exploitation à Gennes-sur-Glaize, commune de 750 habitants en 1987, qui a fusionné en 2019 pour devenir Gennes-Longuefuye, entre Château-Gontier et Grez-en-Bouère.
Pour conclure sur les familles nombreuses, la part de femmes ayant quatre enfants ou plus a chuté de 33 % à 10 % entre 1887 et 1987 ; la part de femmes ayant deux enfants a doublé (de 18,5 à 38 %) dans le même temps. Le nombre moyen d’enfants par femme, de presque 3, est alors tombé à à peine 2. En 2013, la part de foyers ayant quatre enfants ou plus demeure deux fois plus élevé en Mayenne (3,3 %) que dans la moyenne nationale (1,6 %).
Bibliographie et sources originales
- Archives départementales de la Mayenne, 6 M 59 à 462 : Listes nominatives de recensement pour les années 1841-1936 (Gennes-sur-Glaize : 6 M 202) ; les documents postérieurs se trouvent dans les fonds de la préfecture, des communes et dans les travaux de l’INSEE.
- Archives départementales de la Mayenne, E-Dépôt 272, 1 F 1 et 2 : Recensements et évolution de la population pour les années 1826-1906.
Articles d’analyse sociale et démographique
Monique Haicault, « La gestion ordinaire de la vie en deux », Sociologie du travail, 1984, n° 26-3 « Travail des femmes et famille », p. 268-277.
Sandra Brée, « Évolution de la taille des familles au fil des générations en France (1850-1966) », Population, 2017/2, vol. 72, p. 309-342.
Amandine Rodrigues, « Mayenne : une croissance démographique modérée », INSEE Flash Pays de la Loire, n° 35, 2015, chiffres au 1er janvier 2013.
INSEE, Statistiques et études. Dossier complet pour le département de la Mayenne, chiffres détaillés 2007-2017, notamment l’indicateur FAM T4 - Familles selon le nombre d'enfants âgés de moins de 25 ans, consulté le 22 avril 2021.
Source : INA (20 mai 1987)
Vous trouverez les dossiers des candidats à la médaille d'or de la famille de la promotion 1987 aux Archives départementales de la Mayenne.
Voici la notice de cette boîte d'archives :
Cotes extrêmes : 1268 W 106
Intitulé de l'unité documentaire : Dossiers de candidature argent et or.
Date de l'unité documentaire : 1987
Informations sur les modalités d'entrée : versement du Cabinet du préfet de juin 1988
Vous pouvez consulter ici les modalités d'accès et de consultation des archives.
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Pour aller plus loin, nous vous invitons à consulter la bibliothèque numérique de la bnf, Gallica, qui donne accès à de nombreux extraits de presse locale ou nationale ainsi que de journaux officiels et actes administratifs, évoquant les médailles de la famille françaises.
Bonne poursuite dans vos recherches,
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