Question d'origine :
Est-ce que l'on peut dire que ni les hommes ni les femmes ne sont plus 'moraux', plus admirables ou exemplaires les uns ou les unes que les autres-il y a certains hommes qui sont plus integres que certaines femmes et il y a des femmes qui sont plus integres que des hommes-je pose cette question car j'ai l'impression que souvent il y a des gens qui disent 'l'homme est supérieur à la femme' ou 'la femme est supérieur à l'homme' -alors qu'en réalité c'est vrai que certaines femmes se comportent mieux que certains hommes mais il y a aussi des hommes qui se comportent mieux que certaines femmes...on peut pas faire des généralités sur les hommes et les femmes...
Réponse du Guichet

Les stéréotypes sont des croyances simplificatrices sur les caractéristiques d'un groupe, pouvant mener à des préjugés et des discriminations. Il est crucial de les déconstruire pour favoriser l'égalité et éviter les conséquences négatives tant pour les individus ciblés que pour ceux qui les utilisent. Nous vous proposons une série de documents pour vous aider à appréhender ce phénomène, de ses origines à ses répercussions dans la société française contemporaine.
Bonjour,
Oui, ce que vous décrivez correspond exactement à des stéréotypes de genre, à savoir une idée reçue, une opinion toute faite portant sur les caractéristiques réelles ou prétendues d'un groupe social : "les hommes aiment le football", "les femmes font des parents plus attentionnés que les hommes", "les femmes n'ont pas le sens de l'orientation" etc. et ainsi de suite, vous les connaissez. Ces stéréotypes qui infusent nos cerveaux sont le produit de notre éducation et de notre culture, ils sont à l'origine de discriminations en tous genres liées à l'âge, au sexe, aux origines, appartenances religieuses, aux handicaps et enferment les individus dans des catégorisations sociales fausses et/ou réductrices.
Pour comprendre ce phénomène, les explications de l'association à compétence égale, qui œuvre à la promotion de l'égalité et de la diversité dans l'accès à l'emploi en France, permettent de mettre des mots simples sur ce que sont les stéréotypes et pourquoi il est nécessaire de les combattre. Ces extraits pourraient vous aider à mesurer l'ampleur du problème :
Les stéréotypes sont présents dans notre société, car il s’agit du mode de fonctionnement du cerveau : les stéréotypes permettent de simplifier et classer des informations. Cependant, les stéréotypes peuvent être à l’origine des conséquences négatives sur les individus ciblés en générant notamment des discriminations. De plus, les stéréotypes entraînent également des conséquences pour la personne qui utilise ces stéréotypes puisque cela impacte la manière dont cette personne perçoit le monde. De leur définition aux solutions pour limiter leur impact, on vous explique tout sur les stéréotypes
(...)
Pour bien comprendre les stéréotypes, il faut commencer par en connaître le sens. Un stéréotype correspond à des croyances portant sur les caractéristiques réels ou supposés d’une personne ou d’un groupe de personnes ciblés. Cela désigne une idée reçue, une opinion toute faite, souvent caricaturale. Autrement dit, un cliché.
En effet, pour traiter les informations auxquelles le cerveau est confronté, il a besoin de les simplifier et de les classer. Ensuite, il les rassemble en catégories et sous-catégories. La catégorisation est appliquée aux objets, concepts et aux personnes. Les stéréotypes sont donc comme des boîtes à l’intérieur desquelles nous classons les personnes qui partagent une caractéristique similaire (exemple : les hommes, les femmes, les jeunes…) et sur lesquelles sont portées des affirmations sur leur comportement ou leurs traits de personnalité (exemple: les femmes sont douces, empathiques… ou alors les femmes n’ont pas le sens de l’orientation…). Les stéréotypes sont des croyances que nous avons sur les caractéristiques d’un groupe, et les préjugés concernent in fine l’opinion préconçue faite sur ce groupe à partir des stéréotypes.
La catégorisation sociale est une simplification de la réalité qui nous permet de prédire les comportements d’un individu. En effet, notre cerveau se base sur nos expériences de vie passées pour mieux comprendre le présent. Il est donc difficile de ne pas avoir de stéréotypes sur les autres. D’ailleurs, nous avons également des stéréotypes sur notre propre groupe.
Les stéréotypes peuvent être positifs ou négatifs. Les stéréotypes positifs sont aussi réducteurs que les négatifs. Par exemple, « les Asiatiques sont bons en informatique », « les filles sont douces », « les garçons aiment les voitures », « les filles sont douées en français et les garçons en mathématiques » etc… Même s’ils paraissent plutôt positifs, il faut se les interdire car les stéréotypes positifs tout comme les négatifs favorisent certains groupes aux dépens d’autres groupes.
D’ailleurs, les stéréotypes entraînent notamment des conséquences qui peuvent être graves sur la personne visée par les stéréotypes ou préjugés. Par exemple la dépression, l’agoraphobie, la perte de confiance en soi, l’agressivité…
Cela pourrait également créer ce qu’on appelle « la menace du stéréotype ». C’est un effet qui découle d’un stéréotype ou d’un préjugé. Le stéréotype peut avoir des effets sur la personne qu’il vise. Face à certaines situations un individu peut avoir la sensation d’être jugé à travers un stéréotype visant son groupe ou de craindre de confirmer ces stéréotypes. Cette crainte peut faire chuter les performances de la personne ciblée, dans un domaine où elle est impliquée (au travail par exemple).
Les stéréotypes peuvent donc avoir de lourdes conséquences sur les personnes ou groupes ciblés. D’ailleurs, saviez-vous qu’ils pouvaient entraîner des discriminations?
Source : Les stéréotypes : origines et conséquences sur les discriminations - à compétence égale (2022)
Afin de comprendre comment ces stéréotypes se manifestent dans l'éducation des enfants et infusent les mentalités de la société française, nous vous proposons de consulter ces documentaires, rapports et mémoires universitaires :
Etat des lieux du sexisme en France - Rapport publié par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (janvier 2025) et mené par la commission « Lutte contre les stéréotypes et la répartition genrée des rôles sociaux ».
Sur le pouvoir et les lacunes de l'école pour neutraliser à la racine les stéréotypes de genre dès l'enfance : Égalité femmes-hommes : les politiques d'éducation peuvent-elles contrebalancer les stéréotypes ? (France Culture, 2024)
Une sélection de 4 documentaires pour interroger les stéréotypes de genre sur le Club de Mediapart.
Le mémoire de Louanne Thomas : "Prévenir des stéréotypes de genre dès le CP : les enjeux de l’éducation physique et sportive" (Sur Dumas, UGA, 2024) ou celui de Hélène Hilbert : "Quelle est l’influence des stéréotypes de genre sur les résultats scolaires ?" ('Sur Dumas, École supérieure du professorat et de l'éducation, 2015)
Vous pouvez aussi vous appuyer sur les ressources citées dans cette précédente réponse du Guichet du Savoir : Stéréotype de genre (2018)
Et pour approfondir la thématique grâce aux documents de la BmL :
Cerveau et stéréotypes de sexe : comment faire dire à la biologie ce qu'elle ne dit pas / Odile Fillod et Élisabeth Feytit (La route de la soie, 2024) : "Il nous semble évident au quotidien qu'il existe des différences psychologiques entre filles et garçons, entre hommes et femmes. Souvent, nous prenons pour acquis qu'elles proviennent au moins en partie de différences cérébrales naturelles, mais qu'en disent vraiment les études scientifiques ? Né du dialogue entre une chercheuse et une simple curieuse, ce livre vient questionner nos croyances les plus profondes sur la nature humaine. Il lève le voile sur la fabrication des informations trompeuses sur ce sujet hautement sensible".
Les petits mâles / réal. et scénario de Laurent Metterie et Camille Froidevaux-Metterie (Lam Produxion, 2024) : "Ce film donne la parole à une trentaine de garçons âgés de 7 à 18 ans, rencontrés partout en France et dans tous les milieux. Ils sont interrogés sur les thèmes qui sont aujourd'hui au cœur des combats féministes : apparence physique et injonctions esthétiques, amours et amitiés, sexisme et violences sexuelles, fluidité des genres et droits des personnes LGBTQI. En résonance avec leurs propos, des femmes qui ont l'âge d'être leurs grand-mères déroulent le fil de leur vie, évoquant les "hommes d'hier". Le contraste avec les garçons, hommes de demain, révèle l'ampleur des mutations en cours... Pensé comme un film d'éducation à l'égalité et contre le sexisme, "Les petits mâles" cherche à produire chez les jeunes une prise de conscience des mécanismes qui reproduisent les stéréotypes de genre et nourrissent les violences. En tendant ainsi un miroir aux adolescents, le film se présente comme un outil de réflexion et de discussion transgénérationnel."
Histoire des femmes et du genre : historiographie, sources et méthodes / sous la dir. de Sylvie Chaperon, Adeline Grand-Clément, Sylvie Mousset (Armand Collin, 2022) : "Une histoire des femmes et du genre s'appuyant sur des sources variées (textes privés ou publics, littérature juridique, documents archéologiques, etc.) qui présentent une riche représentation des femmes. Les auteures proposent une méthodologie pour analyser ces sources.".
- La fabrique de filles : comment se reproduisent les stéréotypes et les discriminations sexuelles / Laure Mistral ; en partenariat avec Amnesty international (Syros, 2011) : "Comment fabrique-t-on une fille ? De la même manière qu'un garçon ? Y a-t-il de nouveaux modèles ? Comment se fait-il que les différences sexuées se reproduisent si facilement dans une société qui prétend réduire les inégalités entre hommes et femmes ? Aujourd'hui encore, malgré les profonds changements de société opérés depuis 40 ans, on impose à chaque sexe des goûts et des conduites qui ne vont pas de soi, et ce à chaque étape de la vie et dans tous les domaines. La " fabrique " fonctionne toujours, même si elle n'utilise plus les mêmes moules... À travers les témoignages de plusieurs générations de filles/femmes issues de divers milieux sociaux, Laure Mistral pose les questions essentielles pour comprendre la construction de la féminité, et ses implications. Elle y répond dans un dossier que complètent des entretiens avec Christine Bard, Marie Duru-Bellat, Françoise Héritier et Catherine Monnot, respectivement historienne, sociologue et anthropologues."
Stéréotypes, préjugés et discrimination / Jean-Baptiste Légal, Sylvain Delouvée (Dunod, 2021) : "Une introduction aux concepts de stéréotype, préjugé et discrimination, processus fondamentaux de la psychologie sociale."
Bonne journée,