Question d'origine :
Quels sont les bénéfices de la philosophie? Quels sont les apports de la philosophie? Qu'est-ce que la philosophie nous apporte? Comment la philosophie nous enrichit-elle la vie? Comment la philosophie nous ameliore-t-elle la vie?
Réponse du Guichet

"Si la philosophie sert à quelque chose, c'est en fin de compte à chercher le bonheur dans la vérité". André Comte-Sponville dans Une éducation philosophique, 1989.
Voilà une des manières de concevoir l'apport de la philosophie à l'existence. Mais bien évidemment, il existe d'autres points de vue sur la question !
On trouvera ainsi des perspectives qui se rapprochent davantage d'une forme de développement personnel. Pour l'écrivain, enseignant en méditation Fabrice Midal, "la philosophie n'est pas une discipline abstraite et intellectuelle, réservée aux seuls spécialistes. Bien au contraire, depuis Socrate, elle vise à éclairer notre existence de manière aussi indispensable que salutaire, en s'adressant à chacun de nous, tels que nous sommes, avec nos engagements et nos aveuglements, nos désirs et nos peurs".
"A la question récurrente de l'utilité sociale de la philosophie, la seule réponse réelle est là. A quoi sert aujourd'hui la philosophie ? A nous sauver ! A nous permettre de penser et de refuser ce qui menace notre propre humanité".
Pour autant, rappelle Catherine Halpern dans La philosophie, un art de vivre, "on ne peut attendre de la philosophie qu'elle nous donne des recettes ou des réponses univoques. De l'Antiquité à nos jours [...], les philosophes nous invitent à prendre du recul, à appréhender l'homme autrement, à repenser notre place dans le monde [...]. Accepter la vulnérabilité ou l'absurde de la condition humaine, explorer les multiples voies de la sagesse, vivre en accord avec la Nature... sont autant de chemins proposés par les philosophes"
Dans un registre bien différent, on peut également concevoir l’apport de la philosophie en tant qu’elle permet de penser la validité des savoirs et des connaissances que les humains accumulent. En cela, elle favorise notre orientation dans l’existence en s’appuyant sur des vérités fondées. Dans un article du Monde daté de mars 1975, on lit ainsi qu’ "en tant qu'elle est résolument rationaliste, elle seule peut nous faire comprendre, par des analyses rigoureuses, que ce que les diverses sciences positives nous font connaître, elles nous le font connaître vraiment. Non pas que la philosophie ait, en quelque façon, à " fonder " les sciences, ce qui est leur affaire exclusive. Mais seule la philosophie peut montrer que ce sont les sciences véritables qui répondent aux questions que l'on peut poser sur le monde, questions qui donnent lieu, le plus souvent, à l'extravagance et à l'invention arbitraire".
L’apport de la philosophie a donc à voir avec le développement et l’exercice de l’esprit critique. Pour le sociologue Gérald Bronner, cette pensée critique est aussi vieille que la philosophie : "Le mode de pensée critique est aussi ancien que la philosophie grecque. Socrate s’employait déjà à dénoncer les sophismes, ces raccourcis de la raison qui ne résistent pas à un examen critique. Tout au long de l’histoire, des philosophes se sont emparés de cette ambition et ont posé les bases de la pensée méthodique : Francis Bacon, René Descartes, David Hume, Emmanuel Kant. D’une certaine façon, la Révolution française, qui revendique son inspiration des Lumières, place au cœur de son projet cette légitimité rationnelle".
A l’aide du philosophe Thomas de Koninck, on peut résumer cet effort philosophique de la pensée juste de la façon suivante: "le défi et celui d’apprendre à penser toujours mieux, et ce qui est en jeu avant tout, c’est le jugement critique qui seul, rend autonome, libre".
C’est à ce point que la philosophie rejoint les enjeux de la vie démocratique. Son apport est donc également politique, ou citoyen : "Toute démocratie dépend de la qualité de la formation des citoyens, de leur jugement, mais par conséquent aussi du langage et de la capacité de discerner, de détecter ce qui est démagogique, de tenir de véritables débats rationnels sans lesquels la démocratie périclite vite en son contraire. L’histoire l’a démontré d’innombrables fois : à proportion que la faculté d’expression, de communication, de penser dépérit dans une société, la violence croît".
In fine, les apports de la philosophie se mesurent tant dans la vie personnelle, pour tendre vers la «vie bonne», que dans la vie de l’esprit et dans la vie en société.
Bonnes lectures !