Quelle est l'oeuvre dont le texte "le gaulois" est extrait ?
Question d'origine :
bonjour
je recherche le nom et l auteur d'un ouvrage dont enfant on m avait au collège fait étudier un extrait , que j ai en vain cherche depuis à identifier à partir des maigres indices ou souvenirs que voici : l extrait s’intitulait "le gaulois" et il s’agissait du portrait ou de la description d un personnage de cheminot, marginal, mendiant rural ou braconnier , où l on pouvait lire qu "'il était toujours rasé de la veille et réussissait ce tour de force " par je ne sais plus quel moyen
en esperant que vous parviendrez mieux que moi à venir à bout de cette énigme
merci et cordialement
Réponse du Guichet

Il s'agit d'un texte de Gaston Bonheur.
Bonjour,
Il s'agit d'un texte de Gaston Bonheur extrait de son ouvrage intitulé Notre patrie gauloise, édité chez Robert Laffont en 1974 (pages 27-28) :
Certes, la Suisse, vieux pays des Helvètes, pourrait recéler des Gaulois. En tout cas, pas dans les lieux fréquentés où toute la population est passée comme un seul homme du Moyen Age à la Migros et de la pèlerine au prêt-à-porter sans aucune apparente hiérarchie sociale. Donc, au débouché du tunnel de Vallorbe, vous retrouvez la vieille Gaule et une première gare où s'attarde à plaisir le misérabilisme de la S.N.C.F. Il serait bien rare que vous ne l'aperceviez pas tout de suite, votre premier Gaulois, sur le quai de son Jura, perdu dans la rêverie vespérale. Il présente ceci de particulier que rien de ce qu'il porte, des pieds à la tête, n'a pu être acheté dans un magasin du monde moderne. Ses godasses, volées à l'armée, ressemelées par lui-même, n'ont d'autre forme que celle de ses pieds. Son pantalon, il faudrait déjà dire ses braies, fixées à la taille — ou plutôt au-dessous de la taille — par une courroie mal arrimée, ont une vague forme ovale et une vague couleur bleuâtre rehaussée par des rapetassages d'un bleu dur. Son chandail tricoté trop court par une aïeule attendrie qui le revoit toujours enfant a cédé dans la largeur et, s'il n'arrive pas au nombril, en revanche il remonte sous le menton. Il est fait de bouts de laine récupérés d'une couleur à la fois verdâtre et rougeâtre. A l'épaule il a suspendu une musette de toile munie d'un seul bouton décentré, l'autre étant perdu. Il n'est ni rasé ni barbu, réussissant le tour de force d'être toujours rasé de la veille. Ses grosses moustaches poivre et sel sont rousses au-dessous des narines à cause des mégots incandescents qu'il fume jusqu'au dernier brin. Il porte sur la tête quelque chose d'informe qui fut soit un béret de chasseur alpin, soit une casquette des surplus américains. On sait tout de suite qu'il n'a jamais rien acheté et qu'il vit en dehors des mécanismes de l'argent. Son teint fait pourtant plaisir à voir et vous vous doutez tout de suite que ce soir il mangera des truites ou un lièvre à votre bonne santé, arrosé d'un vin de paille que lui fournit un riche viticulteur moyennant quelques poignées d'écrevisses.
Où vit-il ? Pas loin de la gare, en dehors du bourg, peut-être chez sa vieille mère, peut-être seul dans une bicoque au cœur d'un potager. C'est tout simplement un Gaulois.
La Bibliothèque municipale de Lyon ne conserve pas ce livre. Vous pourrez le localiser grâce au catalogue du SUDOC, ou bien l'acheter d'occasion chez des bouquinistes ou sur internet.
Bonne journée.