Quels anciens membres du PCF ont fini leur carrière politique à l'extrême-droite ?
Question d'origine :
Quels anciens membres du PCF ont fini leur carrière politique à l'extrême-droite ?
Bonjour,
Je m'intéresse aux anciens membres du Parti Communiste Français ayant terminé leur carrière politique à l'extrême-droite. Je connais Jacques Doriot, fondateur du PPF, et Roger Garaudy, négationniste de la Shoah.
Existe-t-il d'autres figures ou courants qui ont suivi le même parcours ?
Réponse du Guichet

Nous avons pu trouver, par le biais d'ouvrages disponibles à la bibliothèque, quelques figures politiques ayant opéré de véritables bascules idéologiques.
Bonjour,
L’ouvrage dirigé par l’historien Etienne Augris et intitulé « Changer de camp 14 volte-faces au XX e siècle » nous propose de découvrir quelques personnages ayant opéré des bascules politiques vers l’extrême droite.
L’ouvrage revient évidemment sur Jacques Doriot dans un chapitre au titre très explicite: « Jacques Doriot, des jeunesses communistes à la SS ». En effet, l’auteur ne manque pas de rappeler que si [«ses premiers combats sont antimilitaristes et anticolonialistes…Doriot rappellera en 1940, lors du congrès de son parti fasciste, le PPF (Parti populaire français qu’il fonde suite à sa rupture avec le PC) «qu’il faut parler avec Hitler»]. Après avoir œuvré comme un acteur majeur du collaborationnisme, il sera promu officier SS avant d’être assassiné en février 1945.
L’historien, Dominique Lormier, dans un article de l’Express intitulé « La collaboration, une amnésie française» et extrait de son ouvrage « Les 100000 collabos » revient sur un autre exclu du Parti Communiste, Henri Barbé. Ce dernier, qui fut dès le congrès de Tours de 1920, membre des jeunesses communistes et secrétaire général au collectif du Parti communiste français, rejoindra les rangs de Doriot au sein du Parti populaire français, puis ceux du Rassemblement National Populaire:
« Barbé devient secrétaire général du nouveau parti fondé par Doriot, le Parti populaire français (PPF), dont l'idéologie proche du fascisme est avérée. Il occupe ce poste de 1936 à 1939, puis adhère, dès sa création en 1941, au Rassemblement national populaire de Marcel Déat, ancien responsable socialiste devenu fasciste et partisan acharné de la collaboration. Dès l'été 1941, le nazi Friedrich Dohse présente Barbé à Bömelburg, le chef de la Gestapo à Paris, dont il devient l'agent personnel. Barbé s'oriente surtout dans l'action propagandiste en faveur de l'Allemagne hitlérienne dans sa lutte contre le bolchevisme…Arrêté à la Libération, Barbé est condamné le 18 avril 1947 à plusieurs années de prison, mais finalement libéré en 1949 et définitivement amnistié en 1957. Il reprend alors son action anticommuniste en tant que journaliste au Figaro,collabore au journal d'Albertini Est-Ouest et à la revue catholique traditionaliste Itinéraires de Jean Madiran. Converti au catholicisme, il meurt le 24 mai 1966 à la clinique Saint- Michel de Paris, puis est enterré religieusement dans la Creuse.»
A noter que vous pouvez retrouver l’intégralité de cet article sur Europresse avec votre abonnement BmL.
Pierre Célor partagera, et pour cause, le même destin qu’Henri Barbé. En effet, leurs noms définitivement accolés, illustre ce que l’on nomma « l’affaire Barbé –Célor » qui marqua une crise profonde au sein du parti communiste français. Affaire complexe qui illustre les dissensions internes autour de la « bolchevisation » du parti au début des années 30, nous vous invitons à lire le dossier de l’historien Jean Paul Brunet : Une crise du Parti communiste français : l'affaire Barbé-Célor publié dans la revue d’histoire moderne et contemporaine en 1969 et accessible sur la plateforme Persée.
Pour revenir sur Pierre Célor, son article wikipedia mentionne :
« Après avoir été membre du Rassemblement national populaire de Marcel Déat en 1941, il rejoint en 1942 le Parti populaire français de Jacques Doriot. Membre du bureau politique du PPF, il est secrétaire adjoint chargé des problèmes corporatifs. En août 1944, il gagne l'Allemagne avec les autres doriotistes. Il dirige alors l'école S4, chargée de former les futurs cadres politiques que Doriot rêve d'implanter clandestinement dans la France libérée en inversant le modèle de la Résistance. Condamné en 1947 à sept ans de prison pour collaboration par la Haute Cour de Justice, il bénéficie d'une grâce deux ans plus tard. Par la suite, il participe à la revue anticommuniste BEIPI (renommée Est & Ouest en 1956) de Georges Albertini et se rapproche des catholiques traditionalistes.»
Pour aller plus loin, nous vous conseillons la lecture des ouvrages suivants :
Histoire intérieure du Parti communiste. Tome 04 : Biographies, chronologie, bibliographie de Philippe Robrieux
Le parti rouge : une histoire du PCF : 1920-2020de Roger Martelli, Jean Vigreux, Serge Wolikow
Histoire du Parti communiste français de Stéphane Courtois et Marc Lazar
Histoire des communistes français de Léo Figuieres
La Dérive fasciste : Doriot, Déat, Bergery : 1933-1945 de Philippe Burrin
Marcel Déat: du socialisme au national-socialisme de Jean-Paul Cointet
Polices des temps noirs : France 1939-1945 de Jean-Marc Berlière
et enfin un article de l’influx : « A la recherche du fascisme français…»
Bonne lecture