Quel personnage est représenté sur cette caricature de la fin du XIXème siècle ?
Question d'origine :
Bonjour !
Il me serait agréable de savoir qui figure sur le portrait d'un journaliste qui oeuvrait dans les années 1880, Directeur des journaux: "L'égalité", "la Tribune" et " La Politique." Ce personnage figure sur une image que possède le Musée Carnavalet ( voir PJ). Musée qui m'a confirmé que le personnage n'était pas Guy de Maupassant ! Mais qui donc ? D'avance, merci de vos lumières; Cordialement; Gérard

Réponse du Guichet

Cette caricature ne semble pas être celle de Guy de Maupassant. Nous avons demandé une vérification au Musée Carnavalet.
Bonsoir,
La notice détaillée de cette caricature sur le site de Paris Musée indique bien "Caricature de Guy de Maupassant". Le duo de caricaturistes Coll-Toc a réalisé une autre caricature de Guy de Maupassant avec laquelle la ressemblance est troublante (elle l'est aussi lorsque l'on observe des photos de l'époque). On peut envisager que les petites dissemblances (principalement capillaires) sont le résultat d'une réalisation tantôt par l'un, tantôt par l'autre.
Nous avons demandé une vérification au Musée Carnavalet et sommes encore dans l'attente de leur confirmation. Nous ne manquerons pas de corriger notre réponse le cas échéant.
Par ailleurs, vous dites que Guy de Maupassant fut "Directeur des journaux: "L'égalité", "la Tribune" et " La Politique." Ces titres ont bien existé dans cette période de la fin du XIXème mais en dehors de L'Egalité pour lequel il a en effet écrit, nous n'avons pas trouvé de mention de collaboration aux deux autres titres. De plus, Maupassant n'a pas occupé de fonction de directeur de journal. Il a bien travaillé pour plusieurs titres de presse et son activité de journaliste a occupé une grande place dans sa vie. Elle a même grandement contribué à son activité de romancier. Dans l'ouvrage Flaubert et Maupassant, Marie-Claire Bancquart écrit que ce métier était pour lui "absolument le seul qu’il pût pratiquer sans s’éloigner tout à fait de la littérature. Mieux vaut, peut-être, rester rentier que se faire journaliste. Mieux vaut sûrement être journaliste qu’employé de ministère. Et Maupassant est journaliste ; il écrit au moins deux longs articles par semaine, qui ne sont pas toujours des contes, mais aussi, très souvent, des chroniques commentant l’actualité politique ou sociale [...] on lui demande de l’actualité, et voilà un reportage sur Zola, un autre sur le 14 juillet, insérés de gré ou de force dans ses chroniques, peut-être, autrement, ennuyeuses pour le lecteur.
Anticlérical comme semble le dire le dessin de Coll Toc ? De nombreux spécialistes de l'auteur font part du fait qu'il était, avant de perdre la raison, peu religieux, certainement anticlérical mais cette opinion n'est pas suffisamment caractéristique de Maupassant :
"Maupassant, rapidement, prend d'ailleurs goût à l'observation du quotidien, anecdotique ou grave. Et il le juge, lui, non parce qu’il est marginal, mais parce qu’il y est engagé. Engagement non politique, mais humain ; et, par là, antipolitique et antiparlementaire, selon une démarche assez courante parmi les écrivains de l’époque : Barrès, France. C’est l’affaire de Tunisie qui sert de générateur : Maupassant est envoyé spécial du Gaulois en Algérie au moment même où, prenant prétexte des aides dispensées aux rebelles algériens par les Tunisiens, la France entreprend et mène à bien la conquête de la Tunisie. Reporter, en un temps où ces missions n’étaient ni fréquentes ni faciles, Maupassant publie coup sur coup une série d’articles tellement violents contre notre administration en Algérie et contre la guerre récemment engagée, que jamais il ne les a intégralement repris en volume." Les contributions de Maupassant sont aussi régulièrement des attaques à la fois "contre le régime parlementaire, contre l’esprit d’hypocrisie de la société et son goût exclusif du lucre, la fausseté de ses respects, et l'arrivisme généralisé".
Maupassant est surtout "feuilletoniste", une activité à travers laquelle il a "tenacement cherché à y faire insérer ses œuvres, avec une persévérance couronnée de succès au bout de trois ou quatre longues années de tâtonnements et de démarches. A partir du 31 mai 1880, il parvient enfin à être l’un des collaborateurs attitrés du Gaulois ; à partir d’octobre 1881, il écrit aussi dans Gil Blas, et cette double collaboration, qui n’exclut pas des publications plus épisodiques au Figaro et à de nombreuses revues, ne cesse qu’avec l’entrée de Maupassant dans une maladie sans remède."
Complément(s) de réponse

Suite à une réponse du Musée Carnavalet, nous confirmons que cette caricature ne représente pas, en effet, Guy de Maupassant. Malgré des ressemblances, plusieurs éléments comme ceux indiqués dans notre réponse précédente permettaient de douter de l'identité du personnage représenté par les caricaturistes Coll-Toc.
Voici la réponse de José de Los Llanos, conservateur général et responsable du cabinet des arts graphiques et du département des maquettes que nous remercions pour son aide :
"la seule ressemblance physique n'était pas assez convaincante : outre la moustache (qui d'ailleurs n'est pas taillée de la même manière que dans la caricature de Coll-Toc connue et identifiée), il n'y a pas grand chose de Maupassant dans ce visage : bas du visage, nez, yeux, coiffure diffèrent sensiblement. Surtout, le plus pertinent m'a-t-il semblé, dans les arguments de ce chercheur, est le titre des ouvrages (des journaux politiques : La Tribune, l'Egalité, La Politique) qui n'évoque pas spécialement Maupassant, mais plutôt un journaliste ou un homme politique, radicalement anti-clérical et sans doute impliqué dans l'expulsion du clergé de l'enseignement public (le curé jeté à terre devant "la porte de France"), ce qui ne correspond pas non plus spécialement aux prises de position de Maupassant à l'époque. "
Merci également à notre usager du Guichet qui par sa remarque permet au Musée de corriger la notice du document. Le nom du personnage reste encore à identifier...