Comment s'est déroulée la démobilisation de l'Armée française après l'armistice ?
Question d'origine :
Bonjour Cher Guichet,
Serait-il possible de savoir comment s'est déroulée la démobilisation de l'Armée française après l'armistice du 22 juin 1940 et si des ouvrages lui ont été consacrée ?
Réponse du Guichet

Après l'armistice, l'armée française a connu une démobilisation partielle et une armée d'armistice a été constituée. Au regard des effectifs de cette nouvelle armée, le nombre d'officiers à démobiliser était important et, bien que nous n'ayons pas trouvé de livres spécialisés sur la démobilisation, plusieurs ouvrages en exposent les modalités pour les officiers.
Bonjour,
L’armistice entre la France et l’Allemagne est conclu le 22 juin 1940 en forêt de Compiègne. Il entre en vigueur le 25 juin 1940, après la signature de l’armistice entre l’Italie et la France.
L’article 4 de la Convention d’armistice indique que les «forces armées françaises sur terre, sur mer et dans les aires devront être démobilisées et désarmées dans un délai encore à déterminer. Sont exemptes de cette obligation les troupes nécessaires au maintien de l'ordre intérieur. Leurs effectifs et leurs armes seront déterminés par l'Allemagne ou par l'Italie respectivement ; Les forces armées françaises stationnées dans les régions à occuper par l'Allemagne devront être rapidement ramenées sur le territoire non occupé et seront démobilisées. […]»
L’article 8 précise : «La flotte de guerre française - à l'exception de la partie qui est laissée à la disposition du Gouvernement français pour la sauvegarde des intérêts français dans son empire colonial - sera rassemblée dans des ports à déterminer et devra être démobilisée et désarmée sous le contrôle de l'Allemagne ou respectivement de l'Italie.»
Nos recherches montrent également que «le principe d’une armée de transition de 100000 à 120000 hommes, sous réserve du règlement final ou de la décision des Italiens» fut finalement mis noir sur blanc, non pas comme partie intégrante de la convention d’armistice, mais dans un document non signé, intitulé «Notes explicatives sur la convention d’armistice» d’après le livre L’armée de Vichy, de Robert O. Paxton (Tallandier, 2004, p. 55) dont nous vous recommandons la lecture.
Dominique Lormier indique dans La bataille de France jour après jour (Le cherche midi, 2010) que «l’armée française se trouve réduite à 100000 hommes, l’empire colonial français ne sera pas occupé par les troupes de l’Axe, mais les troupes françaises s’y trouvant seront partiellement démobilisées.»
Concernant ce chiffre de 100 000 hommes, Robert O. Paxton explique que ces effectifs n'ont pas été atteints. L'armée d'armistice a été créée le 25 novembre 1940 et était en théorie constituée d'engagés volontaires mais en pratique, «le remplacement des appelés du contingent de la Troisième République se fit si progressivement que l’Armée d’armistice demeura une armée de conscrits». Dans son livre, Robert O. Paxton dénombre quelques 8000 officiers autorisés à rester dans l’armée en France métropolitaine et en Afrique française et met en avant la difficulté pour le haut commandement de la démobilisation des officiers.
Hormis les prisonniers, les réservistes et les détenteurs de grades obtenus à titre temporaire, la démobilisation des officiers a pu suivre plusieurs modes opératoires dont la transformation de services devenus civils (service de santé, intendance, justice militaire, service géographique), de départ en «congés d’armistice», et une nouvelle limite d’âge décidée en août 1940. Des commissions de classement ont également déclaré des officiers «inaptes» que cela concerne les «dissidents» comme les incompétents. Les lois d’exception ont évincé du corps des officiers les juifs et les francs-maçons explique Robert O. Paxton (p. 61).
Par ailleurs, vous pouvez aussi consulter cette réponse précédente du Guichet du savoir qui précise la composition de l’armée au moment de la démobilisation ainsi que la réponse du Guichet du savoir sur le congé d'armistice.
Nous n’avons pas identifié de livres spécialisés sur le déroulement de la démobilisation mais plusieurs archives sont recensées sur le site du Service historique de la Défense et précisent la démobilisation par catégorie: officiers, sous-officiers, engagés pour la durée de la guerre, Alsaciens-Lorrains, etc. Ces archives sont conservées au Centre historique des archives de Vincennes et les conditions d’accès sont indiquées en lien.
Enfin, la lecture administrative de la démobilisation par l’Ircantec, régime de retraite complémentaire, est très synthétique: «Après l’Armistice du 22 juin 1940, le gouvernement de Vichy a opéré un dégagement des cadres de l’armée avec le bénéfice d’un congé d’Armistice rémunéré. Les personnels non concernés et démobilisés ont alors pu s’engager dans l’Armée d’Armistice. Lors de la dissolution de cette armée, le 8 novembre 1942, les militaires ont pu être placés à leur tour en congé d’Armistice.»
Voici quelques ressources consacrées à cette période parmi les collections de la bibliothèque:
Les soldats de la drôle de guerre : septembre 1939-mai 1940 / François Cochet, 2004
L’étrange défaite: témoignage écrit en 1940 / Marc Bloch, 1990
1940 [Livre] : une étrange défaite ? / catalogue publié sous la direction d'Isabelle Doré-Rivé, 2020
En ligne:
Réponse précédente du Guichet du Savoir sur le service militaire en 1940
L’offensive allemande de mai 1940: la débâcle de l’armée française et l’exode sur le site Lumni
La partie consacrée à l’année 1940, document pédagogique sur le site «Chemins de mémoire» du Ministère des armées sur l’année 1940
Bonne journée,
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