Pouvez-vous me parler de l'histoire de l'opéra de Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerai connaître l'histoire de l'Opéra de Lyon
En 1966 1967 s'appelait-il Grand Théâtre ou déjà Opéra de Lyon? Y avait-il des concert de musique classique ou uniquement des ballets et opéras?
Avez vous une idée de la contenance de la salle à cette époque.
J'aimerai avoir ces réponses car je suis en train d'écrire un roman qui se passe pour une partie dans cette salle de spectacle.
Merci d'aavance
Cordialement
Réponse du Guichet

En 1966, le terme Opéra était usuellement utilisé pour désigner l'ex-grand théâtre (théâtre lyrique).
Les habitudes ont la dent dure ; le passage de Grand théâtre à Opéra ne s'est sans doute pas opéré du jour au lendemain, et il est à parier que le nom de Grand-théâtre a survécu longtemps au changement de désignation de l'édifice. Dans le catalogue d'exposition Trois siècles d'Opéra à Lyon ( Bibliothèque municipale de Lyon, 1982), l'auteur par exemple persiste à utiliser le nom de Grand-Théâtre pour parler de l'Opéra de Lyon dans les années 60s ; dans la presse de l'époque (échantillonnage du Progrès en mai-juin 1966), c'est pourtant bien ce dernier terme qui est utilisé, d'abord dans le programme des spectacles où c'est bien le mot Opéra qui introduit la programmation de l'établissement, mais aussi dans les articles : « Dimanche 15 mai à 14h précises, salle Rameau, les Frères des Quatrièmes de l'Opéra de Lyon, présenteront leur XXVe Grand gala lyrique annuel... » (11 mai) ; « Retour à l'Opéra de Marcel Merkès et Paulette Merval dans Rêve de Valse » (19 mai); « M. Louis Berthelon directeur du Conservatoire, a chaleureusement adressé ses remerciements à M. Camerlo, directeur de l'Opéra.» (6 juin).
Paul Camerlo prend les rênes du Grand-théâtre en 1949, après des années de mauvaise gestion qui liguèrent contre l'Opéra les amateurs lyonnais d'art lyrique. Il s'avère rapidement un choix éclairé, et se maintiendra à ce poste vingt longues années, jusqu'à la reprise de la concession par son neveu Louis Erlo et l'avènement de l'Opéra-nouveau en 1969 (« Nous éprouvions la nécessité de concevoir un théâtre d'opéra qui ne concernait pas qu'un nombre limité d'amateurs spécialisés au souvenir fidèle et figé, mais qui, au contraire, s'ouvrirait sur un plus large public et qui prouverait son existence et son utilité dans la cité... Nous voulions que notre Opéra soit vivant. Un changement radical dans l'exploitation et dans la programmation s'imposait donc. » - Louis Erlo)
Mais en attendant cette petite révolution, c'est sous la direction de Paul Camerlo que l'Opéra brille dans les années 60s avec d'excellentes reprises, des créations lyonnaises, des opérettes (limitées à un quart des représentations en 1949 après l'abus des précédentes directions), des ballets, etc. La programmation de l'Opéra s'avère en cela fidèle à celle d'un théâtre lyrique : elle dicte la saison lyrique lyonnaise, jusqu'à sa conclusion en début d'été au cours du festival de Lyon (ancien festival de Fourvière) au cours duquel l'art lyrique occupe une place importante. On vous recommande la lecture du catalogue d'exposition que nous citions, où sont repris l'intégralité des créations du Grand théâtre/Opéra, et son histoire :
Le 28 mars 1949, le Conseil municipal élabore un nouveau cahier des charges pour la saison 1949-1950, avec une augmentation de la subvention de 37 750 000 francs à 38 millions. et une limitation du nombre des opérettes montées à un quart des représentations, ce qui provoque l’indignation du conseiller Jarrosson.
Reste à trouver un directeur parmi les neuf candidats qui postulent au titre; liste où figure le chanteur Villabeila et l'inusable Boucoiran. Le choix se porte finalement sur Paul Camerlo, directeur du théâtre de Villeurbanne depuis plusieurs années. Choix excellent qui précède une direction de vingt année, chose que l’on a pas vu au Grand-Théâtre depuis près de deux siècles.
Les débuts sont difficiles, le nouveau directeur doit compter avec les difficultés d’une époque encore marquée par les séquelles de la guerre, avec l’état de déliquescence extrême dans lequel se trouve le théâtre de Lyon, avec la sourde opposition d’une partie du public et des édiles, opposition qui éclate parfois en d’inévitables pétitions en revenant aux noires années précédentes. Sa ténacité, son habileté d'administrateur, son sens artistique, ses qualités humaines, la confiance du maire Herriot et le soutien de plus en plus marqué des mélomanes et de la presse ( «Quand un directeur d'opéra tient ses promesses, le public lui fait confiance » affirme Les Arts à Lyon du 1er décembre 1949), vont cependant permettre à Paul Camerlo de pratiquer une politique de qualité et de création qui redonnera bien vite au Grand-Théâtre l’un des premiers rangs parmi les scènes Françaises.
Retardée par les inévitables conflits sociaux, l’ouverture de la saison 1949-1950 a lieu le 29 septembre 1949 avec Louise. Il ne saurait être question ici d’évoquer en détail vingt années de représentations. Signalons seulement quelques jalons; et d’abord la satisfaction donnée aux wagnériens avec de nombreuses reprises, dont Tristan, chanté en allemand (une innovation!) pendant la saison 1951-1952, ainsi que plusieurs cycles de La Téralogie, celui de janvier-février 1953, avec des artistes de Bayreuth, dans une mise en scène de Hermann Werner (même les artistes lyonnais, sauf les walkyries, chantent en allemand), est précédé d’une lettre flatteuse de Wieland Wagner; celui de janvier-février 1963, dans la mise en scène du jeune Louis Erlo, neveu du directeur, permet aux Lyonnais de retrouver le chef André Cluytens.
En 1958, le même chef dirige un mémorable Parsifal, également mis en scène par Erlo, dont les deux représentations se donnent devant des salles combles. Par son modernisme que certains jugent iconoclaste (n’ose-t-il pas un jour présenter un Lohengrin dépourvu de l'habituel cygre-sur-roulettes?), le travail de Louis Erlo provoque un joli scandale en novembre 1962, lors d’un Pelléas et Mélisande présenté dans des décors de Jean Janoir. Un des directeurs des éditions Durand, assistant à l’une des représentations données à Strasbourg, s’émeut de cette épuration et entreprend de faire interdire le spectacle. En contrepartie, l’Association des critiques lyriques et chorégraphiques français décerne son prix annuel à Louis Erlo et Jean Janoir pour leur travail.
En fait, de brillantes reprises marquent la direction Camerlo, que ce soit pendant la saison lyrique ou au cours du Festival de Fourvière, lequel fait alors largement place à l'opéra. Symbole de cette efflorescence lyrique : les fêtes du bimillénaire de Lyon qui voient des représentations de /a Damnation de Faust, des Troyens à Carthage, de Platée et de la Norma.
Du côté des créations lyonnaises, il faut citer Le Consul et Le Médium de Menotti en 1952, l'Atlantide de Tomasi en 1955, Midas de Dandelot dont c'est la création mondiale, la même année, le Fou de Landowski en 1956, Dolorès de Jolivet en 1960 et surtout, en novembre 1962, la première représentation en langue française de Wozzeck de Berg, sous la direction du chef Richard Krauss. «Trente-cinq répétions furent nécessaires, mais les musiciens peuvent être fiers de ce travail car le résultat fut extraordinaire d'homogénéité, de précision et de dynamisme» note Jacques Longchampt dans Le Monde du 23 novembre.
Les Canuts de Joseph Kosma, sur un texte de Jacques Gaucheron, dont c'est la création française le 10 avril 1964, marquent avec éclat les dernières années de l'ère Camerlo et font écrire à Maurice Fleuret, dans France-Observateur : « Encore une fois, la province vient de donner une leçon exemplaire à Paris. » Suivront diverses autres créations lyonnaises comme Le Prince de Hambourg de Henze en 1966, le Château de Barbe-Bleue et le Mandarin merveilleux de Bartok en décembre 1964, Enwartung de Schoenberg et Porgy and Bess de Gershwin en 1969.
Mas il faudrait encore évoquer la renaissance du ballet avec la venue de diverses troupes invitées, dont celle du marquis de Cuevas, les représentations d’un grand nombre d'artistes de passage, français et étrangers, et surtout la défense et l'illustration de Jean-Philippe Rameau dont toute une série d'ouvrages lyriques sont brillamment montés, à Fourvière ou au Grand-Théâtre. Ainsi Platée dans la production du Festival d’Aix-en-Provence en 1957, ainsi Castor et Pollux en 1961, avec une reprise pour l'ouverture de la saison 1964-1965, ainsi es Fêtes d'Hébé en 1964, ainsi les Paladins, dans les costumes remarqués de Jacques Rapp en 1967...
source : Trois siècles d'Opéra à Lyon (p.188-189)
Le même ouvrage retrace l'histoire du grand théâtre, de sa construction en 1831 aux années 1980. Le bâtiment lui-même a connu peu d'évolution, essentiellement au début du XXème avec une réfection intérieure et plus tardivement l'installation de la scène tournante de Giranne. Ce n'est que dans les années 90 que l'Opéra connaîtra une réhabilitation en profondeur. A cette occasion paraissent un grand nombres d'articles dans la presse, articles qui furent sélectionnés et conservé dans les dossiers de presse de la Bibliothèque municipale. On espère y trouver quelques informations concernant l'ancienne version de l'Opéra, et c'est bien le cas :
Pour ce qui est de Lyon (1100 places), l'enjeu - puisque les murs resteront ce qu'ils sont - paraît être désormais circonscrit davantage à une bataille de scénographes. C'est à coup sûr bien davantage la question de l'aménagement d'une scène complètement renouvelée et fonctionnelle (celle actuelle servie par une machinerie antique était un défi à son époque mais pourrait être heureusement sauvegardée.)
source : Jean-Claude Gallo Le Journal, 6 juillet 1986
et sur un plan en coupe du nouvel Opéra :
Salle.
Entièrement rehaussée d'un niveau, elle conserve son aspect sinon l'intégralité de sa décoration. Mais avec une jauge augmentée à 1300 places.
Le gradinage est revu et la pente augmentée pour les balcons. La quatrième galerie est conservée avec 150 places assises et un déhambulateurde 150 places debout.
source : Lyon Figaro, 3 octobre 1986.
Le catalogue déjà cité révèle qu'à sa construction le théâtre pouvait acceuillir jusqu'à 1800 spectateurs, mais on comptait alors les spectateurs qui restaient debout pendant la représentation. En tout cas, la structure intèrieure était peu ou prou la même en 1966 qu'en 1831.
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