Je cherche à connaitre les conditions de scolarité à Lyon dans les années 1890.
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à connaitre les conditions de scolarité à Lyon dans les années 1890. Quand se terminait la scolarité obligatoire ? Pour les filles, pour les garçons ? A quelle âge l'enfant pouvait travailler et selon quelles lois de protection pour les mineurs? Une idée du salaire d'un manœuvre de 12 ou 13 ans à cette époque ?
Merci pour vos renseignements.
Sylvie
Réponse du Guichet

Pour les gones lyonnais comme pour l'ensemble des petits français, l'école est obligatoire de 6 à 13 ans à la fin du XIXe siècle. Les programmes scolaires définis par les lois de Jules Ferry sont communs aux filles et aux garçons, sauf pour l’enseignement manuel. Les enfants âgés de plus 13 ans peuvent travailler pour une durée maximale de travail de 10 heures quotidiennes.
Bonjour,
Les lois de Jules Ferry de 1881 et 1882 rendent l’instruction primaire obligatoire, gratuite et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, quel que soit leur sexe. Ce n'est qu'en 1936, que l'obligation de scolarité sera étendue à l'âge de 14 ans.
Nous vous recommandons la lecture de ce document réalisé par les Archives municipales de Lyon sur L'école primaire publique à Lyon : de la IIIe République aux années 1950. En voici quelques extraits :
C’est la loi organique du 28 mars 1882, rendant l’école obligatoire, qui précise en son premier article le contenu des enseignements, à savoir : «…L’instruction morale et civique ; la lecture et l’écriture ; la langue et les éléments de la littérature française ; la géographie, particulièrement celle de la France ; l’histoire, particulièrement celle de la France jusqu’à nos jours ; Quelques leçons usuelles de droit et d’économie politique ; les éléments des sciences naturelles physiques et mathématiques ; leurs applications à l’agriculture, à l’hygiène, aux arts industriels, travaux manuels et usage des outils des principaux métiers ; les éléments du dessin, du modelage et de la musique ; la gymnastique ; pour les garçons, les exercices militaires ; pour les filles, les travaux à l’aiguille».
[...]
En France, le nombre d’écoliers oscille entre 4 800 000 et 6 200 000 des débuts de la Troisième République aux années 1950.
A Lyon, les écoles publiques accueillent entre 30 et 40 000 élèves, autant de filles que de garçons. Les petites classes sont souvent surchargées, certaines pouvant dépasser les 80 élèves et ce, malgré des normes plus strictes : 60 élèves pour le cours élémentaire, 50 pour le cours moyen, 40 pour le cours supérieur.Malgré la loi sur l’obligation scolaire, beaucoup d’enfants ne fréquentent pas encore régulièrement l’école.
A Lyon, le travail à domicile dans le tissage, les activités maraîchères en périphérie, le soutien de famille et le simple vagabondage, retiennent encore une proportion non négligeable d’enfants hors de la classe.Les commissions scolaires, composées de bénévoles réunis par la municipalité, traquent ces absentéistes, parfois à l’aide de la police, rencontrent les familles récalcitrantes et tentent de les persuader des bienfaits d’une fréquentation régulière de l’école. Aucune sanction n’existe cependant pour les familles qui ne scolarisent pas ou qui ne veillent pas à la bonne fréquentation de leurs enfants, jusqu’à la suppression des allocations familiales dès les années précédant la Seconde guerre mondiale.
[...]
Une ordonnance de 1835 prescrit la séparation des sexes à l’école.
A la campagne, la mixité est néanmoins tolérée pour des raisons économiques. En ville, les groupes scolaires séparent nettement filles et garçons : les entrées des écoles de filles et de garçons sont séparées, les cours de récréation sont distinctes. Seules les écoles maternelles sont mixtes.
Les programmes scolaires définis par Ferry sont communs aux filles et aux garçons, sauf pour l’enseignement manuel : les garçons sont initiés aux travaux du fer et du bois quand les filles apprennent à coudre, à tricoter et à entretenir le linge.
Vous pourrez lire le texte de la Loi sur l'enseignement primaire obligatoire du 28 mars 1882 sur le site du ministère de l’Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
Quelques documents pour aller plus loin :
- L'école républicaine en ville [Livre] : Lyon, 1870-1914 / Marianne Thivend, 2006
L'histoire de l'école urbaine de la IIIe République telle qu'elle s'est développée à Lyon, et dans laquelle l'Etat, la municipalité, l'Eglise, les notables, les enseignants, les élèves et leurs familles ont eu leur rôle, de la laïcisation des écoles communales à la gestion des affaires scolaires, du développement des services sociaux à la vie quotidienne.
- Thivend Marianne. L’école maternelle entre la municipalité et les familles, Lyon, 1879-1914. In: Histoire de l'éducation. n° 82, 1999. L'École maternelle en Europe. XIXe-XXe siècles, sous la direction de Jean-Noël Luc. pp. 159-188.
- Apprentissages et formations techniques et professionnelles de filles et de garçons, XIXe - XXe siècles [Livre] : actes de la journée d'études du 7 mai 2004 / [organisée par] LARHRA ; textes édités par Marianne Thivend
- L'école primaire publique à Lyon [Livre] : de la IIIe République aux années 1950 : le kit / Archives municipales de Lyon
- Grew Raymond, Harrigan Patrick J., Whitney James B., Albaret M.-B, Valensi J. La scolarisation en France, 1829-1906. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 39ᵉ année, N. 1, 1984. pp. 116-157.
La loi du 2 novembre 1892 relative au travail des enfants ramène la durée maximale de travail à 10 heures quotidiennes à 13 ans, à 60 heures hebdomadaires entre 16 et 18 ans, et un certificat d'aptitude est nécessaire.
Voici ce qu'indiquait l'article 2 de la loi du 2 novembre 1892 :
Les enfants ne peuvent être employés par des patrons ni être admis dans les établissements énumérés dans l’article 1er avant l’âge de treize ans révolus.
Toutefois les enfants munis du certificat d'études primaires, institué par la loi du 28 mars 1882, peuvent être employés à partir de l'âge de douze ans.
Aucun enfant âgé de moins de treize ans ne pourra être admis au travail dans les établissements ci-dessus visés, s'il n'est muni d'un certificat d'aptitude physique délivré, à titre gratuit, par l'un des médecins chargés de la surveillance du premier âge ou l'un des médecins inspecteurs des écoles, ou tout autre médecin, chargé d'un service public, désigné par le préfet. Cet examen sera contradictoire, si les parents le réclament.
Le Rize de Villeurbanne a publié un document qui pourrait également vous intéresser : Le travail des enfants. En voici quelques extraits :
La loi sur le travail des enfants de 1892 oblige les maires à délivrer un livret pour surveiller le travail des enfants, garçons et filles âgés de moins de 18 ans. Les industriels doivent le tenir à jour. Les inspecteurs du travail sont chargés des vérifications et du respect de la réglementation du travail. Le temps de travail était, en 1892, fixé à 10 heures quotidiennes pour les moins de 16 ans et 11 heures pour les plus de 16 ans. Il était limité à 11 heures pour les femmes. Depuis 1919, la journée de travail est fixée pour tous à 8 heures.
La même loi de 1892 fixe l’âge légal d’entrée dans le monde du travail à treize ans révolus, âge de la fin de la scolarité obligatoire depuis 1882. [...]
Une dérogation est possible pour les enfants ayant obtenu leur certificat d’études, après accord d’un médecin. [...]
Le certificat d’études primaires qui sanctionne la fin de la scolarité à l’école primaire ne concerne en effet qu’une partie des élèves : en 1895, seuls 27% des enfants quittent l’école après avoir obtenu ce diplôme. Ils sont 34% en 1905 et 41% en 1923. [...]
En 1936, l’âge de la fin de la scolarité et donc de l’entrée dans le monde du travail est repoussé à 14 ans. [...]
La loi de 1892 sur le travail des enfants est la dernière d’une série qui a mis fin progressivement aux abus dans ce domaine.
A lire aussi :
- Enfants employés dans l’industrie / Ifé
- Travail et main-d’œuvre dans le Rhône 1800-1940 / Archives départementales du Rhône. A la page 13, le travail des femmes et des enfants est abordé.
- Les enfants, au travail ! / Didier Terrier - L'histoire n° 517 - mars 2024
Quant au salaire des enfants, il est difficile de vous l'indiquer car il pouvait dépendre de nombreux facteurs.
Voici l'exemple d'une filature lilloise, où il est de 1 à 1,25 franc par jour :
Sur l'ensemble de la période 1871-1884 (ADN M. 653-44 et M. 654-1), les salaires féminins ordinaires dans les filatures de coton et de lin sont à peu près égaux, et ils s'établissent en moyenne autour de 2 frs par jour ; il en va de même du salaire des enfants qui, sur la même période, tourne autour de 1,00-1,25 frs par jour.
source : Lebrun Rémy. Les salaires ouvriers dans la filature de lin à Lille au XIXe siècle. In: Revue du Nord, tome 77, n°309, Janvier-mars 1995. pp. 77-94.
A lire aussi :
- Tisseurs et tisseuses en soie au travail dans les ateliers de la Fabrique de Lyon au milieu du XIXe siècle / Manuela Martini, Pierre Vernus
- Les jeunes apprenties de l'industrie de la soie à Lyon en 1861 / ENS
Bonne journée