Je recherche la biographie du professeur Gabriel Florence
Question d'origine :
Je voudrais avoir des éléments de la biographie du professeur Gabriel Florence résistant déporté avant et sous l'occupation. Merci beaucoup
Réponse du Guichet

Gabriel Florence (1886-1945) était un résistant, chercheur et professeur de médecine lyonnais arrêté par la Gestapo en 1944. Il fut déporté à Neuengamme en Allemagne, puis assassiné par les nazis en avril 1945, après avoir tenté de protéger des enfants victimes d’expériences médicales, bien que plusieurs versions diffèrent au sujet de sa mort. Il est aussi reconnu pour ses travaux scientifiques et son engagement humanitaire durant la Première et la Seconde guerre mondiale.
Bonjour,
Voici une biographie complète de Gabriel Florence, médecin et résistant lyonnais mort en Allemagne à la toute fin de la Seconde guerre mondiale (1886-1945), rencontrée dans l'immense ouvrage de Bruno Permezel, Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours de Bruno Permezel, qui s'est attaché à recueillir les parcours de vie de 2824 individus entrés en Résistance pendant la guerre, le plus souvent inconnus, qu'il appelle le "ouvriers anonymes mais indispensables" de l'Histoire.
Jean Marie Gabriel.
Marié, sans enfants.
RESEAU DOMINIQUE
COMITE MEDICAL DE LA RESISTANCE
Né le 21/06/1886 à Lyon 3ème.
Assassiné le 18/04/1945 à Hambourg. Fils de Albert, professeur de la Faculté de médecine et de pharmacie de Lyon.
Élève du lycée Ampère (Bourse) puis étudiant à la Faculté de médecine de Lyon depuis 1904, Gabriel Florence a passé les concours de l'externat et de l'internat. Préparateur au laboratoire de pathologie générale depuis 1911 et à celui de chimie minérale (1913), il a été envoyé au front en 1914, comme médecin auxiliaire du 235e R.I puis comme aide-major du 5e R.A.C. Évacué pour une fracture du bras en septembre 1915, il s'est porté volontaire en janvier 1906 pour rejoindre l'armée d'Orient. Cinq mois plus tard, il a été hospitalisé pour un typhus exanthématique. Quatre mois plus tard, il est parti comme volontaire avec la Mission française de Roumanie. De retour en France au début de l'année 1918, il a servi jusqu'à la signature de l'Armistice dans l'ambulance chirurgicale automobile n°36.
De nouveau en poste au laboratoire de pathologie générale, il a soutenu sa thèse de doctorat en 1918 sur les manifestations nerveuses du typhus exanthématique. Agrégé de chimie biologie en 1920, il a soutenu sa thèse de doctorat en sciences dans le courant de l'année 1928. Deux ans plus tard, il a succédé à Hugounenq comme professeur de chimie biologique et médicale à la Faculté de médecine de Lyon. A partir de 1933, il s'est consacré entièrement à l'application des méthodes physiques à la biochimie et, plus spécialement, à la spectrographie. Auteur de nombreux articles et études, il a écrit trois ouvrages : Précis de pharmacodynamie avec Louis Hugounenq (1928), La Thérapeutique moderne (1932), Précis de chimie biologique et médicale (1944).
A la déclaration de la guerre, il est à nouveau mobilisé puis affecté à une formation sanitaire de l'arrière. De retour à son poste, il reprend ses travaux de recherche, tout en s'occupant des réfugiés et des Juifs persécutés. A la suite d'une réunion qui a rassemblé (entre autres) les docteurs Albert Trillat, Henri Gabriel et Aimé-Jean Barange, il prend la direction du Réseau Dominique dont l'objectif est la coordination des médecins lyonnais. Responsable de la direction du Service de santé de la Résistance pour tout le Sud-Est, il met en place un réseau sanitaire relié au Maquis, ainsi qu'une organisation de la préparation des évasions de détenus hospitalisés. En septembre 1943, les responsables sanitaires de la zone sud du Comité national des médecins se retrouvent à Lyon dans son bureau. Cette réunion, présidée par Louis Aragon, permet la fusion du Comité national des médecins avec le Comité médical de la Résistance pour la zone sud. Dès lors, Gabriel Florence assure la présidence du Comité médical de la Résistance pour la région.
Le 04/03/1944, la Gestapo se présente à son domicile mais il est absent. Le lendemain, il se rend à son laboratoire, en vue d'y mettre en lieu sûr des documents et prévenir ceux de ses collaborateurs qui doivent prendre le large. En fin de matinée, il est arrêté au moment où il quitte la Faculté de médecine. Après internement à la prison de Montluc, il est dirigé sur le camp de transit de Compiègne-Royallieu (Oise) dans le courant du mois de juin 1944 puis déporté au camp de Neuengamme. A l'infirmerie du camp, les médecins allemands l'utilisent pour faire des numérations et des formules sanguines. Pendant plus de six mois, il doit assister aux expériences nazies sur le corps humain. Plusieurs fois, au risque d'être pendu, il refuse de considérer ses congénères comme des cobayes en leur insufflant un pneumothorax puis en leur faisant fuir l'infirmerie.
Au moment de l'approche alliée, les nazis cherchant à camoufler leurs terribles expériences font disparaître victimes et témoins. Ainsi, Gabriel Florence meurt le 18/04/1945 à bord d'un bateau coulé par la R.A.F, volontairement induite en erreur par les Allemands.
Source : Résistants à Lyon, Villeurbanne et aux alentours de Bruno Permezel (éditions BGA, Permezel, 2003) (p. 253)
Vous pouvez retrouvez l'ensemble de ses écrits et contributions à la recherche scientifique sur sa notice BNF. Gallica numérise et diffuse un document intitulé Titres et Travaux scientifiques du docteur Gabriel Florence sur son site, qui détaille son parcours académique et professionnel, ses distinctions et l'ensemble de ses publications.
Nous avons pris le parti de vous transcrire la notice biographique la plus complète que nous ayons rencontré lors de nos recherches. Sachez néanmoins que nous avons trouvé trois versions qui diffèrent au sujet de la mort du médecin et résistant Gabriel Florence. L'ouvrage Lyon pas à pas de Jean Pelletier (Horvath, 1992), qui s'attache à expliquer les noms des rues de la ville, indique que Florence aurait été "pendu peu avant la libération par les troupes alliées" dans la banlieue de Hambourg. Le site du mémorial de Montluc a fabriqué une petite notice biographique en PDF en la mémoire de ce prisonnier. Selon eux G. Florence serait décédé le 20 avril (et non le 18 !), assassiné en compagnie des jeunes patients dont il s'occupait.
Sur ce site allemand consacré en partie à la mémoire des victimes du camp de Neuengamme, une petite biographie apporte des précisions complémentaires. La maîtrise de l'allemand par G. Florence l'aurait contraint à travailler en tant qu’interprétè sur le camp. Il aurait aussi tenté de tuer les bactéries de la tuberculose qu'il devait injecter à des enfants en faisant bouillir le liquide contaminé. Concernant les circonstances de son décès, le site indique qu'il serait mort assassiné à Bullenhuser Damm le 20 avril 1945, en compagnie de nombreux enfants cobayes, par les nazis dans l'enceinte d'une ancienne école. La notice Wikipédia Enfants de Bullenhuser Damm en relate les événements et compte le docteur Florence parmi les victimes recensées. Le récit glaçant de son assassinat explique ici qu'il serait mort étranglé dans les sous-sols de l'école.
Bonne journée,
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