Quelle est l'origine du nom du quartier de la Petite Guille ?
Question d'origine :
Quelle est l'origine du nom du quartier de la Petite Guille ?
A priori, ce serait lié à la taille du bâti dans ce faubourg de la Guillotière ?
Est-ce bien cela ?
Merci d'avance.
François A.
Réponse du Guichet

La Petite Guille, micro-quartier du 8e arrondissement de Lyon, tire probablement son nom de sa proximité et de sa parenté avec la Guillotière bien que l'origine exacte de ce nom demeure incertaine. Pour Catherine Chambon, spécialiste du 8ème arrondissement, des similitudes architecturales avec le quartier de la Guillotière pourraient aussi en expliquer l'origine. Nous ne résistons pas non plus à vous présenter les différentes théories sur l'histoire du nom de ce quartier "parent" de la Petite Guille.
Bonjour,
La Petite Guille est un micro-quartier du 8ème arrondissement dont les frontières sont difficiles à délimiter. Disons qu'on peut le situer dans un espace compris entre la rue du Moulin à Vent, la rue des Jasmins, la rue de Montagny et la rue Pierre Delore. Un arrêt de bus signale même ce petit territoire (ligne 35) rue Pierre Delore, et un arrêt du tram (T6), rue Barbusse), juste en face de l’école Anne Sylvestre.
Pour le site noticehistorique.fr, la Petite Guille était historiquement un petit village situé au carrefour la route de Vénissieux et de la rue de la Combe blanche (actuelle rue Paul Cazeneuve), "sans doute l'entrée du grand territoire de la Guillotière".
Pour Catherine Chambon, autrice de l'ouvrage Lyon 8ème arrondissement, histoires et métamorphoses (Ed. Lyonnaises d'art et d'histoire, 2009), l'origine de cette appellation demeure floue, bien qu'une corrélation architecturale puisse être établie pour justifier de la parenté de ce nom. En effet selon cette spécialiste du 8ème arrondissement :
C'est un carrefour d'importance, entre la route de Marennes à Vénissieux et le chemin de Combe-Blanche, longue artère de près d'un kilomètre, que l'on traduira de nos jours par l'intersection Paul Cazeneuve et Pierre Delore. Petite Guille, mais pourquoi ?
Là, encore une fois, une dénomination d'usage, sans fondement historique, mais qui peut se comprendre aisément. Les maisons basses, en pisé, se succèdent en front de rue, comme dans la Grande rue de la Guillotière. Le village-rue continue au-delà de ce croisement, très commerçant autrefois.
Source : Lyon 8ème arrondissement, histoires et métamorphoses - Catherine Chambon (p. 123)
Impossible enfin d'évoquer la Petite Guille sans parler aussi du quartier de la Guillotière dont celle-ci tiendrait son nom par raccourci. Jusqu'en 1852, la Guillotière était un faubourg indépendant et une juridiction du Dauphiné disputée par le Lyonnais, malgré sa proximité immédiate avec la ville de Lyon. Nous vous invitons à regarder la carte de la Guillotière et du mandement de Béchevelin gravée en 1702 et numérisée sur le site des archives municipales de Lyon.
Le nom de ce faubourg fait aujourd'hui encore l'objet de plusieurs hypothèses.
Un article du journal Le Progrès publié en novembre 1999 et intitulé "Histoire d'un nom", exposait certaines des principales suppositions étymologiques concurrentes en s'appuyant sur l'ouvrage La fabuleuse histoire des rues de Lyon / texte et dessin de G. Bouchard (1992).
Le gui cueilli autrefois dans les plaines du Dauphiné était entreposé par les druides sur les rives du Rhône dans une hostière (lieu ou l'on garde) (hostellerie), d'où le nom de gui hostière.
Les Brotteaux étaient le rendez-vous des sorcières. En langage celtique, le démon se disait " Guihlaou ", d'où Guihlaoutière puis Guillotière
Une dernière version enfin qui donne à un certain Guillot, propriétaire terrien d'envergure, la paternité de ce nom. Ses possessions englobaient notamment une bonne partie du quartier et les terres de Guillot ou Guillot terres se sont un jour accolées. Cette version est peut-être la plus plausible, le quartier de la "Petite Guille"
Plus récemment le quotidien rhodanien est revenu sur l'histoire de ce faubourg ancestral dans un article intitulé : Un quartier, une histoire : la Guillotière, de l’autre côté du pont (2024). Et surprise, une réponse du Guichet est cité, au sujet de l'origine de cette toponymie locale. Attention, l'article précise que le sujet n'est pour toujours pas tranché et qu'aucune étymologie, pour l'heure, ne présente entière satisfaction selon le Dictionnaire Historique de la ville de Lyon (Stéphane Bachès, 2009) :
Guichet du Savoir :
« Guillotière désignerait la maison ou la propriété de Guillot, propriétaire terrien important. Cette "domus de la Guillotiera" porte un nom analogue à celui de nombreux domaines ruraux au Moyen-Age. Auguste Longnon, dans son livre Les Noms de lieux de la France, mentionne qu'à partir du XIIIe siècle, les domaines sont souvent désignés du nom de leur propriétaire muni d'un suffixe : le suffixe le plus usité est "ière". De plus, ils sont presque toujours précédés d'un article, tels la Rigaudière, la Thibaudière, formés sur les patronymes de Rigaud, Thibaud... La Guillotière appartient sans doute à cette catégorie de toponymes locaux. »
Dictionnaire historique de Lyon :
Il évoque aussi l'historien du XVIe siècle Guillaume Paradin, pour qui ce nom est donné au XVe siècle par les grelots et sonnettes des mulets et voitures, nombreux à cet endroit.
L'ouvrage cite aussi un moine d'Ainay, propriétaire de ce territoire, qui s'appelle l'Agrillotier, et rappelle enfin « qu'au bord du Rhône, les sorcières ont l'habitude de se réunir lors du sabbat, or en langage celtique le diable est dénommé Guilhaou, d'où Guilhou, Guilhoutière et Guillotière ».
Enfin, le site Persee publie l'étude géographique de Denise Martin sur la Grande Rue.
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Lyon, connaître son arrondissement : le 8e / Jean Pelletier ; préface de Christian Coulon (Ed. Lyonnaises d'art et d'histoire, 2013)
Quartier d'histoires : Grand Trou, Moulin à Vent, Petite Guille / Catherine Augagneur, Roger Dumont, Michel Locatelli...[et al.] Lyon : (Commission Histoire et Patrimoine du Conseil de Quartier, 2024)
Les quartiers de Lyon au fil des rues / Gérard Chauvy ; photogr., Fabrice Bunuel...(Privat, 1993)
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