Que pouvez-vous me dire sur la statue de Sigmund Freud située à Lyon (8ème) ?
Question d'origine :
Bonjour,
je recherche des informations sur la statue de Sigmund Freud qui est route de Vienne a lyon venissieux au niveau de l'hopital St Jean de Dieu :
sculpteur ? date de réalisation, d'inauguration quelle matière ?
merci
jean paul de lyon
Réponse du Guichet

La sculpture en fonte d'aluminium peinte en bronze, baptisée "Freud et le banc divan" a été conçue par Georges Faure, créateur du groupe "Les Éléphants Heureux", spécialisé dans la création de fresques, sculptures et reliefs à Lyon, dont les célèbres lions de Lyon.
Fabriquée dans une fonderie de Genay, la sculpture montre Freud assis et le divan de l'analyse qui devient le banc des usagers. En effet, ce travail, situé sous l'auvent de l'arrêt de bus de la ligne 12 "Hôpital Saint Jean de Dieu", vient compléter la seconde étape réalisée en 2000 du projet de la Fresque du Demi Millénaire, ensemble de créations peintes, céramiques et paysagères, dont l'idée revient au Dr Attia.
Le Progrès de Lyon fait mention de l'inauguration de la statue le 31 mars 2000, alors que le journal satirique hebdomadaire Charlie Hebdo fait mention d'une inauguration en 2006 après de longues discussions avec les autorités locales.
Bonjour,
Vous souhaitez avoir des informations sur la statue de Sigmund Freud située à Lyon 8ème (nom du sculpteur, matière utilisée, date de réalisation et d'inauguration).
Un article du Progrès de Lyon daté de l'année 2000 et à lire en intégralité sur Europresse (accessible avec un abonnement à la BmL) indique que la fresque du Demi Millénaire est en cours de réalisation sur le mur du Centre hospitalier Saint Jean de Dieu et qu'une sculpture baptisée "Freud et le divan" conçue par Georges Faure viendra compléter l'ensemble le 31 mars 2000, à l'arrêt de bus Hôpital Saint Jean de Dieu (290 Rte de Vienne Lyon).
Longeant la route de Vienne sur un kilomètre, là où le 8e arrondissement fait face à la commune de Vénissieux, ce haut mur à la mine un peu triste prend peu à peu des couleurs. Car c'est ici, à hauteur du centre hospitalier Saint Jean de Dieu, que se réalise la fresque du Demi Millénaire, un ensemble de créations peintes, céramiques et paysagères appelé à devenir une véritable "promenade culturelle". L'idée a été lancée par le docteur Attia, président de l'association du Demi Millénaire créée en 1995, l'année du 500e anniversaire de la naissance du fondateur du centre hospitalier, Saint Jean de Dieu. Exécuté en trois phases, le projet sera terminé à l'automne 2001.
La première partie qui concernait la réalisation d'un trompe l'oeil et d'une création peinte est achevée depuis 1998. L'idée était de reproduire sur une portion du mur, une partie des 25 hectares de parc aménagés dans l'hôpital. Tout à côté, les artistes (1) ont dessiné " la leçon de psychiatrie " un tableau effectué en hommage à huit grands noms de la psychiatrie et de la psychanalyse tels Freud, Lacan, Pinel ou Charcot.
La seconde phase qui est en cours de création doit être achevée le 31 mars prochain, jour de l'inauguration d'une sculpture baptisée " Freud et le banc divan ". [...] Conçu par Georges Faure, ce travail vient remplacer l'ancien abri bus initialement installé à l'arrêt " Cité Mozart " de la ligne 12. Désormais, cet arrêt dispose d'un simple auvent fixé au mur de l'hôpital, sous lequel sera édifiée d'ici quelques jours une sculpture en fonte d'aluminium peinte en bronze, fabriquée dans une fonderie de Genay ; elle montre Freud assis et le divan de l'analyse qui devient le banc des usagers. Une fresque évoquant "Lyon Ville de lumière" et des panneaux d'azulejos (faïences portugaises) sur lesquels figure la première carte du monde dessinée par Mercator (2) au XVIe siècle, complètent cet aménagement. [...] Une bambousaie doit prendre place sur le mur, explique le docteur Attia, constituant ainsi "une ligne végétale continue, faisant disparaître le mur d'enceinte et s'interrompant sur chaque création". [...]
La dernière tranche est programmée à l'automne 2000. Trois nouvelles fresques de 30 mètres chacunes, vont être esquissées ; la première représentera la ville de Lyon en 1824, date à laquelle fut créé l'hôpital ; la seconde, donnera un aperçu de la ville de Grenade aujourd'hui ; la troisième, reproduira Montemor O Novo en 1495, ville du Portugal où est né Saint Jean de Dieu.
Note(s) :
(1) Il s'agit de Georges Faure créateur du groupe " Les Éléphants Heureux ", spécialisé dans la création de fresques en trompe l'oeil ou non, installé dans le 5e arrondissement.(2) Mathématicien et géographe (1512-1594).
Source : "Hôpital Saint Jean de Dieu : le mur prend des couleurs par Aline Duret" (Le Progrès de Lyon, 24 février 2000) <en intégralité sur Europresse>
Dans son article du Progrès de Lyon "Attendre le bus avec Sigmund " (avril 2000), Laurence Rapp revient sur la création de cet Abribus original :
A la base de ce projet, le docteur Mohamed Attia, médecin psychiatre au sein de l'hôpital, a voulu rendre hommage à une figure universelle de la pensée psychanalytique : Sigmund Freud. Mais la réalisation de cette sculpture, œuvre de l'artiste lyonnais Georges Faure, s'inscrit également dans le projet mené par "l'Association du demi millénaire". Financé par divers partenaires publics et privés, (les villes de Lyon et de Vénissieux, la mairie du huitième arrondissement, le Conseil général du Rhône, la DRAC Rhône-Alpes et la société Vachon), ce projet a, entre autres, permis de réaménager le trottoir devant le mur d'enceinte de l'hôpital. Fresques, céramiques et une bambouseraie lui apportent couleurs et gaîté. Il s'agit, en outre, d'atténuer l'ambiance quelque peu "carcérale" du mur d'enceinte de l'établissement qui ne symbolise pas la douceur qui paraît régner au sein des quelque 25 hectares du parc de l'hôpital. [...]
Il y a cinq ans, alors qu'il étudiait l'histoire de l'hôpital psychiatrique et de l'ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu, Mohamed Attia découvre que 1995 est l'année du 500e anniversaire de la naissance du Saint. Il décide alors de créer une association du demi-millénaire et monte un projet de décoration du mur d'enceinte de l'hôpital avec des artistes portugais, espagnols et lyonnais. [...] Le Lyonnais Georges Faure a, quant à lui, peint des fresques thématiques : un trompe-l'oeil, une vue de Lyon quais de Saône et une représentation de huit grands noms de la psychanalyse et de la psychiatrie. En attendant les nouvelles réalisations, les utilisateurs de cette portion de la ligne 12 pourront attendre leur bus et, si l'envie leur prend, se confier au père de la psychanalyse qui ne saurait rester de fonte face à ces confidences... sur le divan.
Source : "Attendre le bus avec Sigmund" (Progrès de Lyon, 15 avril 200) <à lire en intégralité sur Europresse)
On retrouve aussi la mention de cette sculpture dans le Progrès de Lyon du 24 février 2001 :
Cette statue a été créée par le sculpteur Georges Faure, a été fondue aux ateliers Lixon et Lattuada et réalisée grâce au partenariat de la ville de Lyon, du Conseil général du Rhône, du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l'agglomération lyonnaise S.I.T.R.A.L.
Un journaliste de "Charlie Hebdo" consacre deux articles datés respectivement du 16 avril 2025 (N°1708) et du 30 avril 2025 (N°1710) à la genèse de cet Abribus :
J'ai trouvé le numéro de téléphone de l'artiste sur son portfolio en ligne, je l'ai appelé aussitôt, et j'ai pu lui demander comment lui était venue cette belle idée. Il m'a raconté qu'il avait pendant dix ans tenu un atelier "masques" pour les patients et les soignants de l'hôpital. Son métier était alors décorateur de théâtre, et des psychiatres devenus amis lui avaient demandé de réaliser une fresque sur le long mur de l'hôpital. Un des tableaux de cette fresque, intitulée La Leçon de psychiatrie de Freud, figure un Freud entouré de ses maîtres et de ses disciples, en train de lire Le Moi et le Ça. Il s'agit d'une reprise de La Leçon d'anatomie, de Rembrandt. C'est à partir de ce tableau que l'artiste et les psychiatres lyonnais ont eu l'idée de faire une sculpture de Freud. Ils n'avaient pas envie d'un buste, qui aurait rendu le fondateur de la psychanalyse trop pontifiant. C’est pour le mettre en situation que l'un des médecins a eu l'idée d'utiliser le banc de l'Abribus voisin. Et très vite, cette installation a fait réagir. Ce Freud de fonte a été repeint de toutes les couleurs. Pendant l'épidémie de Covid, il était affublé d'un masque. Quelqu'un a essayé de le décapiter à coups de masse. La tête a été remise en place et consolidée, mais elle porte encore des traces de coups.
Source : "Descendez à l'arrêt Sigmund-Freud" (N° 1708 de Charlie Hebdo)
Dans "Freud plus fort que la pub" (N° 1710 de Charlie Hebdo), ce même journaliste poursuit ainsi :
Le sculpteur m'avait conseillé d'appelé le Dr Mohamed Attia, un psychiatre aujourd'hui à la retraite après avoir longtemps exercé à Saint-Jean-de-Dieu. C'est ce médecin qui avait proposé d'installer une statue de Freud à l'entrée de l'hôpital. Alors je lui ai téléphoné [...] [Pendant] ses études, il travaillait comme agent d'accueil au Théâtre du Huitième, à Lyon. C'est là qu'il avait rencontré Georges Faure, alors décorateur de théâtre. Ensemble ils avaient commencé à faire entrer la création à l'hôpital [...] Et c'est encore ces deux-là qui avaient conçu la sculpture de Freud, dite Le Banc-divan, inaugurée en 2006 après de longues discussions avec les autorités locales. Je me suis régalée en écoutant le Dr Attia me raconter comment il avait patiemment entamé les négociations avec la mairie de Lyon - dirigée à l'époque par Raymond Barre - et avec le Sytral, la compagnie de bus, pour faire enlever le moche Abribus publicitaire JC Decaux et pour le remplacer par un Sigmund Freud grandeur nature.[...]
L'article du Progrès de Lyon daté de 2005 "Georges Faure et les Éléphants heureux" revient quant à lui sur les réalisations du sculpteur lyonnais, créateur du groupe "Les Éléphants Heureux", dont les sculptures sont visibles ici. La Sculpture "Freud et le Banc-Divan" y est présentée ainsi : abribus Saint Jean de Dieu / Route de Vienne 69007 / Fonte d'aluminium / 2006.
"Pendant de nombreuses années, nous avons réalisé des interventions monumentales : murs architectoniques, bas reliefs, moules de façades et empreintes en béton de synthèse Puis j'ai assoupli la structure, et fondé une compagnie de fresquistes, les Éléphants heureux, quai Fulchiron. Les Éléphants mobilisent, en fonction des commandes, un nombre variable d'artistes."
Par ses réalisations, Georges Faure a voulu rendre la ville plus lisible, moins fermée : fresques, sculptures et reliefs ont été créés sur des façades, ou à l'intérieur de mairies, centres de soin, maisons d'enfants ou de retraite, à l'université, l'Opac, dans des musées et salles de spectacles, des entreprises et centres professionnels, des couvents.
Georges Faure met lui-même la main à la truelle et au pinceau, notamment dans les morceaux de bravoure, pour mettre à l’œuvre sa formation de sculpteur (il fut prix de Paris), et passer des deux dimensions du trompe-l'oeil à la puissance du relief. C'est ainsi que la statue de Freud, en fonte d'aluminium, se détache de la fresque du demi-millénaire, réalisée avec les Éléphants heureux devant l'hôpital Saint-Jean-de-Dieu. Actuellement, Georges Faure réalise pour une exposition au musée gallo-romain quatre bustes d'empereurs dont on ne possède aucune effigie en relief : « Dans l'impossibilité de couler des moulages, je modèle d'après dessins. »
Mais le père des « Éléphants heureux » est aussi le créateur des fameux lions de Lyon, qui ont donné à la ville un air de fête il y a deux ans : « J'ai réalisé le prototype qui a servi de matrice aux 30 lions confiés à 30 artistes. » Cette manifestation plébiscitée par les Lyonnais et les touristes a une descendance. Georges Faure sculpte actuellement un taureau (emblème de la ville jumelle de Lyon, Turin), pour une nouvelle exposition de l'art dans la ville, cet été : « Trente taureaux décorés seront exposés un mois et demi à Lyon, puis un mois et demi à Turin, avant d'être mis aux enchères. »
Source : "Georges Faure et les Éléphants heureux" (Le Progrès de Lyon, 09 octobre 2005) <à lire en intégralité sur Europresse>
Pour approfondir votre recherche, il peut être intéressant de contacter l'Association du Demi-Millénaire (04 37 90 12 23) de Lyon. Voici également une bibliographie sélective :
Prendre soin par la culture La fresque de Saint-Jean-de-Dieu par Mohamed Attia. VST - Vie sociale et traitements, no 88(4), 54-57, 2005
Un long fleuve intranquille [Livre] : histoire de l'hôpital Saint Jean de Dieu de Lyon 1824-2024 : exposition prés. au Centre hospitalier Saint Jean de Dieu du 15 mai au 31 octobre 2024
Chemin faisant : 2003-2006 / [Groupe de travail "carnet", Centre hospitalier Saint-Jean-de-Dieu], 2017
Lyon, fresques et murs peints [Livre] / Thierry Brusson, 2022
Art urbain [Livre] : street art, graffitis, tags, collages, sculptures, mosaiques, fresques murales, interviews et portraits d'artistes, balades à travers la ville / [Sarah Fouassier], 2020
Bonnes recherches !