Question d'origine :
Bonjour,
Avec tous ces épisodes de chaleur, devons-nous installer une clim dans notre appartement, sachant que cela rajoute des émission de gas à effet de serre?
Merci!
Réponse du Guichet

Face à la montée des températures, il peut être tentant d’installer une climatisation dans son logement. Mais cette solution, si elle peut soulager à court terme, aggrave le problème climatique à long terme si elle est généralisée. Conformément aux recommandations de l’ADEME et aux exigences de la RE2020, il est préférable de privilégier des stratégies passives, d’optimiser l’isolation thermique et de recourir à la climatisation de manière mesurée.
Bonjour,
Sous l'effet du changement climatique, les vagues de chaleur s’intensifient.
Face à des températures dépassant régulièrement les 35 °C, le confort thermique dans les logements devient un enjeu de santé publique. Dans ce contexte, l’installation d’un système de climatisation peut apparaître comme une solution tentante, voire nécessaire. Cependant, cette décision ne doit pas être prise à la légère : elle soulève des questions environnementales, énergétiques et réglementaires majeures.
La climatisation permet de soulager l’organisme soumis à un stress thermique important, en particulier lors des canicules prolongées. Elle peut réduire considérablement les risques liés aux coups de chaleur, notamment chez les personnes âgées, fragiles ou mal logées. À ce titre, elle constitue une technologie salvatrice dans certains contextes, comme le rappelle l’ADEME.
Mais ce confort a un coût : celui d’un impact environnemental significatif. En effet, un climatiseur fonctionne en prélevant de la chaleur à l’intérieur du bâtiment pour la rejeter à l’extérieur, tout en consommant de l’électricité. En 2017, les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la production d’énergie pour la climatisation représentaient près de 5 % des émissions mondiales. De plus, les fluides frigorigènes utilisés dans les climatiseurs sont eux-mêmes des gaz à effet de serre très puissants : le R32 (difluorométhane), par exemple, a un potentiel de réchauffement climatique 675 fois supérieur à celui du CO₂. Enfin, l’usage massif de la climatisation en milieu urbain contribue à accentuer l’effet d’îlot de chaleur, en augmentant localement la température de l’air. Ce phénomène crée un cercle vicieux : plus il fait chaud, plus on utilise la climatisation, ce qui génère encore plus de chaleur et de gaz à effet de serre.
La nouvelle réglementation environnementale des bâtiments, RE2020, entrée en vigueur en janvier 2022, incite fortement à limiter le recours à la climatisation. Elle introduit notamment l’indicateur des Degrés-Heures d’inconfort (DH), qui mesure le dépassement des seuils de confort thermique à l’intérieur des logements (entre 26 et 28 °C selon les horaires). Un logement qui dépasse un certain nombre de DH est considéré comme inconfortable. S’il dépasse un seuil critique (généralement 1250 DH), l’installation d’un système de rafraîchissement devient inévitable mais doit rester sobre.
La RE2020 ne proscrit donc pas la climatisation, mais l’encadre strictement. Elle favorise les solutions passives : isolation performante, protections solaires extérieures, ventilation naturelle, brasseurs d’air, orientation optimale du bâtiment, ou encore l’usage de matériaux à forte inertie thermique. Ce sont autant de leviers efficaces pour limiter le recours à la climatisation, tout en assurant un confort d’été acceptable.
Si votre logement souffre d’une surchauffe récurrente malgré l’aération, les protections solaires et une bonne isolation, la climatisation peut se justifier, surtout si elle répond à un besoin de santé ou à une situation de fragilité thermique. Dans ce cas, il convient de choisir un appareil peu énergivore, utilisant un fluide frigorigène à faible impact climatique, et de l’utiliser de manière raisonnée (consigne à 26 °C, usage ponctuel, portes et fenêtres fermées, etc.).
Sources :
RE 2020 : confort d’été et indicateur DH
Bonne lecture !