Je cherche un document qui attesterait de la présence de cigales à Lyon avant l'an 2000
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis journaliste pour le Progrès, je prépare un article sur la présence des cigales dans la métropole de Lyon. Elles sont de plus en plus nombreuses mais bien que le population se multiplie rapidement elles vivent à Lyon depuis des décénnies. Je suis à la recherche d'une preuve documentaire de leur présence à Lyon avant 2000. Un receuil qui recense les insectes de la région et où elle serait mentionné serait parfait. Disposez-vous de ce genre de document ?
Je pourrais me deplacer pour venir feuilleter quelques ouvrages mais je prefère d'abord savoir où me rendre et si cela existe,
Je vous remercie par avance pour votre réponse,
Cordialement,
Julie M.
Réponse du Guichet

Nous n'avons pas trouvé de recueil recensant les insectes de la région. Nous vous orientons toutefois vers quelques documents et des organismes susceptibles de conserver ce type de recensements.
Bonjour,
C'est la cigale rouge ou tibicina haematodes qui semble s'être invitée la première sur notre territoire lyonnais.
L'article le plus ancien de notre base Europresse abordant la présence de cigales dans la région lyonnaise date de juin 2000 :
depuis Marcel Pagnol, tout le monde sait que le Nord de la France commence à Lyon. Il pourrait s'agir désormais d'une contre-vérité. La preuve ? Des cigales rouges sont remontées jusqu'à Saint-Romain-au-Mont-d'Or. Si l'été veut sourire, on peut les entendre cymbaliser de tout leur soûl jusqu'au soir. Mais attention, préviennent les puristes, leur chant est moins saccadé. Celles-ci ont l'accent lyonnais.On se disait bien aussi.
source : Une cigale lyonnaise / A. H. - Le Progrès - Lyon - dimanche 18 juin 2000
En 2001, ibicina haematodes est la seule espèce de cigale mentionnée dans la Chorologie départementale des Cigales de France d'après Michel Boulard et Stéphane Puissant.
L'ONEM (Observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens), signale la présence de la Cigale rouge en 1991 (donnée de Michèle Ramade) à Fareins, dans l'Ain.
Dans le Rhône, la cigale Tibicina haematodes est identifiée dans de grands arbres à plusieurs mètres de hauteur place de Trion, Lyon 5e quartier Saint-Just par Marc Dubost en juillet 1999 et juillet 2000.
Voir les Données de cigale rouge tibicina haematodes et sa cartographie.
Peut-on encore remonter dans le temps et trouver la trace de cigales dans le lyonnais, voire plus au Nord ?
En juillet 1984, dans un article paru dans le Bulletin de la Société de sciences naturelles et d'archéologie de la Haute-Marne intitulé A propos de la présence de la petite cigale Cicadetta montana en Haute Marne, Jean-Marie Royer indique :
Si elles sont surtout méridionales, certaines espèces de cigales remontent dans le massif Central, voire jusqu'à Dijon et Fontainebleau pour Tibicina haematodes. La plus petite de toutes, Cicadetta montana, se trouve jusque dans le sud de l'Angleterre.
C'est cette dernière que j'ai observée en Haute-Marne notamment aux environs de Chaumont et dans la Meuse vers Commercy. Durant la semaine du 20 au 26 juin, j'ai eu l'occasion d'étudier une éclosion exceptionnelle de petites cigales sur la butte de Binveaux à Meures. J'ai pu compter jusqu'à vingt-trois mues de cigales nouvellement écloses. L'observation de la métamorphose de l'un des imagos a permis de constater qu'à sa sortie sa couleur est d'un beau vert et non noir comme plus tard. Bien que dénommée petite, cette cigale mesure cependant entre 15 et 20 millimètres de long.
En 1890, Valéry Mayet dans Les insectes de la vigne parle de plusieurs cigales qui attaqueraient les vignes de Bourgogne :
II - Cicada (Tibicena) hœmatodes SCOPOLI.
C'est l'espèce dont l'aire géographique est la plus étendue, celle qui monte le plus au Nord, la cigale des vignes de Bourgogne (André, pag. 172). Elle est de toute la région de l'Ouest, au sud de la Loire, où elle est plus abondante que dans le Midi ; à l'Est, elle ne dépasse guère le plateau de Langres. On la rencontre cependant dans quelques localités plus au Nord, dans la vallée de l'Yonne par exemple, et même dans la Seine-et-Marne, à Fontainebleau. On la reconnaît sans peine aux taches de son prothorax, aux nervures de ses ailes et à ses pieds rouges, ainsi qu'au liséré de même couleur qui borde postérieurement chaque anneau de l'abdomen. Sa taille est d'environ 4 centim. de long. Son nom français est la cigale sanglante ou la cigale à anneaux rouges.
III. — Cicada plebeja SCOPOLI.
La cigale plébéienne, répandue dans tout le sud de l'Europe, ne remonte pas en France aussi haut que la précédente. Dans la vallée du Rhône, elle ne dépasse pas Lyon et Grenoble, où déjà elle est moins commune que dans la région de l'olivier. Elle appartient au genre Cicada proprement dit, c'est-à-dire au groupe dont les timbales sont entièrement recouvertes. C'est la plus grande et la plus commune des quatre espèces, et elle a jusqu'à 5 centim. de long sur 1 et demi de large; le corps est noir en dessus et en partie jaune en dessous, avec le prothorax bordé de jaune en arrière ainsi que le bord externe des ailes supérieures.
Nous n'avons malheureusement pas trouvé d'autres informations éloquentes.
En outre, voici deux extraits d'articles de presse datant de 2013 et 2016 qui pourront également vous intéresser :
« Depuis trois à quatre ans, nous assistons à un nouveau phénomène », explique Yann Vasseur, chargé de mission au pôle écologique de la Frapna et spécialiste de la question des insectes. « Des espèces venues d'Arabie et de Turquie se déplacent vers le Sud du pays, à cause de la chaleur devenue trop importante dans leur environnement d'origine. On voit ainsi de nouvelles espèces apparaître dans le bassin méditerranéen. Parallèlement, des espèces typiquement méridionales grimpent vers le nord et se déplacent jusqu'à Lyon. »
Elles se sont installées à Lyon aux alentours du 20 juin
Ces espèces devenues lyonnaises sont la cigale rouge, la grande cigale, la cigale grise et la petite cigale de montagne. « La première est la plus répandue », poursuit Yann Vasseur. « On la retrouve partout dans le département : Lyon, Villeurbanne... Impossible de ne pas entendre son chant régulier dans les arbres, sur les quais, dans les parcs. La grande cigale, quant à elle, est très présente dans la vallée d'Azergues, la vallée du Rhône et même jusqu'à Genève. La cigale grise est une adepte des températures élevées. Elle se situe dans le Sud de la ville, notamment au parc technologique de Saint-Priest, le long de la voie du tramway. »
Et la petite cigale de montagne dans tout ça ? « Pour la retrouver, il faut sortir de la ville et aller dans les Monts-d'Or. Dans les Ardennes aussi, mais rarement dans les zones très chaudes. » Avec la chaleur caniculaire de ces derniers jours, tout porte à croire que les cigales donneront un beau concert... pour tout l'été ? « Cette année, on a commencé à observer leur présence sur Lyon vers le 20 juin. Si leur développement à l'état de larve dure plusieurs années (trois à quatre ans, sous terre), leur durée de vie à l'état adulte est de deux à trois semaines seulement. Ainsi, on peut espérer les entendre jusqu'au 15 août », conclut le spécialiste.
source : À Lyon, on entend maintenant aussi chanter les cigales James Hardy / Marilyn Epée - Le Progrès - 28 juil. 2013
A la Frapna (Fédération Rhône-Alpes de protection de la nature), Julien Bourniol précise que la présence des cigales est ancienne dans la région, mais qu'elles se font, depuis quelques années, beaucoup plus nombreuses, en nombre comme en espèces. « On dénombre une vingtaine d'espèces de cigales en France et certaines remontent même jusqu'en Angleterre, explique-t-il. En Rhône-Alpes, on en dénombre quatre espèces et on observe une remontée des espèces vers le nord, le long de la vallée du Rhône, probablement à cause du réchauffement climatique. » Julien Bourniol, qui confie être régulièrement interrogé par les Lyonnais surpris par la présence des cigales dans la région, précise que les nouvelles espèces de cigales venues du Sud sont observables particulièrement sur les platanes bénéficiant d'un bon ensoleillement.
Les membres d'Arthropologia, association naturaliste spécialisée dans l'observation des insectes, ont aussi observé le phénomène à partir de la fin mai. « On peut penser que le nombre de cigales augmente », confirme Hugues Mouret, naturaliste et directeur d'Arthropologia. Il avance deux raisons à ce phénomène. Les températures, qui se rapprochent à Lyon de celle du sud de la France. Mais aussi, et surtout, cette recrudescence de cigales serait attribuable à l'arrêt de l'utilisation des produits phytosanitaires, herbicides et insecticides sur le territoire de la métropole lyonnaise pour le traitement des espaces verts. Ces produits détruisent en effet les larves conservées dans le sol et empêchent ainsi au printemps les cigales de naître.
Entre Rhône et Saône, on peut donc désormais observer la cigale rouge, la cigale grise, et la grande cigale plébéienne qui est la plus sonore. Depuis une trentaine d'années, comme l'observe l'Inra, le réchauffement climatique provoque une migration à la fois de la végétation et de la faune le long de la vallée du Rhône, avec l'arrivée d'espèces provençales jusqu'à Lyon.
source : Lyon bercé par les cigales / Catherine Lagrange - Le Parisien - Le 28 juillet 2016
Voici quelques articles sur le sujet, bien souvent de la littérature grise pas toujours facile d'accès :
BOULARD Michel & PUISSANT Stéphane, 2001 ? Cicadogéographie de la France européenne, premières cartes de répartition. Inventaire et Cartographie des Invertébrés comme contribution à la gestion des milieux naturels français, in Actes du Séminaire tenu à Besançon les 8, 9 et 10 juillet 1999. MNHN, Patrimoines naturels, 46 : 332 p.
BOULARD M, 2000.- Cicadogéographie de la France européenne : premier fichier signalétique et écoéthologique et premier atlas des Cigales et Membracoïdés. Ministère de l’Environnement, Direction de la Nature et des Paysages, 131 p.
PUISSANT Stéphane, 2006. – Contribution à la connaissance des cigales de France : géonémie et écologie des populations (Hemiptera, Cicadidae). Bédeilhac-et-Aynat : ASCETE, 193 p
PUISSANT Stéphane & DEFAUT Bernard, 2005. Les synusies de cigales en France (Hemiptera, Cicadidae) en France. Premières données. Matériaux Orthoptériques et Entomocénotiques 10 : 115-129.
Inventaire, écologie et répartition des cigales du valais (suisse). (homoptera, cicadoidea) / Jean-Marc Pillet - Bulletin de la Murithienne, 1993, no. 111, p. 95-114
Quelques organismes ressources à qui vous pourriez vous adresser pour en savoir plus :
ONEM (Observatoire naturaliste des écosystèmes méditerranéens) site internet interactif de l'enquête nationale sur les Cigales
Inrae Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement
Arthropologia Association naturaliste pour la connaissance et la protection des insectes et de la biodiversité
Nous vous conseillons surtout de contacter directement Stéphane Puissant, spécialiste des cigales via son compte Linkedin. Il a été l'élève et a travaillé avec Michel Boulard, "entomologiste français spécialiste des cigales. Il est l'auteur de la description de nombreux genres et espèces de cigales et s'est notamment intéressé à leur chant (cymbalisation)."
Stéphane Puissant est attaché de Conservation à la Ville de Dijon, Responsable du Pôle scientifique et des Collections du Muséum – Jardin des Sciences de la ville de Dijon. Il est également correspondant du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris.
A titre informatif, nous n'avons pas trouvé d’éléments de réponse dans ces documents de notre silo de conservation :
- Vies et mémoires de cigales / Michel Boulard
- Métamorphoses et transformations animales, oblitérations évolutives / Michel Boulard
et Bulletin de la Société entomologique de France sur Persée
Bonne journée