Depuis quand y a-t-il continuité du bâti entre Lyon et Villeurbanne et Lyon et Vénissieux ?
Question d'origine :
Bonjour Guichet,
question simple : depuis quand y-a-t-il continuité du bâti entre Villeurbanne et Lyon et entre Lyon et Vénissieux ? Merci.
Réponse du Guichet

Il ne semble pas y avoir de date précise à la continuité du bâti entre Villeurbanne et Lyon mais aussi entre Lyon et Vénissieux car la construction d'immeubles est liée aux modes de productions, aux structures économiques et sociales d'une époque. Cependant nous pourrions considérer que pour Lyon et Villeurbanne elle se dessine entre la fin du XIXᵉ siècle et l’entre-deux-guerres et entre Lyon et Vénissieux, elle se situe dans la seconde moitié du XXᵉ siècle.
Bonjour,
Si la "continuité territoriale" est une obligation d'après Christophe Chabrot dans Les discontinuités dans la métropole de Lyon, il semblerait que la continuité du bâti entre deux communes soit davantage liée aux modes de productions, aux structures économiques et sociales d'une époque.
Selon Marc Bonneville dans Villeurbanne : naissance et métamorphose d'une banlieue ouvrière, processus et formes d'urbanisation 1978
C'est aux alentours de 1880 que s'esquisse le passage de la communauté rurale à la banlieue ouvrière constituée comme excroissance du développement lyonnais sur la rive gauche du Rhône. Jusque là le centre de la commune se situait à bonne distance des confins lyonnais : il s'agissait de l'ancien bourg rural établi sur la terrasse de Cusset. A partir de 1880 c'est dans la partie communale jouxtant les 3e et 6e arrondissements que la croissance urbaine connaît sa plus rapide extension [...]
L'analyse du passage du rural à l'urbain, et de ses circonstances, relève certes de l'histoire urbaine ; mais elle est indispensable si l'on veut comprendre la structure urbaine actuelle qui s'est mise en place pour l'essentiel avant 1914 ainsi que de très nombreuses formes urbaines encore présentes. Cependant pour rapide qu'elle ait été, cette évolution a laissé subsister l'ancien mode de production aux côtés du nouveau, et la structure spatiale qui est apparue s'est aussi superposée à celle qui préexistait. Cette disparité caractérise la période 1880-1914 et la commune malgré l'irruption brutale de l'industrie fait plutôt figure de banlieue industrielle et ouvrière que de centre urbain autonome.
[...] la matérialité urbaine est produite en conformité avec l'état des rapports sociaux. Dés lors on ne peut esquiver l'analyse du fonctionnement local du mode de production , si l'on veut situer correctement la production de l'espace urbain.
Marc Bonneville intitule son premier chapitre Les modes de production et la nouvelle structure spatiale. En voici le début :
Les mutations qui interviennent après 1880, n'effacent pas complètement le caractère rural de la commune. Le territoire de Villeubanne est encore consacré pour sa partie la plus importante, à l'agriculture en 1880. Ce n'est que le long des grands axes qui traversent la commune et qui sont encore souvent dénommés chemins de grandes communications ou routes (de Vaulx, de Crémieu...) que se groupent les activités artisanales, industrielles ou du commerce. Mais dès lors que l'on s'éloigne des quartiers des Maisons Neuves et des Charpennes d'où divergent les grands axes suivant une disposition en patte d'oie, les maisons sont le plus souvent des fermes ou d'anciennes fermes au milieu de terres labourables.
[...]
Ainsi à la veille de 1914, l'industrie à Villeurbanne apparaît comme le moteur de l'urbanisation.
Concernant Vénissieux, Maurice Corbel dans Vénissieux la rebelle, 1997, écrit :
Sur le territoire de la commune, de 1911 à 1921, on construit moins de 10 maisons, c'est surtout entre 1921 et 1926 que l'augmentation des habitations est la plus spectaculaire puisque 422 maisons ou immeubles sont bâtis entre ces deux dates, et en quinze ans, entre 1911 (844 maisons) et 1931 (1637), le parc a presque doublé.
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A la fin de la Grande Guerre, les élus municipaux prévoient un afflux d'ouvriers sans précédent et s'inquiètent justement de leur trouver un toit. La municipalité crée une commission chargée d'examiner les moyens de lutter contre la pénurie du logement. Elle encourage l'utilisation de tous les bâtiments qui peuvent, après aménagement, servir d'habitation.
C'est en 1912 que l’État se décide à consacrer des fonds publics au logement pour accompagner l'expansion industrielle.
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On l'a vu, à partir de l'industrialisation de la commune au début du siècle, c'est plus la préoccupation de loger les gens au coup par coup qui l'emporte que l'ambition d'affronter les problèmes urbains. Ce n'est qu'à l'automne 1942 que le conseil municipal, sollicité par le maire de Lyon qui est chargé de dresser un plan d'urbanisation de l'agglomération lyonnaise, décide de confier à Lyon l'étude d'un plan d'aménagement et d'extension de Vénissieux. Mais ce n'est qu'en 1945-1946 que sera établi le premier plan d'urbanisme de la commune par l'architecte Weckerlein. Le souci de maîtrisé et donc de conduire le développement et l'extension de la commune est devenu une priorité pour la municipalité. Il ne s'agit pas seulement d'embellissement, mais d'organiser la ville "commandée... par la structure économique et sociale d'une époque" et surtout d'en finir avec "les conditions inhumaines qui sont faites aux habitants des banlieues... "
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On prévoit le percement de grandes voies routières. Vénissieux serait desservi par une grande artère nord-sud empruntant le tracé de l'avenue Jules Guesde élargie, franchissant la voie ferrée grâce à un pont, puis traversant la commune à l'est, parallèlement aux rue Victor Hugo et Jules ferry et enfin passant à proximité du nouveau cimetière et rejoignant la nationale 7. Il faudra attendre près de vingt ans avant que les travaux de l'avenue Jules Guesde, le prolongement du boulevard des Etats-Unis et l'ouvrage permettant d'enjamber la voie Lyon-Grenoble, donnant accès au futur boulevard Amboise Croizat, soient définitivement achevés. Également pas mal d'années passeront avant que ne soit entreprise la transversale est-ouest serpentant de Saint-Priest à Saint-Fons.
Pour une IA que nous nous sommes autorisé·es à consulter, les archives indiquent que le territoire villeurbannais est totalement urbanisé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ce qui implique que la continuité du bâti avec Lyon est alors complète.
En résumé, la continuité urbaine effective entre Lyon et Villeurbanne se met en place entre la fin du XIXᵉ siècle et l’entre-deux-guerres, pour être pleinement réalisée après la Seconde Guerre mondiale, lorsque l’urbanisation est totale et que la séparation physique entre les deux communes a disparu.
La continuité du bâti entre Lyon et Vénissieux s’est établie principalement dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, avec une accélération marquée dans les années 1960 et 1970.
Bonne journée.