Que pouvez-vous me dire sur la fréquence respiratoire ?
Question d'origine :
La fréquence respiratoire
Réponse du Guichet

La fréquence respiratoire correspond au nombre de cycles inspiration/expiration par minute chez un individu. Elle varie selon l’âge, l’émotion, l’activité physique où la maladie d'une personne. La coordination respiratoire est quant à elle une méthode douce visant à optimiser la respiration via le travail du diaphragme. Elle est pratiquée notamment par des chanteurs, recommandée chez des personnes anxieuses ou des malades souffrant de dyspnée mais son efficacité scientifique reste encore à ce jour peu documentée.
Bonjour,
Le dictionnaire médicale de l'académie nationale de médecine donne une définition de la fréquence respiratoire dans son dictionnaire numérique en ces termes :
Nombre de cycles respiratoires par unité de temps.
Chez l'adulte, la fréquence normale est de 16 à 18 cycles par minute.
L'ouvrage Fiches de soins infirmiers publié aux éditions Elsevier Masson en 2020 par Pascal Hallouët, Jérôme Eggers et Évelyne Malaquin-Pavan consacre une fiche à cette pratique de soin. La fréquence respiratoire est mesurée pour chaque patient par minute. Elle correspond au nombre de cycles respiratoires (une inspiration et une expiration) effectués par une personne sur ce laps de temps et permet de détecter toutes formes d'anomalies. La fiche précise qu'une fréquence respiratoire "normale" varie selon l'âge du patient : "la fréquence respiratoire normale est de 40 à 60 par minute chez le nouveau né, de 30 à 40 à 18 mois et de 15 à 20 à l'âge adulte". L'intégralité de la fiche est à retrouver numérisée sur Google Livres.
Mais attention ces mesures ne sont que des indications d'ordre général. Plus récemment, certaines études ont analysé l'oscillation de notre fréquence respiratoire au rythme de nos émotions ou de nos activités. Pour chacune d'entre elles, nos poumons se mettent au diapason, adaptant leur rythme de façon plus synchrone que la fréquence cardiaque, comme l'explique le journaliste scientifique Guillaume Jacquemont pour France Inter dans cet épisode du podcast "Grand bien vous fasse" du 26 aout 2024 consacré aux "supers pouvoirs de la respiration" :
Quand nous rions, quand nous pleurons, quand nous avons peur, quand nous faisons l'amour, notre respiration s'adapte à nos états émotionnels. À chaque état correspond une fréquence respiratoire, une amplitude respiratoire, jusqu'à bloquer la respiration, être en apnée, ne plus avoir de souffle, ou au contraire être en hyperventilation avec une fréquence qui s'accélère parce qu'on a peur, parce qu'on est inquiet, ce qui peut entraîner des troubles.
Pour Guillaume Jacquemont, cela est plus visible et plus précis que le cœur en quelque sorte, qui va juste accélérer quand on va éprouver divers types d'émotions. Il explique qu'il y a une étude très intéressante qui a montré que chaque respiration, chaque émotion a vraiment une signature respiratoire spécifique. Par exemple, pour l'anxiété, les cycles respiratoires vont s'uniformiser. Pour le dégoût, vous allez insérer des courtes apnées.
Pour davantage d'informations, vous pouvez parcourir le chapitre consacré au système respiratoire sur le manuel MSD, référence des professionnels de santé ou la page la mesure de la fréquence respiratoire sur le site soins-infirmiers.com qui fournit un tableau de mesure des cycles par ages et des indications permettant de détecter une respiration trop rapide ou trop lente (tachypnée et bradypnée).
Vous pouvez aussi parcourir les contenus de la fondation du souffle ou le site de la ligue pulmonaire suisse.
La coordination respiratoire est une méthode d'optimisation de la fonction respiratoire qui aurait été créée dans les années 1960 par Carl Stough, un professeur de chant américain, avant d'être développée par deux disciples Lynn Martin et Robin de Haas, avec pour objectif de "re-coordonner tous les muscles impliqués dans les mouvements dʼair vers lʼintérieur et lʼextérieur des poumons, avec une attention toute particulière pour le diaphragme qui est le muscle premier du système respiratoire" (sur breathingcooridnation.ch).
La discipline se présente comme une forme d’ostéopathie très douce axée sur la respiration et s'adresse aux chanteurs, aux sportifs, aux personnes ressentant des gênes ou un dysfonctionnement des voies respiratoires et plus largement à toutes personnes stressées ou anxieuses et qui souhaiterait se soulager en apprenant à mieux respirer.
Pour illustrer concrètement le procédé utilisé par ces praticiens ce cabinet suisse du canton de Genève de praticiens décrit en quelques phrases le déroulé d'une séance de coordination respiratoire :
Tout d’abord, il y a un temps de bilan par des mouvements très doux des zones qui pourraient bloquer le souffle.
Ensuite le praticien procède à une réduction des tensions, puis un temps de re-coordination des muscles qui doivent travailler ensemble. Pour cela on utilise, entre autre, la voix.
Selon le besoin de la personne, on applique cette pratique à la performance ( chanteurs, sportifs …)
Ensuite il s’agit de générer une conscience quotidienne pour un maintien des compétences acquises. Des exercices sont proposés.
Le praticien a à cœur que la personne devienne autonome dans sa pratique, pour cela tout est expliqué. Cette méthode se base sur l’anatomie fonctionnelle et sa compréhension. Il s’agit aussi de se prendre en main, d’être actif face à une pathologie par exemple.
La Coordination Respiratoire, par ses mouvements doux, ramène une conscience d’un mouvement interne. Il s’agit de développer sa proprioception. C-S Sherrington disait de la proprioception qu’elle était “ l’ancrage organique de notre identité.” J-P Roll la décrit comme étant ” une véritable vision intérieure à qui l’on doit l’émergence, souvent silencieuse, mais très prégnante à la fois, de la conscience de soi, de la corporalité propre à chacun et sans laquelle toute relation au réel devient impossible.” ( cf livre “Le mouvement dans tous ces états” d’Eve Berger.)
Une démonstration de Carl Stough en personne est visionnable sur YouTube.
Il est néanmoins difficile d'attester de la validité scientifique ou de vous assurer des bienfaits d'une telle pratique. Celle-ci ne constitue pas une discipline qui s’appuierait sur un corpus de connaissances validées par la recherche ou des essais cliniques probant. Le peu d'ouvrages consacrés à ce sujet, que ce soit dans nos collections (nous trouvons seulement le livre de l'un des pères de la discipline, Robin de Haas, La voie de la voix : une approche révolutionnaire de l'instrument humain) ou dans le catalogue collectif de France en dit long sur le peu de production éditoriale entourant le sujet.
Nous trouvons néanmoins cet article de Shaune Beesley, La coordination respiratoire : une méthode pour soulager la dyspnée publiée dans la Revue internationale de soins palliatifs en 2023, consultable sur Cairn depuis les ordinateurs de la BmL. Il est expliqué dans l'article que cette méthode vise à « réhabiliter » la musculature respiratoire, en réactivant près d'une centaine d'articulations thoraciques grâce à des mobilisations douces, permettant au diaphragme de retrouver peu à peu son potentiel de mouvement. Les personnes souffrant de dyspnée (d'essoufflement chronique), obtiendraient par ce biais des résultats significatifs et retrouveraient une fréquence respiratoire plus proche des "normes" susmentionnées, entre 10 et 12 cycles/ minutes selon les cas.
Bonne journée.