Comment les niveaux d'alerte canicule sont calculés en France ?
Question d'origine :
Hello,
Hydratez-vous !
J'ai une question météo-climatique !
J'ai constaté qu'à Lyon, cette semaine, nous avons été classé en alerte rouge pour 40/42°C alors que Montpellier, qui va avoir des températures semblables demain, ne reste "que" en alerte orange.
Comment les niveaux d'alertes sont-ils calculés ? Est-ce que ça dépend de l'écart entre les normales locales et les températures réelles, ou y a-t-il encore plus de paramètres ?
Merci beaucoup. :)
Réponse du Guichet

Les niveaux d'alerte canicule diffèrent selon les départements. Ils sont établis à partir de l’écart entre la valeur de l'indicateur bio-météorologique et des seuils d’alertes qui varient selon les endroits.
Le passage au niveau rouge de la «canicule extrême» est [...] déterminé au cas par cas par Météo-France, Santé publique France et la Direction générale de la santé, selon le caractère exceptionnel de l’épisode et ses impacts sociétaux. Il est lié à l’observation d’autres indicateurs que la seule température comme les départs de feux, la sécheresse des sols, mais aussi la fréquentation des services de soins, à des facteurs socio-économiques locaux : organisation d’un événement sportif important, jour de départs en vacances… ainsi qu'à des facteurs aggravant l’impact sanitaire, comme la pollution de l’air (l’ozone et les particules fines), l’humidité.
Bonjour,
En effet, cet été 2025 a été marqué en France, excepté le nord du pays qui est resté globalement à l’écart, ne connaissant qu’un bref pic de fortes chaleurs (35,2°C à Paris et 35°C à Lille le 12 août), par une canicule surtout au sud (Source : La chaîne météo, 18 août 2025) :
Entre le 8 et le 17 août, le sud et le centre du pays ont été les plus durablement touchés. Plusieurs records absolus de chaleur ont été battus :
41,2°C à Angoulême,
41,6°C à Bordeaux,
42,1°C à Bergerac (11 août).
S’y ajoutent des records mensuels : 40,7°C à Perpignan, 40,3°C à Montpellier et 40°C à Béziers (16 août). Dans l’Hérault, à Moulès-et-Baucels, le seuil des 40°C a été franchi six jours consécutifs. À Toulouse, la barre des 35°C a été dépassée dix jours de suite, du jamais-vu depuis août 2003.
Des nuits tropicales sans précédent en Languedoc-Roussillon
La chaleur s’est également manifestée par des nuits exceptionnellement lourdes. À Sète, la nuit du 15 au 16 août a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température minimale de 30,1°C. Perpignan a suivi avec une nuit historique le 16 au 17 août, où le thermomètre n’est pas descendu sous 29,2°C.
Mais quand y a-t-il canicule et pourquoi certains départements, à degrés égaux, sont classés en vigilance orange et d'autres en vigilance rouge ?
Quand parle-t-on de canicule ?
Le terme canicule désigne un épisode de températures élevées, de jour comme de nuit, sur une période prolongée (au moins 3 jours). Pour les identifier, les météorologues de Météo-France ont défini des seuils de température et de durée qui varient selon les départements.
Par exemple, à Toulouse, Météo-France parlera de canicule quand, durant les 3 jours et 3 nuits, les températures maximales seront supérieures à 36 °C et les températures minimales supérieures à 21 °C.
Ces situations touchent l'Hexagone principalement entre début juillet et mi-août, mais elles peuvent également survenir en dehors de cette période, comme cette année en 2025 (19/06-04/07) en 2019 (13/06-01/07) ou en 2016 (23-28/8).
Source : Canicule, pic ou vague de chaleur ?, Météo France
C'est aussi ce qu'explique le média Vert éco, dans À partir de quelle température votre département est-il considéré en canicule ?, 12 août 2025 : les seuils de température à partir desquels un département passe en alerte canicule varient selon les endroits.
Des seuils de température et des facteurs socio-économiques
Ce niveau d’alerte est fixé par les prévisionnistes de Météo-France à l’échelle de chaque département métropolitain en fonction de seuils de températures minimales et maximales en moyenne sur trois jours glissants établis par Santé publique France. Par exemple, une canicule peut être déclarée en Haute-Garonne lorsque les températures maximales dépassent 36°C et que les minimales (normalement atteintes la nuit) sont supérieures à 21°C.
pour agrandir l'image, cliquer droit dessus
Ces indicateurs basés sur les températures «constituent un outil d’aide à la décision pour les prévisionnistes mais ne permettent pas à eux seuls d’établir la couleur de la vigilance canicule», précise Météo-France sur son site. D’autres facteurs socio-économiques locaux sont pris en compte pour déclencher une alerte canicule dans un département : organisation d’un événement sportif important, jour de départs en vacances, état du système de soins…
Comme nous l’expliquions lors de la dernière vague de chaleur de juin 2025, le passage au niveau rouge de la «canicule extrême» est quant à lui déterminé au cas par cas par Météo-France, Santé publique France et la Direction générale de la santé, selon le caractère exceptionnel de l’épisode et ses impacts sociétaux.
Dans Canicule : quel est le seuil d’alerte de votre département ?, Le Monde, publié le 04 août 2025, modifié le 11 août 2025 (republication de l’article du 21 juin 2019) nous pouvons également lire que les seuils de température diurne ou nocturne à atteindre pour déclencher une alerte canicule ne sont pas les mêmes partout sur le territoire français :
Moins connu, le seuil de déclenchement de l’alerte canicule varie, lui, d’un département à l’autre. Les diverses régions de France étant plus ou moins habituées et donc adaptées à la chaleur, les seuils d’alerte ne sont pas les mêmes partout. Ainsi, Météo-France estime que la canicule sera avérée dans les Deux-Sèvres lorsque des températures minimales de 35°C le jour et de 20°C la nuit seront observées. Le Nord, lui, sera considéré en canicule lorsque les températures dépasseront 33°C le jour et 18°C la nuit. A Paris, ces seuils sont de 31°C le jour et 21°C la nuit, et de 34°C le jour et 20°C la nuit à Lyon.
Cette notion de «seuil d’alerte» n’existait pas avant la canicule de 2003. A la suite de cet événement qui a causé près de 15000 morts, les autorités sanitaires et Météo-France ont travaillé conjointement afin d’anticiper les vagues de chaleur les plus dangereuses pour la population.
Lors d’une vague de chaleur, certains facteurs sont susceptibles d’aggraver l’impact sanitaire, comme la pollution de l’air – en particulier par l’ozone et les particules fines – et l’humidité, plus difficile à supporter par le corps humain. L’intensité de la vague de chaleur est définie à partir de l’écart entre la valeur de l’indicateur et le seuild’alerte, mais comment définir ce seuil ?
Un indicateur a été choisi – la combinaison des températures minimales et maximales moyennées sur trois jours, noté IBM (pour indicateur bio-météorologique) –, puis des seuils d’alertes ont été sélectionnés pour l’ensemble du territoire.
Ces seuils ont été réévalués au fil du temps, par exemple en révisant la station météorologique de référence pour chaque département ou encore en donnant un poids plus important à la température nocturne. «S’il fait non seulement très chaud dans la journée, mais que cette chaleur ne diminue pas suffisamment pendant la nuit, l’organisme ne peut pas récupérer et le risque sanitaire est majoré», explique Santé publique France.
Enfin, ces seuils sont aussi revus en fonction des retours d’expérience: «A Marseille, les seuils ont été réévalués vers des valeurs plus élevées (22-34°C vs 24-35°C) en2009, compte tenu du nombre important d’alertes générées entre 2004 et 2009, du faible impact visible sur les données sanitaires, et de l’hypothèse que la ville est mieux adaptée à la chaleur», décrit l’institut public. En Haute-Loire, l’alerte canicule est déclenchée à partir de 17°C la nuit et 33 la journée, contre 18-32°C précédemment.
Le passage d’orange à rouge est notamment lié à l’observation d’autres indicateurs que la seule température comme les départs de feux, la sécheresse des sols, mais aussi la fréquentation des services de soins. Là encore, il varie sur le territoire, détaille Météo-France : «Un système de critères a été défini pour chaque département (…) Les prévisionnistes confrontent ainsi les prévisions météorologiques avec les référentiels établis par Santé publique France, fondés sur des études épidémiologiques des événements passés, pour estimer le niveau de vigilance canicule.»
Pour plus de précisions vous pouvez télécharger et lire le document Système d'alerte canicule et santé : principes, fondements et évaluation, publié sur Santé publique France le 1 mars 2012 et mis à jour le 18 août 2023 renvoyant à la méthode utilisée pour concevoir le système d’alerte qui est détaillée dans le rapport du Sacs 2006 (1er résultat recherche Google).
Bonne journée