Les risques de perte des jeux en ligne sont-ils les mêmes que dans un casino physique ?

Bonjour, 

Dans les casinos en ligne modernes comme "Sunrise Slots", il est bien possible de réaliser des gains ponctuels mais la probabilité de l'emporter reste très largement en votre défaveur.

Comme dans les casinos physiques, c'est la banque qui risque le plus souvent de rafler la mise. C'est même toute l'économie des jeux d'argent qui est organisée de telle sorte qu'elle assure aux entreprises une "profitabilité exceptionnelle". C'est en tout cas l'expression employée par Thomas Amadieu dans son ouvrage La fabrique de l’addiction aux jeux d'argent (Le bord de l'eau, 2021), à l'avis quelque peu négatif sur vos chances de résultat :

La redistribution de l'argent des mises en gains est toujours inférieure à ce qui est parié, c'est ce qui assure aux entreprises de jeu leur profitabilité exceptionnelle. Songeons que l'industrie mondiale du jeu - les anglophones parlent de la Big Gambling, à l'instar de Big Tobacco ou Big Pharma - pèse davantage que les industries du cinéma ou de la musique réunies.  

Si les firmes de ce secteur sont si profitables, c'est parce que l'argent prélevée sur les joueurs est largement supérieur à l'argent rendu aux gains. Pour les plateformes de paris en ligne, comme pour le FDJ ou les casinos, le coeur du métier réside dans la conception de produits dégageant un engagement et un rendement maximal. Pour une formulation plus abrupte, on peut se fier à cette déclaration de l'ancien président de la FDJ, Gérard Colé : "Les loteries sont toujours une arnaque". 

Les jeux sont conçus pour vous faire perdre, certains jeux font perdre davantage en moyenne. Ainsi, l'argent redistribué en gains, le Taux de retour au joueur (TRJ ou RTP en anglais) - soit le ratio des gains rapportés aux mises - dans le jargon technique des opérateurs, varie fortement d'un jeu à l'autre. Les jeux de la FDJ sont les moins généreux. Si vous misez 100 euros par an au loto vous récupérez 53 euros. Vous avez donc perdu 47 euros. Au PMU, c'est un peu mieux, vous ne perdez "que" 31 euros en moyenne si vous misez sur les chevaux du Quinté. Le casino se montre plus généreux se délestant de 15 euros pour 100 euros de mise aux machines à sous. Conséquence de ces TRJ variés, les jeux n'attirent pas le même public. 

Source : La fabrique de l’addiction aux jeux d'argent (Le bord de l'eau, 2021) (p. 24)

Vous avez donc de faibles chances de devenir riche. Surtout que ces TRJ sont une moyenne. Soyons clairs, un TRJ élevé pour un jeu où une machine ne signifie pas des gains garantis. Comme l'indique ce site spécialisé, une machine à sous dotée d'un TRJ de 97% ne veut pas dire que vous récupérez 97% de votre mise à chaque fois, il s'agit s'implement d'un taux de redistribution théorique. Ce taux, obtenu à partir d'une moyenne sur des millions d'essais, doit obligatoirement être affiché sur les machines. En France, la loi impose un taux de redistribution minimum de 85% pour les machines à sous. Le TR réel des joueurs serait lui aussi égal à... 85% selon T. Amadieu (p. 25). Et c'est l'Autorité Nationale des Jeux qui est chargée d'en surveiller la conformité. 

Voir également ce tableau des taux de redistribution moyen publié dans ce rapport d'information publié par le Sénat en 2000. 

En revanche, ces casinos en ligne, exemptés du coût d'exploitation élevé (loyer, personnel, entretien des machines…) et non sujets à l'impôt peuvent se permettre de déployer des TRJ beaucoup plus élevés (jusqu'à 99% de TRJ promis) : 

En France, les casinos sont redevables de six impôts et prélèvements divers, perçus à la fois par le ministère des Finances, le ministère des Affaires sociales (CSG, CRDS) et les communes et intercommunalités qui récupèrent en moyenne 15 % du produit brut des jeux (PBJ) des établissements. Au total, la fiscalité française représente 54 % du produit brut des jeux, État et collectivités territoriales recevant en moyenne un peu plus de 1,2 milliard d’euros par an de la part des casinos.

Source : La France des casinos : la résistance de l’État croupier ? de Boris Lebeau et Marie Redon Géocarrefour [En ligne], 98/1 | 2024

Il faut dire que ces plateformes échappent complètement au fisc, la loi française interdisant encore à ce jour les casinos en ligne : Loi n° 2010-476 du 12 mai 2010 relative à l'ouverture à la concurrence et à la régulation du secteur des jeux d'argent et de hasard en ligne. Seuls les paris sportifs, paris hippiques et jeux de cercle (poker en tête) peuvent être pratiqués, sous certaines conditions. Jouer sur des sites de casino en ligne, comme celui mentionné ci-dessus, comporte donc des risques (addiction, non paiement des gains, non respect de clôture du compte joueur etc) et vous met en porte à faux avec la loi. Pourtant, 4 millions de joueurs français n'hésiteraient pas à braver l'interdit selon Grégory Rabuel, directeur général du groupe Barrière et président du syndicat “Casinos de France” dans l'émission C à vous (2024). En plus de prendre des risques pour leur santé physique et financière, ces joueurs ne peuvent en aucun cas avoir recours au médiateur des jeux de l'ANJ en cas de problème. Sachez qu'il existe une liste noire des sites de jeux d'argent et de hasard compilée par l'ANJ. Si Sunrise Slots n'en fait pour l'heure pas partie, cela ne veut pas dire que le site soit conforme aux attentes de l'autorité régulatrice.... Et pour cause, en plus de déroger à la loi, la plateforme de jeux en ligne est régulièrement épinglée par ses utilisateurs pour ne pas respecter ses engagements. De nombreux joueurs dénoncent des pratiques trompeuses, voir de véritables arnaques. Sur le site LCB, qui s'occupe justement de la critique et des comparatifs de casinos en ligne, Sunrise Slot obtient d'innombrables plaintes : non remboursements, retards de paiements, paiements non effectués etc.

Malgré des taux de TRJ plus élevés que dans des casinos conventionnels, nous ne pouvons que vous mettre en garde et vous inviter à vous en détourner au plus vite... Les risques d'addiction sont immenses et il suffit de quelques clics sur internet pour s'appercevoir que beaucoup de joueurs ne sont jamais payés. 

Depuis l'étude du budget 2024 en France, un débat a ressurgit sur une potentielle légalisation des casinos en ligne. Le manque à gagner, estimé à environ 1 milliard d'euros pour les finances publiques, avait encouragé le gouvernement de M. Barnier à reconsidérer cette ligne rouge historique. En effet, si la France est le seul pays européen (avec Chypre), à ne pas avoir autorisé ses casinos à se développer en ligne, c'est qu'une exception culturelle s'applique sur son territoire. En effet la France est le pays comptant le plus de casinos en Europe et de loin, avec 201 casinos recensés en 2017 (contre 4 seulement en Italie), soit 38% du total européen de 529 casinos (La fabrique de l’addiction au jeu d'argent, T. Amadieu, p.18). En plus et toujours selon les mots de Grégory Rabuel dans C à vous, l'ANJ aurait anticipé dans un rapport la disparition de près de 30% des petits casinos qui émaillent le territoire en cas d'autorisation de mise sur le marché. Un véritable manque à gagner et une concurrence déloyale pour les maires des communes pour lesquels ces établissements sont de véritables bassins d'emplois et l'assurance de retombées économiques importantes pour l'ensemble de la région : «Monsieur le premier ministre, n'ouvrez pas la boîte de Pandore des casinos en ligne!» (tribune collective, le Figaro, 2024). 

Mais plus que tout ce sont les enjeux de santé publique qui sont pointés du doigt par les opposants à cette libéralisation. Ce mécanisme de l'addiction est très bien expliqué dans cet entretien au Monde de T. Amadieu (2023) (disponible sur Europresse avec un abonnement BmL). Cette étude en anglais menée sur des adolescents (13-19 ans) barcelonnais et les conséquences de l'addiction sur leur vie sociale et leur santé est très intéressante. En voici la synthèse en français. 

Pour aller plus loin, vous pourriez visionner ce documentaire Arte qui permet de comprendre de nombreux aspects cachés des jeux d'argent en ligne : Les jeux en ligne hors de contrôle, ARTE. Et nous réinsistons sur la nécessité de lire cet article de Boris Lebeau et Marie Redon, La France des casinos : la résistance de l’État croupier ? (2024). 

Bonne chance.