Les revêtements des terrains de sport en synthétique vont-ils être remplacés par du liège ?
Question d'origine :
Re-bonjour Cher Guichet,
Serait-il possible d'avoir confirmation de l'information selon laquelle les revêtements des terrains de sport (rugby, football) en synthétique comprenant des billes de caoutchouc, d'un coût significatif et de réalisation souvent récente, comporteraient pour la santé des sportifs les utilisant tant d'inconvénients qu'il serait question de les remplacer par des revêtements comprenant des éléments en liège ?
Réponse du Guichet

Les granulés microplastiques, composants d'une très large majorité de gazons synthétiques, ne seront plus commercialisés à partir du 17 octobre 2031 suite à l'adoption d'un règlement voté par la Commission Européenne en septembre 2023.
Plusieurs alternatives sont possibles, mais le remplissage de liège semble être privilégié.
Bonjour,
Les granulés de microplastique qui remplissent les terrains de sport synthétiques vont effectivement être interdits à partir de 2031 à cause de leur toxicité pour notre santé et pour l’environnement. En septembre 2023, la Commission européenne a adopté « des mesures qui limitent les microplastiques ajoutés intentionnellement aux produits en vertu de la réglementation de l’UE sur les produits chimiques (Reach) ». Les nouvelles règles empêcheront le rejet dans l'environnement d'environ un demi-million de tonnes de microplastiques.
Le règlement 2023-2055, voté par la Commission Européenne le 25 septembre 2023, visant à limiter la pollution par les microparticules de polymères synthétiques dans l’environnement concerne uniquement les terrains avec remplissage à base de granulats élastomères (SBR, TPE ou EPDM). Ce règlement implique une interdiction de mise sur le marché des granulats élastomères avec une période transitoire de huit ans, période pendant laquelle la construction de terrains synthétiques avec remplissage élastomère reste donc autorisée.
L’interdiction de mise sur le marché des granulats élastomères destinés à être utilisés sur des surfaces sportives synthétiques sera donc effective à partir du 17 octobre 2031*.
Après cette date, il sera toujours possible de conserver les terrains avec remplissage élastomère existants et d’effectuer des réassorts à partir des stocks constitués par le propriétaire avant le 17 octobre 2031*.
Toute modification de la nature du remplissage, par exemple le remplacement du SBR par du liège, entraîne la nécessité de réaliser des essais in-situ pour vérifier la conformité aux exigences réglementaires : par la modification de l’un de ses intrants, le système devient un nouveau revêtement.
source : La pratique sur terrain en gazon synthétique / FFF - lundi 3 février 2025
Des recharges alternatives, développées depuis plusieurs années déjà, se multiplient et se perfectionnent : des copeaux de liège avec ou sans fibres de coco, des noyaux d'olives concassés, des particules de bois, des rafles de maïs et même de la pomme de pin !
Des alternatives sans rechargement se développent également depuis peu. Il s'agit d'une moquette plus épaisse, installée sur une sous-couche amortissante (fabriquée à base de pneus recyclés), lestée avec du sable. Le sable présente toutefois le désagrément d'être abrasif.
Certains gazons synthétiques ne nécessitent même pas de sable.
Pour l'heure, ces solutions visaient le plus souvent à remplacer les granulats élastomères à l'origine des microplastiques par du liège, des noyaux d'olive, du sable, des rafles de maïs ou encore des particules de bois. Or, le nouveau gazon, conçu avec le Français Eurofield et le Néerlandais Tencate Grass, n'a plus besoin de tels matériaux. Pour lui permettre de résister au piétinement, la densité des fibres a été augmentée.
« Par le passé, nous avons fait des sols avec du maïs, du liège, etc. mais nous avons voulu réduire encore l'impact carbone de ces produits », explique Fabrice Rivoal, directeur général d'Art Dan. Lors de la table ronde, il a ainsi listé les gains pour l'environnement : des émissions de CO2 réduites grâce à une masse totale du revêtement de 40 à 45 tonnes contre 250 à 300 tonnes pour un sol classique, un transport réduit à 6 ou 8 camions sur toute la durée de vie du produit contre 35 à 40 pour d'autres, un recyclage simplifié par la présence de deux seules matières (80 % polyéthylène, 20 % latex) et une très faible perte de masse (donc, peu de formation de microplastiques secondaires), même après 500 000 cycles.
source : Gazons synthétiques : les promesses d’une piste française / Véronique Vigne-Lepage - Gazette des communes - 05/06/2025
Nous vous renvoyons vers cette fiche pratique éditée par la Fédération française de football en mars 2024 qui fait le point sur les différents produits de remplissage des gazons synthétiques : Fiche pratique n°1 - gazon synthétique.
Le liège apparait pour l'heure en tête des solutions alternatives :
le ministère des Sports [...] précisait par ailleurs qu'à ce jour, les matériaux de remplissage alternatifs les plus connus étaient les granulés de liège, les noyaux d'olive concassés, les rafles de maïs concassées, les résidus de noix de coco et les particules de bois. Il ajoutait que "le choix de l'une ou l'autre des solutions revient à la collectivité". Parmi les critères techniques à prendre en compte pour effectuer ce choix, il citait notamment l'abrasivité, l'élasticité – qui permet de minimiser le risque traumatologique des pratiquants –, le niveau de pratique, la facilité d'entretien, la fréquence de remplissage, etc.
Le liège, en tête des solutions alternatives
Si la réunion du 21 mai n'a pas permis d'aller beaucoup plus loin en termes de solutions, elle a offert à la FFF l'occasion de présenter aux collectivités son enquête menée cet hiver auprès de ses clubs affiliés disposant d'une pelouse synthétique. Parmi les 1.144 réponses recueillies, on note tout d'abord qu'à l'heure actuelle, les granulats de remplissage en caoutchouc SBR – ceux qui sont voués à disparaître – représentent 73% du parc, tandis que les remplissages en liège (10%) et en "organique végétal" (4%) sont encore peu répandus. Il est toutefois encourageant de constater que le liège se développe assez rapidement : les terrains remplis avec cette matière n'ont, en moyenne, que 2,9 ans d'ancienneté, alors que ceux remplis en SBR ont près de 10 ans en moyenne et arrivent pour la plupart au bout de leur vie.
Les réponses à l'enquête de la FFF mettent par ailleurs en avant les qualités techniques du remplissage en liège, qui atteint des performances équivalentes ou supérieures à celles des remplissages en caoutchouc. De même, le remplissage par matière organique végétale génère moins de gêne olfactive. Et si le liège se comporte bien sous une forte chaleur, les granulats de SBR, à l'inverse, ont tendance à amplifier les effets d'îlot de chaleur du gazon synthétique en période estivale.
source : La mutation des terrains synthétiques est en route / Jean Damien Lesay pour Localtis - Localtis - 3 juin 2024
Quelques articles pour aller plus loin :
- Terrains synthétiques : les collectivités se projettent dans l’après microplastiques / David Picot - Gazette des communes - 18/02/2025
- Terrains synthétiques : des pistes pour anticiper l’interdiction des microplastiques / Véronique Vigne-Lepage - Gazette des communes - 01/02/2024
- Comment chasser les microplastiques des pelouses synthétiques / Sylvie Luneau - Gazette des communes - 24/04/2024
- Les microplastiques hors jeu sur les terrains synthétiques / David Picot - Gazette des communes - 23/10/2023
Bonne journée.