Auriez-vous des informations sur la salle de l'Aula du palais Rumine à Lausanne ?
Question d'origine :
Bonjour,
dans le cadre de mes études en menuiserie, on m'a donné pour mission d'effectuer un gros travaille de recherche sur une travail de menuiserie situé en Suisse. Celui-ci est situer à Lausanne dans le palais Rumine et plus précisément dans la salle de l'Aula.
Auriez-vous des informations architecturales ou historiques sur cette fameuse salle de l'Aula?
Je suis déjà entré en contact avec le palais Rumine et j'attends leur réponse mais toute information est bonne à prendre.
Merci par avance pour votre aide!
Réponse du Guichet

La salle de l'Aula du palais Rumine (fin XIXe) à Lausanne, destinée à ses débuts à l'enseignement universitaire, est de style italianisant. Composée d'axialité et de latéralité, elle est décorée sur les murs et le plafond voûté de fresques à la tempera, symboliques, mêlant des élément profanes et religieux. La modernisation de l'Aula a été annoncée en 2001 afin de pouvoir y accueillir le Parlement cantonal, des spectacles, des séminaires et des projections.
Bonjour,
Vous recherchez des informations architecturales et/ou historiques sur la salle de l'Aula du palais Rumine à Lausanne.
Le palais de Rumine, de style italianisant, est un bâtiment dont la construction débute en septembre 1898 d'après les plans de l'architecte lyonnais Gaspard André selon Wikipédia :
Les travaux mettent au jour les fondations du couvent de dominicains de la Madeleine, détruit au XVIe siècle, qui se trouvait à l'emplacement de l'aile sud du palais. Réalisé par Louis Bezencenet, Louis Girardet, Francis Isoz et Charles Melley après le décès du premier architecte, le palais de Rumine est inauguré le , mais n'est terminé qu'en 1906.
Selon le site du palais de Rumine, la salle de l'Aula, initialement dédiée à l'enseignement universitaire, [...] est utilisée par les équipes des musées présents dans le Palais de Rumine pour des événements accueillant un nombreux public : vernissages, conférences, projections. Elle est également fréquemment réservée par les services de l'Etat de Vaud mais également pour des conférences ou séminaires externes. Le site donne également quelques éléments de description et d'utilisation :
Décoration de la salle
Les peintures de l'Aula du Palais de Rumine sont l’œuvre du peintre Louis Rivier. Ce travail rendra l'artiste célèbre dans la région grâce aux recensions généralement élogieuses parues dans la presse.
Peintes entre 1915 et 1923, les fresques symboliques qui ornent sur près de mille mètre carrés les murs et le plafond de l’Aula représentent le plus grand ensemble décoratif de Lausanne. Exécutées dans un style qui, à l‘instar du bâtiment, rappelle la renaissance italienne, les fresques mêlent les éléments profanes aux thématiques religieuses.
La Religion est représentée au plafond, l’Enseignement sur les parois est et ouest, et les Arts et la Science sur les parois nord et sud.
Traité de Lausanne
Le 24 juillet 1923, les puissances alliées et la Turquie signent le Traité de Lausanne dans l’Aula du Palais de Rumine. Il s’agit du dernier traité résultant de la première guerre mondiale.
En novembre 2008, à la faveur d’une visite d’Etat, le président de la Confédération a offert à son homologue turc la table ayant servi à la signature du Traité de Lausanne. Celle-ci ne se trouve donc plus au Palais de Rumine.
Le 23 août 2001, un communiqué de presse du Bureau d'information et de communication de l'Etat de Vaud informe que la salle sera rénovée pour accueillir momentanément, à la fois le Parlement cantonal et des spectacles ou des séminaires :
Outres les utilisateurs traditionnels du musée, cette salle accueillera dès mardi prochain les sessions du Grand Conseil vaudois. Afin de permettre cette cohabitation qui devrait durer cinq à dix ans, l'aula a été adaptée et rénovée pour fournir un outil de travail moderne aux députés et des conditions améliorées aux autres utilisateurs.
Cette salle, initialement dédiée à l'enseignement universitaire, offre dorénavant une harmonie étonnante entre un plafond d'époque richement décoré et peint et un plancher ainsi que du mobilier moderne volontairement beaucoup plus sombres.
Les travaux apportant réhabilitation et améliorations techniques sont décrits dans Aula du Palais de Rumine / ETAT DE VAUD DEPARTEMENT DES INFRASTRUCTURES dont une partie est aussi consacrée au décor peint et une autre à la composition des lieux :
L’ensemble du décor peint de l’Aula de Rumine a été réalisé par Louis Rivier entre 1915 et 1923. Il se déploie de façon spectaculaire sur toute la surface des parois et du plafond de la salle, organisé en une trilogie qui présente sur tous les côtés les thèmes des arts et des sciences, dominés par des représentations de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il exprime l’élévation de l’homme à la connaissance et à la vie spirituelle. La dimension didactique des thèmes où les allégories des arts et des sciences côtoient les anges et les personnages marquants de l’histoire religieuse soulignent l’usage de ce lieu dévoué à l’université. De même la simplification de la représentation permet une bonne lisibilité de l’ensemble du décor.
Stylistiquement, cette œuvre se réfère à l’art de la Renaissance italienne de façon à s’harmoniser avec l’architecture du bâtiment. D’autres influences révèlent cependant chez Louis Rivier une connaissance élargie et une conception personnelle de l’histoire de l’art. Le choix de la technique utilisée dite à la « tempera » sur un enduit de plâtre constitue également une évocation de la Renaissance. La tempera est une peinture composée de pigments détrempés dans l’eau et additionnés de jaune d’œuf comme liant et posée à sec. Rivier n’utilisait pas de carton et exécutait le dessin préparatoire directement sur le mur.
L’examen de l’état de conservation révèle une usure normale des décors. La pellicule picturale est devenue pulvérulente à cause de la disparition partielle du liant. Toute la surface peinte est recouverte d’un dépôt sale composé de poussières atmosphériques qui se sont déposées en 77 ans. Celles-ci sont particulièrement bien visibles sur le ciel du panneau intitulé «La Science» et sur «Les Arts». Ce phénomène a été provoqué par le chauffage à air pulsé installé à l’origine: la poussière s’est incrustée dans la pellicule picturale déjà pulvérulente provocant un assombrissement de la gamme chromatique. De plus on observe des taches d’humidité de formes irrégulières sur toute la longueur des retombées des arcs et un soulèvement de la pellicule picturale qui est écaillée à plusieurs endroits.
Les aménagements de la salle ne vont pas aggraver l’état de conservation du décor. L’installation d’un nouveau système à air pulsé garantit le renouvellement de l’air sous les voûtes. Le choix de l’éclairage s’est porté sur une source froide pauvre en rayons ultraviolets pour éviter l’oxydation du liant et de faire pâlir les pigments organiques.
Il nous paraît important de prévoir dans un futur proche les travaux de conservation et de restauration qui stabiliseraient l’état des peintures et rendraient à l’œuvre l’éclat et la vivacité de ses couleurs d’origine. L’ensemble peint par Louis Rivier fait partie intégrante de l’Aula et contribue à la valoriser par sa qualité esthétique. Cette œuvre appartient au patrimoine culturel vaudois.
Jozef Trnka, restaurateur d’art
Franchissant enfin une des entrées de l’Aula, il découvre une salle à la mesure du Palais, couverte de décors peints sur ses murs et sa haute voûte. Les trois fenêtres sont là, ordonnant un grand côté de la salle, auquel font face les trois arcades de la galerie. Le visiteur perçoit désormais la subtilité du jeu des deux orientations perpendiculaires du Palais et de l’Aula qui a abouti aux deux entrées de cette dernière. Cette composition d’axialité et de latéralité anime l’ensemble du corps central du Palais provoquant le mystère des espaces cachés qui nourrissent notre imagination.
Le concept des interventions contemporaines réalisées ces dernières années dans l’édifice a consisté à établir un dialogue avec le bâti historique plutôt qu’à dissimuler les modernisations réalisées. Dans le cas particulier de l’Aula, les peintures murales omniprésentes de Louis Rivier, hautes en couleurs et riches de symboles, ont conditionné la sobriété de l’intervention contemporaine, spatialement réduite à l’essentiel. Le réaménagement de la salle a donc été concentré sur une plate-forme au sol et sur deux lignes au niveau des corniches de la salle.
Les deux lignes de structures métalliques reçoivent les éclairages et la sonorisation obligatoirement inscrits en hauteur dans l’espace, détachés des parois de manière à privilégier la continuité de l’enveloppe historique.
La plate-forme, également détachée des parois de la salle est une sorte de pont de navire qui intègre l’installation de ventilation, les installations électriques, le mobilier et qui constitue le principal élément correcteur de l’acoustique de la salle. Le visiteur « monte à bord » et prend conscience de sa position d’utilisateur évoluant dans un environnement symbolique.
La construction de la plate-forme, son revêtement ainsi que le mobilier sont en bois, reprenant les principes constructifs originaux. Les éléments de support des équipements techniques utilisent de nouveaux matériaux, le métal et le verre. L’ensemble de l’aménagement forme un fond uni noir sur lequel l’utilisateur se détache. Sa présence répond à celle des personnages qui peuplent les décors muraux au-dessus de sa tête.
Mettre en valeur la richesse culturelle de l’édifice, tirer parti de son important potentiel d’utilisation, sont les valeurs qui ont guidé les différentes étapes de restructuration.
Ces valeurs devront encore être privilégiées dans le futur, de manière à assurer que les aménagements à venir participent à l’enrichissement d’un patrimoine architectural dont la conception ingénieuse remonte à un siècle.
Ivan Kolecek, architecte
Pour approfondir vos connaissances sur les peintures de l'Aula, vous pourriez lire L'aula du palais de Rumine le décor de Louis Rivier / Patrick Schaefer, 1987
Bonne journées