Question d'origine :
Bonjour,
Les moustiques piquent-ils les humains morts ? Si oui, quel est le temps de délais des piqûres possible (heures, jours...) ? De quoi cela dépend-il (sang chaud, température extérieure...) ?
Merci pour vos lumières !
Réponse du Guichet

Si le moustique est un serial-killer notoire , il n’est pas nécrophage pour autant.
Alors, si vous êtes piqué.e, - réjouissez-vous ! - vous êtes vivant.e !
Si mort.e, vous leur échappez, vous ne couperez pas pour autant aux insectes nécrophages. Entomophobes, s’abstenir...
Bonjour,
les moustiques sont, certes, des insectes agaçants, mais qui piquent seulement pour se nourrir. Comme l’explique le National Géographic, ils - plutôt elles d'ailleurs - ont certaines préférences :
Il est important de noter que tous les moustiques ne piquent pas l’Homme. Seuls les moustiques femelles sont hématophages, et sur les 3 500 espèces de moustiques qui existent, seules« 15 % sont capables de piquer l’Homme», précise Anna-Bella Failloux. En effet, « le fait de piquer l’Homme est un caractère génétique défini.» Et parmi les moustiques anthropophiles, « 10 % peuvent transmettre quelque chose aux humains », note l’entomologiste.
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Nous ne sommes pas tous égaux face aux piqûres de moustique, et certaines personnes sont plus souvent piquées que d’autres. Avec les soies de ses antennes, le moustique perçoit le CO2 qui associe à la respiration animale, ce qui lui permet de repérer le sang chaud à une distance de 70 mètres. C’est aussi pour cela que certains pièges à moustiques fonctionnent avec l’émission de CO2. En plus du CO2, c’est aussi notre peau qui les attire. « Sur notre peau, nous avons des bactéries, et celles-ci vont libérer des molécules qui peuvent attirer plus ou moins les moustiques» résume Anna-Bella Failloux. « En fonction de notre état physiologique, de notre transpiration, de la température, des vêtements que nous portons, cela va modifier d’une certaine façon les molécules émises par ces bactéries. Et c’est ce cocktail un peu complexe qui fait que l’on attire plus ou moins les moustiques.
Selon les spécialistes d’entomologie médico-légale :
Sept à huit vagues d'insectes nécrophages se succèdent lors de la décomposition d'un cadavre humain exposé à l'air libre, dans un ordre précis, mais parfois en se chevauchant.
Selon les circonstances extérieures, la durée d'un cycle complet varie de quelques semaines à plusieurs années. Les 7 à 8 escouades décrites sont :
La première escouade est essentiellement constituée de diptères Calliphoridae (mouches vertes et bleues). Attirées par l'odeur d'un cadavre frais (encore inodore pour l'odorat humain), ces mouches arrivent de quelques minutes à quelques heures après la mort. Elles viennent pondre dans les orifices naturels et les éventuelles plaies d'un cadavre frais. À 20 °C, les œufs pondus sur le cadavre peuvent atteindre l’âge adulte en deux semaines.
La deuxième escouade arrive après un mois, attirée par la décomposition des matières fécales. Elle est composée de mouches Sarcophagidae et disparaît au 6emois.
La troisième escouade apparaît entre le 3e et le 9emois, attirée par l’odeur de graisse rance (acides gras volatils de la décomposition des graisses). Elle est constituée de petits coléoptères Dermestidae et de lépidoptères Tineidae.
La quatrième escouade, ou escouade coryétienne, arrive au dixième mois, attirée par la fermentation caséique. Il s'agit de diptères comme Piophila casei (mouche du fromage) et de coléoptères comme Cleridae.
La cinquième escouade, ou escouade silphienne, environ 1 ans après le décès, attirée par la fermentation ammoniacale. Il s'agit de diptères Muscidae (comme Phoridae) et de coléoptères Silphidae.
La sixième escouade est attirée par les dernières humeurs du corps. Elle est constituée uniquement d'acariens qui achèvent le dessèchement du corps.
La septième et huitième escouades surviennent après dessèchement total du corps, en se nourrissant des tissus encore présents au bout de deux ou trois ans, jusqu'à ce que le corps ne soit plus que poussières. Il s'agit de coléoptères Ptinidae et Tenebrionidae. La dernière escouade implique de nombreux arthropodes qui sont plus des opportunistes que des nécrophages stricts.
Ainsi on n’a jamais pu voir un moustique chez les Experts à Las Vegas - oui mais si dans Jurassic Park, me glisse mon collègue cinéphile -.
On peut en conclure que le plus sûr moyen d’échapper aux piqures de moustiques, en dehors des moustiquaires : être mort.e !
Si vous souhaitez en savoir plus sur ces insectes, vous pouvez consulter les articles suivants :
- la formidable réponse apportée par la Cité des Sciences qui explique «pourquoi certain.e.s se font plus piquer que d’autres» ;
- toutes réponses apportées précédemment par le Guichet Du Savoir et particulièrement celle portant sur la distance à laquelle peut se trouver un moustique qui tourne autour de nous ;
- sur l’utilité des moustiques, car oui, ils sont utiles ;
- un article de «The conversation» sur l’importance de bien penser la végétalisation des villes pour que les moustiques soient contrôlés.
Vous pouvez compléter vos connaissances par des livres issus de nos collections :
Mouches et moustiques d'Europe : reconnaître les principales familles de Diptères de Denis Richard et Pierre-Olivier Maquart
Mais qui a piqué Valérie ? : les moustiques attaquent, les pavillons se barricadent / une enquête littéraire de Pierre Carrey
Géopolitique du moustique d’ Erik Orsenna et Isabelle de Saint Aubin
et plus largement, une bibliographie portant sur les moustiques
Le petit peuple des cadavre de Damien Charabidzé avec une préface d’Audrey Dussutour
et plus largement une bibliographie sur l’entomologie médico-légale.
Enfin pour ambiancer cet article, nous vous invitions à mettre cet enregistrement comme fond sonore.