Quels journaux et revues lisaient les "bourgeois" en France entre 1910 et 1914 ?

Bonjour,

C'est entre 1870 et 1914, à la Belle époque, que la presse prend son essor et connaît son âge d'or grâce à l'industrialisation des procédés d'impression et d'illustration explique Gilles Feyel dans son livre La presse en France des origines à nos jours: histoire politique et matérielle, 2023, p. 154.

L’«âge d’or» de la presse qu’on attribue volontiers à la période reliant la Belle Époque à la Seconde Guerre mondiale est souvent caractérisé par des chiffres fabuleux de tirages et de ventes qui font frémir d’envie les patrons de presse et journalistes d’aujourd’hui peut-on lire sur le site de la BNF dans Popularité de la presse quotidienne (1890-1910).

Que ce soit à Paris ou en province les titres se multiplient. En nous concentrons sur la presse parisienne car nous manquons de temps pour élargir la recherche, nous avons recensé pour vous un certain nombre de publications que les hommes bourgeois pouvaient lire entre 1910 et 1914.

Journaux d'actualité

Début XIXe, Journal des débats (1789 - 1944), Le Constitutionnel (1815- 1914) anciennement L'indépendant, sont deux grands quotidiens libéraux.

Ajoutons à ceux là Le National (1830 - 1924) et Le Temps (1841 - 1942) :

Le 26 juillet 1830, à la veille de la Révolution de 1830, la bourgeoisie libérale soutient les journaux Le National, Le Globe, Le Temps de Nefftzer, le Journal du commerce qui rédigent et signent une pétition contre une ordonnance leur interdisant toute publication sans autorisation officielle.

 

Source : La presse en France des origines à nos jours : histoire politique et matérielle / Gilles Feyel, 2023, pp. 94-95).

En 1854 est lancé Le Figaro (1826) de tendance libérale, mais il ne traite pas de politique (Feyel, p. 145). Il suit l'actualité mais son contenu est léger, mondain, distrayant. Sa ligne éditoriale est issue des trois grandes familles de la droite (gaulliste, libérale et conservatrice) selon le spectre politique habituellement utilisé (Wikipédia).

L'Illustration (1843 - 1944), hebdomadaire politique très modéré, adopte une couleur libérale jusqu'à la fin du Second Empire, pour devenir républicaine après 1870 (Feyel, p.146). Lue par les élites mondaines et mondiales - ne proclame-t-elle pas en 1900 que "sa clientèle se compose surtout de la haute société française et étrangère" ? -, l'illustration est devenue une sorte d'institution (Feyel, p.147). Journal de la bourgeoisie républicaine, il s'oppose aux monarchistes, lors de l'instauration de la IIIe République, puis évolue durant l'entre-deux-guerres vers la droite, se montrant hostile au Front populaire (Wikipédia).

L'Excelsior (1910 - 1940 ou 43 ?). Sous-titré « journal illustré quotidien - informations, littératures, sciences, arts, sports, théâtres, élégances », Excelsior est un des premiers supports à privilégier au jour le jour l'information par l'illustration photographique (Wikipédia).

L'Univers illustré est un hebdomadaire d'actualité français qui a paru de 1858 à 1912, après une interruption entre 1902 et 1910 par fusion avec La Vie illustrée (Wikipédia).

Le Monde illustré (1857 - 1940). Axé sur l'international et les chroniques impériales, magazine prudent voire conservateur à ses débuts [...] En 1900, l'hebdomadaire s'ouvre à l'Art nouveau et propose des suppléments hors-série (Exposition universelle de 1900, Salon des artistes français, etc.), où la couleur est très présente (Wikipédia).

La Presse ( 1836 - 1953) a successivement soutenu une chose et son contraire (Wikipédia).

L'Écho de Paris (1884 - 1938) est un quotidien français créé sous la Troisième République, publié à partir du 12 mars 1884, avec une orientation plutôt conservatrice et patriotique. Il a eu comme propriétaire le richissime Edmond Blanc (1856-1920) (Wikipédia).

Mais les quatre plus grands journaux sont :

Le Petit Journal (1863 - 1944), quotidien parisien républicain et conservateur qui se dit apolitique (Wikipédia).

Le Petit Parisien (1876 - 1944) à ses débuts est plutôt de tendance anticléricale et radicale (gauche) [...] Lors des élections législatives de 1902, Le Petit Parisien est favorable à Adolphe Carnot [...] et à son Alliance républicaine démocratique, ni socialiste, ni radicale (Wikipédia).

Le Matin, (1883 - 1944) est alors favorable aux républicains modérés, opposé au boulangisme et aux idées socialistes (Wikipédia).

Le Journal (1892 - 1944). Son contenu éditorial change en 1911, date à laquelle le sénateur de la Meuse Charles Humbert est nommé directeur politique du quotidien. Il lui imprime alors une ligne politique conservatrice et nationaliste (Wikipédia).

Journaux humoristiques

Le Rire (1894 - 1971)

Le Sourire (1899 - 1940)

Fantasio (1906 - 1948)

Journaux catholiques

Le Pèlerin (1873). En 1894, c’est lui qui inaugure la 4^e de couverture, un dessin pleine page, de nature politique. Ces illustrations, sous le format de la caricature politique, diffusent l’idéologie catholique dominante du temps, notamment marquée par une hostilité à la laïcité et à la République, ainsi que par l'antisémitisme et l'anti-maçonnisme (Wikipédia).

La Croix (1880), journal catholique conservateur créé par Emmanuel d’Alzon, prêtre de la Congrégation des assomptionnistes, en 1880 (RetroNews).

PRESSE SPÉCIALISÉE

Économique et financière

Le Journal des chemins de fer (1842 - 1930 ?), devient en 1848 un journal à la fois financier, économique et généraliste (Wikipédia)

L'Agefi (1911), spécialisé dans la finance (Wikipédia).

Revues littéraires

Revue de Paris (1829 -1970)

Revue des deux-mondes (1829)

Magazines illustrés

La Vie illustrée (1898 - 1911) avait recours massivement à la photographie dans son traitement de l'actualité (Wikipédia).

La Vie au grand air (1898 - 1922) magazine illustré sportif (Wikipédia).

Pour approfondir le sujet :

- A bas la presse bourgeoise ! : deux siècles de critique anticapitaliste des médias, de 1836 à nos jours / Dominique Pinsolle, 2022

- Histoire de la presse française : de Théophraste Renaudot à la révolution numérique / Patrick Eveno, 2012

Bonne journée