Une activité insuffisante peut-elle entrainer des dysfonctionnements et une perte d'autonomie ?
Question d'origine :
Bonjour,
À la page 11 de « La gym douce senior » Jacques Choque affirme : « une activité inexistante ou insuffisante est à l'origine de certains dysfonctionnements réduisant notre autonomie ».
Je partage à priori cette opinion, mais j'aimerais trouver des sources à cette affirmation pour la confirmer, la préciser ou la nuancer. En particulier la nuancer en fonction de paramètres comme l'age, la pathologie, ...
Pour prendre un exemple vécu, sur mon téléphone - prétendument - intelligent j'ai téléchargé une application pour mesurer le nombre de pas que je fais, en l'occurrence « Pacer ». Cette application bien que je ne le lui ai rien demandé se charge de mesurer si j'ai fait 10 000 pas chaque jour. Or après une recherche sur un moteur de recherche je tombe sur « Faut-il vraiment faire 10 000 pas chaque jour pour être en bonne santé ? ».
Réponse du Guichet
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									- Département : Equipe du Guichet du Savoir
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									- Département : Equipe du Guichet du Savoir
								
													Le maintien de l’autonomie chez les seniors passerait avant tout par la prévention et un mode de vie actif. Une activité physique régulière, combinée à un bon sommeil, une stimulation intellectuelle et des liens sociaux, est décrite par plusieurs experts comme la clé de voute du « bien vieillir ».
Bonjour,
Le dossier thématique "Bien vieillir" sur Santé publique France est une bonne première approche sur la notion de dépendance et les moyens d'allonger la qualité de vie des personnes vieillissantes. Le rôle de l'environnement social jouerait un rôle prépondérant dans l'autonomie et la dépendance des personnes âgées :
Dans la mesure où la dépendance est difficilement réversible, la prévention et la préservation de l’indépendance dans les activités quotidiennes au plus tôt, avant que les premières incapacités ne se déclarent, est devenue une priorité de santé publique.
(...)
En France, on estime la prévalence de la fragilité entre 10 et 13% chez les plus de 55 ans.
Cette fréquence augmente de manière exponentielle avec l’âge, est plus importante chez les femmes et marquée par d’importantes inégalités sociales.
Source : Bien vieillir - Santé publique France
A ce titre, cette enquête de l'INSEE est essentielle pour se rendre compte des déterminismes sociaux et biologiques dans l'espérance de vie des hommes et des femmes : Les écarts d’espérance de vie entre cadres et ouvriers : 5 ans chez les hommes, 3 ans chez les femmes. Un ouvrier vit moins longtemps en moyenne qu'un cadre tandis que les femmes, quelles que soient leurs classes sociales, vivent plus longtemps que les hommes.
Néanmoins, l'espérance de vie en bonne santé à 65 ans aurait encore augmenté pour l'année 2023 (derniers chiffres publiés en janvier 2025), selon les chiffres de Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).
Pour accompagner le vieillissement massif de la population, le site pourbienvieillir (géré par les organismes de retraité et Santé publique France) offre de précieux conseils et liste les bonnes pratiques à mettre en place pour vieillir en bonne santé. Pratiquer une activité physique est excellent pour le corps et l'esprit, mais il serait tout aussi essentiel de bien dormir, d'adopter un bon rythme de vie, de continuer à stimuler ses neurones ou de suivre un régime alimentaire équilibré.
Dans L'activité physique un atout pour bien veillir (In Press, 2022), Frédéric Chorin docteur en STAPS, énumère les nombreux bienfaits de l'activité physique régulière, autant pour le corps que pour l'esprit, que pour l'estime de soi. L'inactivité physique et la sédentarité sont bien considérées comme des risques d'augmentation de la perte d'autonomie (p.57). Ces données sont fournies en p. 62 :
A terme, l'inactivité physique contribue à maintenir l'autonomie des personnes âgées. Dans l'ensemble, comparées à des hommes et femmes inactives, les personnes âgées plus actives :
- Ont un plus faible taux de mortalité toutes causes confondues, cardiopathies coronariennes, hypertension artérielle, accidents vasculaires cérébraux, diabète de type 2, cancer du colon et du sein ;
- Ont une plus grande capacité cardiorespiratoire et musculaire, une masse corporelle et une répartition des tissus plus saines.
La suite du chapitre dresse la liste des bienfaits : maintien et/ou amélioration des fonctions motrices et des capacités respiratoires, procuration de plaisir, renforcement de l'estime de soi, relaxation et bien-être psychique, lutte contrer l'isolement en favorisant l'interaction social et la sociabilisation etc.
Le professeur Eric Boulanger abonde dans ce sens dans son livre Je décide de vieillir bien (Odile Jacob, 2021), considérant l'activité physique comme la "clé de voute" du bien vieillir. Attention toutefois à l'intégrer dans une vision globale, aux côtés de l'activité cérébrale, la qualité du sommeil, les interactions sociales et l'alimentation...(p.73) :
L'activité physique est la meilleure des activités et la plus bénéfique d'entre celles qui permettent d'aller non seulement vers un vieillissement réussi mais aussi de réduire significativement le risque de dépendance, notamment physique. De nombreuses études l'ont démontré. Même en dehors des effets positifs directs sur les os (prévention de l'ostéopénie et de l'ostéoporose) et les muscles (prévention de la sarcopénie), effets qui seront développés plus loin, l'activité physique est efficace contre le vieillissement cérébrale et notamment via la production de molécules bénéfiques sécrétées par les muscles en activité (myokines). Les myokines qui remontent au cerveau lui envoient des messages ralentissant le vieillissement.
Source : Je décide de vieillir bien (Odile Jacob, 2021) (p. 74-75)
Le Dr Olivier de la Doucette dans son très riche Nouveau guide du bien vieillir (Odile Jacob, 2022) est lui aussi formel sur l'étude des bienfaits de l'activité physique et sa capacité à augmenter la qualité de vie :
Les bienfaits de l'activité physique et sportive après 50 ans ont été largement plébiscités par le corps médical et relayés par les médias. Pourtant, en France, moins d'un quart des séniors font régulièrement de l'exercice. Les arguments en faveur d'une pratique sportive sont cependant nombreux.
L'exercice physique limite franchement les risques de décès ; en d'autres termes, les sportifs vivent en meilleure santé et plus longtemps. Cette affirmation est confirmée par de très nombreuses enquêtes françaises et internationales.
Une enquête américaine a montré que des sujets inactifs qui se mettent à faire régulièrement de l'exercice physique ont une mortalité inférieure à celles des sujets sédentaires.
Source : Le nouveau guide du bien vieillir (Odile Jacob, 2022) (p. 507)
L'auteur précise (p. 508) qu'aucune limite d'âge n'existe pour commencer à faire du sport et insiste "l'essentiel est de commencer". "Il a même été prouvé que l'exercice permettait de diminuer, voire d'annuler les risques de mortalité liés au tabagisme, à l'hypertension et au diabète".
Enfin, une double page consacrée à la pratique du sport et à certaines maladies (p. 530) explique comment faire cohabiter certaines pathologies inévitables avec l'âge à une pratique sportive : hypertension artérielle, arthrose, diabète et même les coronariens pour lesquels certaines pratiques sont certes, proscrites (sports d'équipe) mais beaucoup encouragées (endurance, natation, ski de fond) si l'état coronarien de la personne est stabilisé ! Il insiste sur le rôle et l'importance de l'activité physique, même chez les personnes malades.
Bonne journée.
 
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