Pourquoi le collège de Fontaines-sur-Saône porte-t-il le nom de « Jean de Tournes » ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je souhaiterais savoir pourquoi le collège de Fontaines-sur-Saône porte le nom de « Jean de Tournes ». S’agit-il d’un hommage à l’imprimeur lyonnais du XVIᵉ siècle ?
Je vous remercie pour votre aide.
Réponse du Guichet
Malgré nos recherches, nous n'avons pas trouvé de lien direct entre Jean de Tournes et Fontaines-sur-Saône qui expliquerait de manière évidente pourquoi le collège a choisi de se nommer ainsi. Il s'agit selon nous d'un hommage à une figure de l'histoire de la vie intellectuelle de la région.
Le collège Jean de Tournes à Fontaines-sur-Saône a été inauguré en avril 1970, comme l’atteste une enquête annuelle du Rectorat de Lyon (page 16), disponible aux Archives départementales du Rhône : Enquêtes n° 16 de rentrées scolaires.
Nous avons interrogé le collège pour savoir pourquoi le collège se nommait ainsi et si Jean de Tournes avait un lien particulier avec la commune de Fontaines-sur-Saône.
L’équipe de direction actuelle n’a aucun élément sur les motivations exactes qui ont présidé au choix de la figure de Jean de Tournes pour nommer l’établissement, et qu’elle n’en a pas non plus sur les liens de l’imprimeur avec la commune de Fontaines sur Saône.
Nous avons pour notre part enquêté sur Jean de Tournes et ses descendants, mais nous n’avons pas trouvé nous non plus de lien évident entre Fontaines-sur-Saône et Jean de Tournes.
Né en 1504 dans le quartier de Saint-Paul, issu d’une famille picarde, son père, orfèvre, est installé rue de la Saunerie, au bord de la Saône. On sait peu de choses de ses années de formation, mais celles-ci lui ont permis d’apprendre quatre langues. Il devient compositeur pour l’imprimeur Sébastien Gryphe, avant de s’établir à son compte et de prospérer dans le domaine de l’imprimerie entouré de ses fils. Figure majeure de l’humanisme lyonnais, il se tourne vers la littérature après avoir longtemps imprimé des ouvrages religieux.
« De fait, il joue un rôle particulièrement actif dans la promotion à Lyon de la littérature féminine ; il contribue avec – ou grâce à – Antoine du Moulin à ce « climat lyonnois » propice à l’émergence d’une parole féminine, qu’évoque celui-ci dans sa préface aux Rymes de Pernette du Guillet, dans le contexte du grand débat sur la philosophie de l’amour et de la valorisation de Lyon comme un pôle majeur d’affirmation culturelle et d’innovation poétique. »
Converti au protestantisme vers les années 1540–1545, il meurt de la peste à Lyon en 1564, laissant l’atelier à son fils Jean II de Tournes. Persécutée comme famille huguenote, la maison de Tournes se replie à Genève en 1585, où la dynastie d’imprimeurs se maintient jusqu’à la fin du XVIIIᵉ siècle avant un retour à Lyon au XVIIIᵉ siècle
Jean de Tournes a pour marque typographique l’emblème de Deux Vipères empruntée à André Alciat, un des premiers auteurs qu’il publie.
Source : Dictionnaire historique de Lyon. Patrice Béghain, Bruno Benoit, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon. Ed.Stéphane Bachès, 2009.
Nous supposons donc que nommer le collège "Jean de Tourne" était un moyen d’honorer un imprimeur-libraire humaniste du XVIᵉ siècle, qui a marqué l’histoire intellectuelle et culturelle la région. Cela donne à l’établissement un patron prestigieux, lié au savoir, à la lecture et à l’ouverture sur le monde.
Pour aller plus loin :
Les livres de Jean de Tournes s'inspirent-ils des éditions vénitiennes de Gabriele Giolito de Ferrari ? Guichet du Savoir
Métropoles et périphéries : qui les habitent ?