Question d'origine :
Bonjour, un ami m'a envoyé cette citation en me disant qu'elle était d'Albert Einstein. Moi je pense plutôt qu'elle est de Jean-Jaurès. La voici : "il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir."
Sur Internet, on trouve les deux auteurs. Pouvez-vous me dire quel est le bon ? !
Sur Internet, on trouve les deux auteurs. Pouvez-vous me dire quel est le bon ? !
Merci beaucoup.
anne-Marie A.
Réponse du Guichet
Malgré nos recherches, nous n'avons pas trouvé l'origine de cette citation. Comme de très nombreuses citations relayées sur internet, nous pensons qu'elle est probablement apocryphe.
Bonjour,
Malgré nos recherches, nous ne parvenons pas à retrouver l'origine de cette citation.
Il semblerait que ce soit une citation apocryphe, c’est à dire attribuée à un auteur mais dont on ne trouve jamais la source soit parce qu’il n’en est pas l’auteur soit parce que la citation a été déformée et correspond seulement à des idées de l’auteur.
Nous avons trouvé des occurrences où les termes "passé", "présent" et "avenir" sont mentionnés dans la même phrase prononcée ou écrite par Jean Jaurès mais le sens est bien différent de votre citation. Quelques exemples :
Oh ! je ne dis pas du mal du présent ; je trouve médiocres les hommes qui ne savent pas reconnaître dans le présent la force accumulée des grandeurs du passé et le gage des grandeurs de l'avenir. (Très bien ! très bien .) Je ne méconnais donc pas le présent. Mais enfin il n'est qu'un moment dans l'humanité en marche. Et il y a dans quelques-uns de nos manuels une sorte d'admiration un peu complaisante et béate pour les choses d'aujourd'hui qui est injurieuse pour le passé et stérilisante pour l'avenir. (Applaudissements) Je vous l'avoue, quand je lis dans nos manuels, à la charge des siècles passés, à la charge de la monarchie, qu'alors les riches vivaient dans des palais splendides et que les pauvres végétaient dans des taudis...
source : Discours du citoyen Jean Jaurès / Prononcé les 10 et 24 Janvier 1910 à la Chambre des Députés - Oeuvres, tome 12, textes rassemblés de Jean Jaurès
Non, je ne fais pas appel a ces forces mystiques, je ne fais pas appel à ces forces d’avenir, je vous dis, et il faut que je le répète, parce qu’il faut que nous marquions les uns et les autres pour aujourd’hui et pour demain, pour le présent et pour l’avenir, pour la conduite du lendemain et les responsabilités du passé, il faut que nous marquions les principes qui nous dirigent. Eh bien ! je vous dis que, dès aujourd’hui, dans la société humaine si brutale, si discordante, si aveugle, il y a, dès aujourd’hui, des forces de raison, de justice, de civilisation et de paix auxquelles il ne manque que d’être reconnues par les dirigeants eux-mêmes.
source : Contre le protectorat établi au Maroc (Discours prononcé à la Chambre des députés, le 28 juin 1912) in Oeuvres, tome 17, textes rassemblés de Jean Jaurès
Les hommes de 48, que vous paraissez aimer, étaient généreux, mais ils étaient bien agaçants. Ils ne parlaient de l’Avenir qu’avec une majuscule, et ils l’opposaient au Passé et au Présent, comme un archange de lumière à un démon des ténèbres. Sans cesse ils sentaient passer dans leurs longs cheveux et frissonner dans leur longue barbe les souffles de l’avenir. Ils attendaient l’homme de l’avenir, la société de l’avenir, la science de l’avenir, l’art de l’avenir, la religion de l’avenir. Je crois bien qu’ils trouvaient le modeste soleil qui nous éclaire bien médiocre, bien bourgeois, et qu’ils attendaient le soleil de l’avenir.
source : Au clair de lune - Action socialiste, première série - 1899 (p. 106-114). "La dépêche" du mercredi 15 octobre 1890
Jamais le système social ne réalisera la justice. Il est douteux que la démocratie absolue puisse convenir aux grands États modernes, et Rousseau, quand il définit la souveraineté du peuple, semble désespérer qu’elle devienne jamais une réalité. En outre, comment, en dehors du communisme primitif dès longtemps aboli, établir l’égalité ? Et comment ramener ce communisme dans les sociétés corrompues et divisées ? Ainsi Jean-Jacques s’enfiévrait de douleur et d’impuissance à porter un rêve de perfection humaine et sociale qu’à aucun moment de l’histoire, ni dans le passé, ni dans le présent, ni dans l’avenir, la réalité n’accueillait. Il se jetait ainsi hors des temps dans un déisme passionné et presque chrétien qui lui promettait, en un ordre inconnu, les harmonies de justice que le monde immense refusait à son cœur tourmenté.
source : La Convention. Difficultés et déchirements pages 215 à 441.
...
On retrouve toutefois une phrase approchante dans Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas :
Après quoi, content de la façon dont il s’était conduit à Meung, sans remords dans le passé, confiant dans le présent et plein d’espérance dans l’avenir, il se coucha et s’endormit du sommeil du brave.
source : Les trois mousquetaires - Tome I / Alexandre Dumas
Nous avons posé votre question à des spécialistes de Jean Jaurès et du socialisme. Nous ne manquerons pas de vous tenir informée de leur réponse dès qu'elle nous parviendra.
Bonne journée.
Voyage voyage