Dispose-t-on de documents qui décrivent la chapelle pyramidale ?
Question d'origine :
Dispose-t-on de documents qui décrivent la chapelle pyramidale qui précédait la chapelle des Brotteaux et sa crypte construite début XXeme pour la remplacer?
Réponse du Guichet
Il a bien existé aux Brotteaux une chapelle pour célébrer les "parents et amis morts au champ d'honneur ou sous la hache des bourreaux" victimes de la Terreur, et notamment du siège de Lyon en 1793. C'est en effet sur les plaines des Brotteaux que furent fusillées de nombreuses victimes.
L'ouvrage Le monument religieux des Brotteaux détaille l'histoire des différents monuments qui se sont succédés aux Brotteaux pour commémorer les victimes du siège de Lyon. Dès 1814, les démarches sont lancées, et en 1819, la première église est terminée ; le livre en donne une description :
En 1819, l'église était terminée. D'aspect sombre et grave, cette chapelle expiatoire rappelait, selon le goût de l'époque, les monuments funé-raires de l'Egypte, de Byzance ou de Rome. Une haute pyramide, aux larges assises de calcaire, formait la façade et dérobait aux regards les murs en terrasse de l'édifice. Près du sommet de cette pyramide s'étalait une croix sculptée. A la base, sur un vaste perron, s'ouvrait la porte de l'église ; deux massives colonnes soutenaient un fronton, dont le linteau portait cette inscription :
A LA GLOIRE DE DIEU A LA MÉMOIRE DES VICTIMES DU SIÈGE DE LYON, 1793.
Longue de trente-cinq mètres, sur dix-huit de largeur, l'église comprenait une nef principale et deux basses nefs, au cintre surbaissé, reposant sur de lourds piliers d'ordre dorique dans la demi-lumière venue des fenêtres étroites des bas côtés. A droite et à gauche de l'entrée, deux absidioles abritaient les urnes commémoratives qui, plus tard, ont dû être transférées dans la nouvelle chapelle. Aux bas côtés, percées dans les murs latéraux, deux ouvertures, destinées d'après le plan primitif à donner accès dans l'église, furent converties en petites chapelles dédiées à Saint Joseph et à Saint Antoine de Padoue. Dans l'abside, au-dessus de l'autel qu'éclairait un ciel ouvert, s'élevait une statue de la Vierge. Quand les Pères Capu-cins vinrent desservir le monument, le choeur fut prolongé et une boiserie ajourée isola de l'église le choeur des religieux. Une table de communion en fer forgé fermait le choeur de la nef et des bas côtés. Sous l'église, un caveau voûté, auquel on accédait par une porte placée sous l'abside, devait recevoir les ossements. L'église, sous le vocable de la Sainte Croix, fut bénite et solennelle-ment inaugurée le 28 mai 1819, avec le concours de la garde nationale et en présence des autorités. La fête patronale était fixée au 3 mai. Par un Bref du 13 avril 1821, le Pape Pie VII accorda au nouveau sanctuaire de nombreuses indulgences.source citée, p.20,21
En 1823, les fosses funèbres des victimes sont localisées, les squelettes exhumés puis portés au caveau du monument où le cerceuil du général de Précy reposait déjà depuis septembre 1821.
A la fin du XIXe le monument est victime de l'expansion urbaine du quartier : le prolongement des rues Louis-Blanc et de Créqui nécessite sa destruction. La commission de 1814 en charge de celui-ci obtient au terme d'une longue bataille la construction d'une nouvelle église expiatoire à proximité. Cele-ci fut inaugurée en 1906.
Une gravure illustre l'article, et on trouve même une photographie du bâtiment, malheureusement ni l'une ni l'autre ne sont sourcées ; elles donnent cependant une bonne idée de l'allure du bâtiment.


Entre temps, apprend-t-on dans Histoire des églises et chapelles de Lyon, le monument aurait servi de chapelle à l'école Ozanam (en tout cas il en constituait une extension) ; cependant, cet aspect-là n'est pas du tout évoqué dans l'ouvrage précédent pourtant consacré à ce monument :
Au flanc gauche du vieux monument des Victimes, près de la porte du caveau, s'amorçait une salle oblongue, divisée en petits compartiments et éclairée de fenêtres inégales : elle avait servi jusque-là aux bons Pères de « Pénitencerie » pour la confession des hommes. On abattit les cloisons, et l'espace ainsi dégagé devint la nef de la nouvelle chapelle. Peu de temps après, on construisit à la suite, un transept et une abside dont la voûte cintrée fut raccordée tant bien que mal au plafond surbaissé de la salle. On meubla, on orna peu à peu l'intérieur pendant qu'à l'extérieur une végétation luxuriante de vigne vierge et de lierre envahissait les murs bruts, et là, pendant plus de vingt ans, se concentra toute la vie religieuse de la maison : messes, bénédictions, catéchismes et conférences. Plus rien ne reste aujourd'hui de cette chapelle rustique ni de la funèbre pyramide qui la couvrait de son ombre : sur leur emplacement soigneusement nivelé s'aligne la rue Créqui et les passants indifférents foulent aux pieds leurs communs souvenirs.
source citée, p. 367
Voir la photo en illustration sur laquelle on distingue bien le monument "rattrapé" par les constructions alentours :

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