Question d'origine :
Bonjour, je cherche à connaitre l'origine du nom de la rue Grenette, sachant que l'on en trouve pas mal (déjà à Lyon) mais aussi dans le sud de la France. Je crois mais je n'en suis pas sûr qu'il s'agit d'un mot provencal (ou de langue d'oc ?) qui a un rapport avec le grain... Mais je n'en sais pas plus.
Pouvez-vous m'en dire plus d'un point de vue toponymique.
Merci.
Julien
Réponse du Guichet

L’origine du nom de la rue Grenette, une des principales artères de Lyon du XVe au XVIIIe siècle, provient simplement de la Halle aux Grains – espace dédié au commerce des blés et autres sortes de grains – qui y fut établie et qui exista jusqu’à la vente du bâtiment en 1791.
Voici la définition donnée par le Trésor de la langue française informatisé (TLFI) du mot "Grenette":
A. Petite graine. Il a son grand chapeau tout cabossé, tout étiré, tout lavé des pluies de l'an, tout poudré des poussières et des grainettes de l'été (GIONO, Solit. pitié, 1932, p. 117). B. Fruit d'un nerprun, dont les propriétés tinctoriales sont utilisées pour les tissus, notamment la soie. Synon. graine d'Avignon. Le plus souvent au plur. Petits grains fabriqués à partir de la poudre de baies de nerprun, donnant une couleur jaune, utilisée par les peintres de miniatures et les teinturiers (d'apr. Ac.). C. Au plur. Grains de poudre qui restent sur le tamis lorsqu'on passe la poudre sèche (d'apr. LITTRÉ). Prononc. et Orth. : Ds Ac. dep. 1762; 1762-1878 : grenettes; ds Ac. 1932 : grenette. La graph. gre- est attestée aussi ds Lar. 19e-Lar. encyclop., LITTRÉ, DG. Var. grainette ds BESCH. 1845 (qui ne donne pas gre-), Lar. 19e-20e. V. égrener. Étymol. et Hist. 1. 1573 grenette "halle aux grains" (PARADIN, Hist. de Lyon, p. 212 ds GDF.); 2. 1723 grainette "graines d'Avignon, fruit du lycium servant à fabriquer une couleur jaune" (SAVARY : Grainette. Graine propre à teindre. Voyez Graine d'Avignon [...] Il a quantité de ces arbrisseaux [lycium] aux environs d'Avignon, d'où cette Graine a été appellée Graine d'Avignon); 3. 1867 grenette "graine de poudre restant sur le tamis quand on passe la poudre" (LITTRÉ). 1 est uniquement fr.-prov. (cf. FEW t. 4, p. 229a) et on peut y voir un dér. régr. de grenetier (grainetier*) ou de granataria "halle aux blés" (Digne, 1433 ds MEYER Doc.); 2 est dér. de grain* I, graine* avec suff. -ette* d'apr. le prov. graneto d'Avignoun, lui-même dér. du prov. gran « grain » (MISTRAL); 3 dimin. de grain* I, suff. -ette*. Bbg. HOPE 1971, p. 41. |
Selon cette définition, le terme serait donc issu de grenetier (grainetier) ou de granataria ("halle aux blés").
Ceci explique que l’on retrouve une rue Grenette (ou de la Grenette) dans de nombreuses villes de France.
A l’époque la rue Grenette ne se prolongeait pas jusqu’à la Saône, mais s’arrêtait à la hauteur de l’actuelle rue de Brest, du côté de l’est, et se prolongeait en faisant un coude du côté nord, sous le nom de rue de la Basse-Grenette, jusqu’au croisement de la rue Dubois actuelle.
Cette rue accueillait également quelques célèbres imprimeries, comme celle d’Aimé Delaroche, des Ballanche père et fils, puis des anciennes imprimeries Mougin-Rusand, dont on retrouve une gravure dans le Le Lyon de nos pères d'Emmanuel Vingtrinier (p.177, voir ci-dessous en pièce jointe). Certaines imprimeries eurent une renommée considérable :
"L’imprimerie d’Aimé De la Roche […] située aux Halles de la Grenette, est, après celle du Louvre, la plus belle du royaume, soit par la vaste étendue de la salle qui la contient, la multiplicité des caractères romains, italiques, grecs et autres, qu’elle renferme, soit par le nombre des ouvriers qui y sont occupés" (in Almanach astronomique et historique de la ville de Lyon, Lyon 1778, p.199).
Aujourd’hui, il ne demeure que d'infimes parties de l’ancienne Halle de la Grenette que l’on peut encore apercevoir, en levant la tête, sur le tronçon de la rue de Brest compris entre la rue Grenette et la rue Tupin (au dessus du magasin de cuir "Barret").
- Dictionnaire de lyonnaiseries, par Louis Maynard, t.II, p.295-302.
- Le Lyon de nos pères, par Emmanuel Vingtrinier, p.175-178.
- Pierre-Simon Ballanche et le "Bulletin de Lyon", par Pierre Riberette
- "La Halle de la Grenette, d'après un dessin d'Alexis, du milieu du XIXe siècle", gravure dans Le Lyon de nos pères d'Emmanuel Vingtrinier, p.177.
Pièces jointes

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