Reste-t-il des vestiges de l'ancien Château Pierre Scize ?
Question d'origine :
Bonjour,
Reste-t-il des vestiges, des murs ou fondations de l'ancien Château Pierre Scize dans le 9ème arrondissement de Lyon, ou tout a t'il été réellement détruit ? Je m'interroge sur les pans de murs que l'on voit montée de la Sarra et montée du Greillon.
Merci et bonne journée


Réponse du Guichet

D'après nos recherches, il est fort peu probable que quoi que ce soit ait survécu au château perché sur l'éperon de Pierre-Scize. En revanche, le rocher a été occupé par d'autres bâtiments de pierre depuis sa destruction, ce qui pourrait expliquer les pans de murs en pierre qui subsistent encore.
Au sujet du château de Pierre-Scize, nous avons répondu par le passé à des questions proches de la vôtre.
Existe-t-il des châteaux à Lyon ?
Pierre Scise ou le Rocher de Thune
et surtout :
La destruction de la Prison de Pierre Scize
on y apprend notamment :
Ce qui explique sans doute que nous n’ayons trouvé aucune gravure des ruines du château Pierre-Scize dans les nombreux documents consultés. En outre il est permis de supposer sans trop de risque d’erreur qu’il n’en existe point car « Il ne restait du château de Pierre-Scize que quelques pans de muraille. » ( L’Histoire monumentale de la ville de Lyon ). En effet « tous les matériaux (métaux, mais aussi salpêtre, ainsi que les pierres et moellons, le bois) qui provenaient des démolitions avaient été déclarés propriétés publiques, et affectés aux besoins de l’état. »
Juste avant la Révolution, le château servait de prison, ce qui explique l'acharnement qu'on mit à la démolir :
...se sont transportés au ci-devant château fort de Pierre Scise. Leur premier soin , en arrivant dans ce séjour de la douleur, a été de rendre aux malheureux qui étaient détenus la visite de consolation qu'ils leur devaient. Quelques-uns d'entre eux, reconnus innocens, ont été mis en liberté , et sont allés se réunir avec une joie attendrissante au grand nombre d'ouvriers qui avaient été appelés pour la démolition. Les représentais du peuple étant montés au sommet de cette tour monstrueuse qui fut si long-temps l'effroi du genre humain, ont rendu le ciel, impatient de la voir tomber, témoin du coup mortel qu'ils a lui ont porté au nom du peuple et de l'humanité. A ce signal, des milliers de bras se sont « levés pour écraser cet édifice hideux dont l'existence fait frémir la nature , et ne fut cependant qu'un des moindres crimes des rois.
Source : Histoire de Lyon : depuis sa fondation jusqu’à nos jours, Pierre Clerjeon, 1829 (p.17-18) - disponible en ligne
Il semble même qu'après la destruction du château lui-même, le rocher ne fut pas en reste puisqu'il subit lui aussi l'assaut des pioches :
Les archevêques et le chapitre avaient leurs forteresses principales dans le cloître de Saint Just et sur le rocher de Pierre-Scise. Ce rocher de granit qui s'élève encore menaçant sur la rive droite de la Saône et à l'entrée septentrionale de la ville, quoique depuis trente ans on creuse ses entrailles pour les chaussées et pour les ponts , était très bien situé pour un pouvoir sacerdotal.
Source : Histoire de Lyon : depuis sa fondation jusqu’à nos jours, Pierre Clerjeon, 1829 (p.9) - disponible en ligne
Sur le site Les Rues de Lyon, la notice sur le quai Pierre Scize précise à propos du château :
Le 9 septembre 1792, des révolutionnaires sont entrés au château de Pierre Scize et ont massacré la garde. L’année suivante, le château et la falaise sont devenus une carrière. Sur l’emplacement libéré, on construisit l’entrepôt pour le fourrage de la cavalerie. En 1812, on continuait de creuser dans le rocher de Pierre Scize pour agrandir la route de Paris.
Le château a donc bel et bien été entièrement détruit, semble-t-il, car les pierres, dont la réutilisation était garantie par les nombreuses constructions alentours, s'arrachaient certainement, d'autant plus que le rocher était devenu une carrière (pourquoi aurait-on creusé et taillé la pierre si des moellons parfaitement utilisables subsistaient encore). Les vestiges qu'on observe aujourd'hui pourraient être par exemple ceux de l'entrepôt construit sur l'emplacement du château.
Mais nous pouvons pousser plus loin nos recherches: l'ouvrage Les Défenses de Lyon consacre un chapitre aux traces laissées par les enceintes de la ville, et on peut lire (p.228) :
Deux itinéraires s'offrent alors. L'un par l'ancienne route stratégique de la montée de la Sarra permet de rejoindre le rocher de Pierre-Scize sur lequel repose encore les murs de la batterie du XIXe siècle qui servent d'assise à une maison particulière.
Il semble donc que, bien après la Révolution et l'entrepôt à foin installé sur le rocher de Pierre-Scize, on érigea sur l'éperon rocheux une batterie dont on reconnait encore aujourd'hui les vestiges.