Théorie et définition

Réponse du Département Civilisation

Quelques définitions pour commencer :

Cartésien, ienne adj. (kar-té-zi-ain, iène --- de Cartesius, nom latinisé de Descartes). Qui appartient à Descartes ou à sa doctrine : La philosophie CARTESIENNE. Un philosophe CARTESIEN. La chose vint à ce point qu’il ne fut presque plus permis de se dire CARTESIEN qu’à la condition de soutenir que les bêtes sont des machines. (Flourens)
--- s. m. Partisan du système philosophique de Descartes : CARTESIENS, malebranchistes, jansénistes, tout se déclare contre moi. (Volt.)
Malebranche est de tous les CARTESIENS celui qui a le mieux aperçu les causes de nos erreurs. (Condill.)
Telle est la définition que donne Le grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse.

Voici celle du Petit Larousse de 2001 :

Cartésien, ienne adj et n. Relatif à la philosophie de Descartes : qui en est partisan --- adj. 1. Méthodique et rationnel. Esprit cartésien. 2. ALGEBRE. Produit cartésien de deux ensembles E et F : ensemble noté ExF, des couples (x, y)… --- Repère cartésien : … --- Coordonnées cartésiennes d’un point : composantes, dans la base de vecteurs du repère utilisé du vecteur ayant pour origine l’origine du repère et pour extrémité le point donné.

Celle du Petit Robert de 2004 :

Cartésien, ienne adj. --- 1665 1. Relatif à Descartes, à ses théories, à sa philosophie. Le rationalisme cartésien. --- MATH. Repère cartésien. Système d’axes cartésiens. Coordonnées cartésienne. 2. Partisan de la philosophie de Descartes. --- N. Les cartésiens. 3. PAR EXT. Esprit cartésien, qui présente les qualités intellectuelles considérées comme caractéristiques de Descartes (clair, logique, méthodique, rationnel, solide). Des individus « solides, pondérés, cartésiens comme des boeufs » (Marcel Aymé). CONTR. Confus, mystique, obscur.

De ces trois définitions, il appert que jusqu’aux années 1880, l’adjectif cartésien n’avait qu’un seul sens très précis : qui appartient à Descartes ou à sa doctrine.
Le deuxième sens « méthodique et rationnel » n’apparaît que dans les dictionnaires du XXe siècle.

Voici ce qu’en pense Jean-François Revel dans son essai de 1976 « Descartes inutile et incertain » : « Ce serait un puissant briseur de mythes, l’auteur qui parviendrait à défaire le lien établi entre l’adjectif « cartésien » et la notion de rationalité, qui nous délivrerait de l’usage habituel de « cartésien » comme synonyme de « méthodique » et « logiquement cohérent ». Une grave erreur historique serait ainsi effacée et, d’autre part, on verrait disparaître un tic de langage bien superflu --- l’invocation du patronage cartésien à propos de toute démarche impliquant apparemment quelque suite dans les idées. »

Ce qui semble indiquer que, selon Revel, Descartes lui-même n’était pas « cartésien » au sens dérivé du terme qui s’est progressivement imposé, et déposé dans les dictionnaires récents ! Si vous voulez approfondir la question, nous ne pouvons que vous recommander de lire l’essai en question qui est consacré à la débrouiller :
Pourquoi des philosophes… de Jean-François Revel, p. 723-764.

Si vous désirez savoir comment s’est faite, historiquement, l’assimilation entre esprit méthodique et rationnel et esprit français, vous pouvez consulter l’ouvrage très complet de François Azouvi : Descartes et la France

Si par « sciences spirituelles » vous entendez, entre autre, l’étude de phénomènes paranormaux, voici le point de vue d’un connaisseur en ces matières :
Descartes était-il cartésien