Massif occidental - Westwerk - Eglise-porche
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Le 07/05/2007 à 14h14
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Question d'origine :
Bonjour,
Ce site est vraiment extraordinaire !
Je m'intéresse depuis peu à l'architecture romane et j'aimerais avoir la définition des termes cités ainsi que, si c'était possible, des illustrations permettant de cerner précisément leur sens.
D'avance merci.
Réponse du Guichet

Dans le Dictionnaire d'architecture / Mathilde Lavenu, Victorine Mataouchek, on trouve cette définition du mot massif :
Dans l’ouvrage Architecture : méthode et vocabulaire / Jean-Marie Pérouse de Montclos, p. 406 :
«
«
Dans le livre, de la collection Que sais-je ?, intitulé Architecture médiévale en Occident , l’auteur note, p. 27 : « L’autre innovation spécifique de la période carolingienne est le massif occidental. C’est un corps de bâtiment quasi autonome par rapport à la nef et situé à l’ouest de l’église (fig. 4) [dessin de l’abbatiale carolingienne de Corvey, en Basse Saxe, 822-885]. Il est constitué d’une tour massive à plusieurs étages, souvent encadrée de deux tourelles d’escalier. Le rez-de-chaussée comprend un porche d’entrée voûté abritant des reliques. Le premier étage, qui fait office de chapelle, constitue une tribune ouverte sur la nef par des baies. »
Dans le livre L'art roman : architecture, peinture, sculpture / sous la direction de Rolf Toman, un paragraphe entier, p. 36, est consacré au Westwerk ou massif occidental, accompagné de photos montrant cette partie d’architecture de l’abbatiale de Corvey, des églises Saint-Pantaléon (Cologne), Saint-Boniface (Freckenhorst), Saint-Cyriaque (Gernrode), de la cathédrale de Minden, dont voici un extrait : "... Cette occidentalisation, ou mise en valeur de la partie occidentale de l'église, si caractéristique de l'art carolingien, culmine dans ce que l'on appelle le Westwerk ou ouvrage occidental, et se traduit par divers modèles, soit que l'on accentue un espace de culte particulier pour un saint patron supplémentaire, soit que l'on accole à l'église une chapelle autonome, réservée à l'empereur... L'église dotée d'un ouvrage occidental distingue donc deux espaces de signification différente et complémentaire : la partie orientale, le sanctuaire proprement dit, est le lieu où se manifeste l'Eglise triomphante ("Ecclesia triumphans") alors que le massif occidental, qui revêt le caractère d'un ouvrage militaire, symbolise l'Eglise militante ("Ecclesia militans"), dont l'empereur est le plus émminent représentant et protecteur. Ce qui explique le nombre d'églises de ce type construites en Saxe, région assujettie par Charlemagne, où le Westwerk devait clairement affirmer la toute-puissance et l'autorité du nouveau souverain."
Dans le Bulletin monumental, n°92, 1933, p. 331-365, on trouve un article complet sur les églises-porches, écrit par Hans Reinhardt et Etienne Fels, sous le titre « Etude sur les églises-porches carolingiennes et leur survivance dans l’art roman ». Il évoque l’influence de la liturgie dans l’évolution des formes de l’architecture religieuse : « On devait chercher à conserver l’entrée monumentale tout en adoptant la disposition imposée par les deux cultes aux extrémités de la même église…C’est dans les grands édifices du nord de la France, dès l’époque carolingienne, que l’on pouvait rencontrer la solution de ce problème. Dans ces églises, le sanctuaire occidental fut placé dans les hauteurs, laissant gagner sous lui la place pour un passage libre…Le terme d’église-porche paraît bien convenir à ce genre de construction…[en note] Effmann, dans les ouvrages cités plus loin, leur a donné le nom de Westwerke, dont la meilleure traduction serait massifs occidentaux. Le terme d’églises-porches nous paraît rappeler davantage les éléments générateurs de ces bâtisses : le sanctuaire et le passage disposé en dessous.»
Dans la préface à son ouvrage Recherches sur les rapports entre architecture et liturgie à l'époque carolingienne, Carol Heitz écrit, p. 14 : « …Nous avons choisi l’église-porche carolingienne. Ce type d’église a une forme bien définie, du moins pendant un temps limité qui se confond à peu près avec le IXe siècle. Ce fut le mérite d’un savant allemand, Wilhelm Effmann, d’avoir attiré l’attention des archéologues sur ces antéglises à forme centrale, dominées par une silhouette à trois tours, et, comprenant, à l’intérieur, une crypte et un sanctuaire haut. Effmann a lui-même étudié trois monuments typiques de cette série : les antéglises de Werden (1894), de Centula (1912), et de Corvey (1929). », et p. 17, « Les édifices appelés églises-porches que nous connaissons en Occident peuvent être classés sous deux rubriques :
1° L’église-porche carolingienne, appelée par les chercheurs allemands Vollwestwerk. Elle comprend deux éléments essentiels : au rez-de-chaussée une crypte, qui supporte une église haute à bas-côtés et tribunes. Sa silhouette extérieure est caractérisée par une grande tour, ronde ou carrée, qui surplombe l’église centrale, et deux tourelles d’escalier qui donnent accès à celle-ci. Les tourelles encadrent un porche d’entrée qui précède la crypte…Le type achevé en est Corvey en Westphalie.
2° Un type post-carolingien, qu’on pourrait dire atrophié. Au Xe siècle l’église-porche carolingienne a perdu un de ses éléments essentiels : la crypte… »
Vous pourrez enfin vous reporter utilement au numéro 3-4, année XXXIV, juillet-décembre 1991, des Cahiers de civilisation médiévale, consacré entièrement à la façade romane. Plusieurs communications traitent de votre sujet :
« Les relations entre massif de façade et vaisseau de nef en Normandie avant 1080 », par Maylis Baylé.
« Rôle de l’église-porche dans la formation des façades occidentales de nos églises romanes », par Carol Heitz.
« La façade romane dans l’Ouest de la France », par Tomasz H. Orlowski.

Massif occidental, Minden
Façade occidentale, Corvey
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