Symbolisme de la cravate

Réponse du service Guichet du Savoir

La cravate est une pièce du vêtement masculin qui n’a strictement aucune espèce d’utilité : elle ne tient pas chaud, elle ne sert même pas à tenir un col fermé, ni à quoi que ce soit d’autre. La fonction de la cravate est tout simplement d’être belle et décorative (il en va de sa noblesse).

Cependant, elle permet aussi de distinguer du premier coup d’oeil l’homme de goût, l’homme élégant, du... banquier. Rien n’est plus révélateur que cet Physiologie de ustensile. Combien de personnes ne savent pas accorder leur cravate à leur costume ou à leur chemise ! Combien osent porter une cravate à rayures avec une chemise à rayures, sans parler de soie « mariée » à du tweed ! Combien portent une cravate parce qu’ils y sont professionnellement ou socialement contraints ! Ces attitudes desservent la cravate, et l’homme.

Déjà Honoré de Balzac le disait. Longtemps, on lui attribua l’écriture d’un Art de nouer la cravate, signé baron de l’Empesé, dont il ne fut pas, de fait, l’auteur mais l’éditeur. Mais ce texte, il le condamne ! Il lui reproche, outre d’avoir accolé « art » et « cravate », ce qui lui semble une aberration, de n’avoir pas su « maintenir la cravate dans sa liberté native et son éclat ». Cette condamnation, Balzac la rédigea dans le premier chapitre « De la cravate, considérée en elle-même et dans ses rapports avec les individus », de la Physiologie de la toilette. Il y décrit comment elle nous permet d’apprécier un homme en fonction du tissu plus ou moins léger, plus ou moins vaporeux... en fonction du noeud, de sa rigueur, de son volume, de son lâché... Il s’appuie sur une analyse historique. Avec la Révolution, nous dit-il, l’habit s’est uniformisé et ne permettait plus de distinguer les individus qui se noyaient dans la masse. Alors, « elle devint le critérium auquel on reconnaîtrait l’homme comme il faut et l’homme sans éducation ». La cravate est le seul moyen d’apprécier l’autre, puisqu’il ne dépend que de lui de savoir en user. « Tant vaut l’homme, tant vaut la cravate. Et, à vrai dire, la cravate, c’est l’homme ; c’est par elle que l’homme se révèle et se manifeste. »

Chez beaucoup, elle a mauvaise presse et on l’accuse d’être le signe extérieur d’un état d’esprit bourgeois et conformiste. Cette lecture est une grave erreur. Ce n’est pas parce que quelques individus salissent la cravate en la portant qu’il faut la charger de maux dont elle n’est pas responsable. Le pire ennemi de la cravate, c’est l’homme. Ce n’est pas Marlène Dietrich qui dirait le contraire. Voilà d’ailleurs un bon exemple de la qualité de notre pan de tissu : ces femmes qui, avant la Seconde Guerre mondiale, arborèrent fièrement une cravate ont montré qu’elle pouvait être un symbole d’émancipation sociale. Une citation de Vladimir Maïakovski met en avant ce rôle éminent de la cravate. Il écrivait dans Moi-même, une autobiographie : « Ce que l’homme a de plus remarquable et de plus joli, c’est sa cravate. »
Source: Humanité

Pour aller plus loin
Vous pouvez consulter le site Internet Le cravatier pour connaître l'histoire de la cravate ainsi que les ouvrages suivants:
- Cravates de François Chaille
- Cravates et accessoires de John de Greef
- La grande histoire de la cravate de François Chaille

Dans Le vêtement de Marie-Noëlle Boutin-Arnaud et Sandrine Tasmadjian, vous trouverez des informations sur les costumes et sur la fabrication d'un vêtement.