Question d'origine :
Récemment, j'ai lu un article dans un journal suisse sur la communauté Amish aux USA. Parmi les choses interdites, ily a le vélo. Par contre, les patins à roulettes sont autorisés. Savez-vous pourquoi? Merci de votre aide

Réponse du Guichet

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Nous vous proposons de commencer par un petit rappel de ce qu’est la communauté amish.
Pour ce faire, nous nous référons à l’article de Pierre Bühler de l’
« Le mouvement amish est issu de l’anabaptisme européen, mais s’est surtout développé dans l’Est des Etats-Unis. Il doit son nom à un mennonite d’origine bernoise , Jacob Ammann (1644 ?-avant 1730), actif en Suisse et en Alsace (essentiellement dans le val de Lièpvre). S’inspirant de ce théologien qui s’était attaché à radicaliser la discipline ecclésiastique et les règles de vie religieuse, le mouvement amish se distingue comme une branche conservatrice du mennonisme, appliquant à la lettre les règles d’Ammann (refus du service armé et de toute fonction publique, costume austère et port de la barbe, maintien du dialecte bernois), ce qui le conduit à refuser la plupart des innovations techniques modernes (automobiles, électricité, médecine etc.) Au milieu du XIXe siècle, plusieurs centaines d’amish suisses et surtout alsaciens émigrent aux Etats-Unis, où le mouvement s’organise en communautés rurales relativement autarciques, maintenant leur spécificité linguistique, vestimentaire, architecturale, etc. Le film policier Witness (1984) de Peter Weir a contribué à une meilleure connaissance du mouvement amish dans l’opinion publique. »
Rappelons que les termes de mennonisme et d’anabaptisme, employés le plus souvent de manière équivalente, « caractérisent un mouvement religieux issu de la Réforme radicale du XVIe siècle et se singularisant en particulier par la pratique du baptême des adultes, la condamnation du port des armes et le refus de prêter serment. » (ibid. p. 882).
Obéissance aux enseignements de l’Eglise et séparation du monde sont les deux principes fondamentaux qui régissent la culture amish.
La communauté amish, loin de se refermer sur elle-même, dynamique et en constante évolution, est partie prenante de la société où elle est implantée, mais selon un mode particulier de résistances et de concessions à la modernité, qui sont toujours l’occasion de discussions et de négociations, à l’intérieur du groupe et avec le monde extérieur.
L’ouvrage de
" Les étrangers sont souvent déroutés par la présence où l’absence de logique dans la culture amish. (…) Les bizarreries de la culture amish sont déconcertantes non seulement pour les étrangers, mais parfois également pour les Amish eux-mêmes. Questionné sur
« La caractéristique de la société amish est d’être restée une communauté très unie, bien intégrée, où les fils de la vie sociale sont tissés en une étoffe unique qui se déroule du berceau à la tombe. Pour éviter la fragmentation qui accompagne la modernité, les amish ont tenté de se couper de la société plus large. (…) La résistance et la négociation sont les deux premières stratégies sociales que les amish ont utilisées pour protéger leur identité et préserver leur communauté face à la modernisation. "(p. 50)
« Pour les amish, le terme monde renvoie non point au globe terrestre, mais à tout le système social extérieur à la société amish –ses habitants, ses valeurs, ses vices, et ses institutions- en résumé, la modernité elle-même. (…) la mondanité correspond à des comportements, à des objets, à des modes de vie spécifiques. L’enseignement supérieur, les automobiles, les ordinateurs, les appareils photographiques, les magnétoscopes, la télévision, le cinéma, les maisons luxueuses et les
Flexible avec le temps, le terme
« Le plan amish de la conduite attendue, appelé l’Ordnung, régit la vie privée, publique et cérémonielle. (…) c’est un agencement de tout le mode de vie - un code de conduite que l’Eglise maintient au moyen de la tradition plutôt que par des règles systématiques.
«L’observation de l’Ordnung varie suivant les familles et les districts religieux. Certains évêques sont plus souples que d’autres dans son application. Si un membre se conforme aux repères symboliques de l’Ordnung, il lui reste une large « marge de manœuvre » dans laquelle évoluer tout en sauvegardant l’apparence amish. L’Ordnung est appliqué avec indulgence dans des circonstances spéciales. Un enfant attardé peut avoir l’autorisation de posséder une bicyclette, ce qui est d’ordinaire interdit, ou une famille a le droit de recourir à l’électricité à l’intérieur de la maison pour brancher l’équipement médical d’un malade. » (p. 151-154)
« Un évènement amusant se produisit durant l’été 2000. Des étrangers qui pour beaucoup se moquaient du transport des amish sur des trottinettes démodées tombèrent amoureux des trottinettes elles-mêmes. (…) Parce que les bicyclettes comme les automobiles sont interdites, les enfants et les adultes amish utilisent depuis de nombreuses années les trottinettes pour le déplacement local – un compromis entre la marche et l’automobile » (p. 263).
Pour les tracteurs, « les roues en acier sont impératives. Les pneumatiques, initialement associés à l’automobile, en vinrent à symboliser la liberté et la mobilité –donc la mondanité. Ainsi au fil des ans, les amish ont rejeté les pneumatiques sur l’équipement agricole, craignant qu’ils ne mènent à l’automobile. Les pneus en caoutchouc dur et les pneumatiques sont autorisés sur de petits articles à main comme les brouettes, les tricycles, les chariots et les voitures à bras pour transporter de la nourriture (p. 279).
Maintenir l’unité de la cellule familiale et communautaire, consolider l’esprit de groupe et la cohésion de celui-ci, préserver les solidarités par le partage et l’accomplissement des tâches collectives sont des impératifs de cette société agricole prospère. Modérer l’intégration d’objets impliquant l’accélération des déplacements et des procédures de production lui permet de contrôler son rapport au temps et aux autres.
Pour compléter ces informations :
- les réponses déjà données sur ce même Guichet du savoir : Amish et Amish et Mormons.
- deux ouvrages :
- L’énigme amish : vivre au XXIe siècle comme au XVIIe
- Les Amish : étude historique et sociologique
- les sites suivants : Musée virtuel du protestantisme français et Mennonites .

Réponse du Guichet

Les négociations prévues dans chaque communauté, et que nous avons évoquées dans notre rubrique
DANS NOS COLLECTIONS :
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