Question d'origine :
Bonjour,
Armand Barbès, révolutionnaire et homme politique, est mort en 1870 en exil volontaire à La Haye, peu avant la chute du 2d Empire.
Pourriez-vous me donner l'adresse exacte de la maison qu'il habitait et l'exact lieu de son décès ?
Merci par avance,
C
Réponse du Guichet
gds_db
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 02/02/2008 à 14h43
Voici ce qu'indique l'ouvrage de Roger Merle intitulé "Armand Barbes : un révolutionnaire romantique" :
... et Barbes se résigna à organiser sa vie dans la ville où le sort l'avait jetté par deux fois. Il resta donc à La Haye.
Il y vécut pendant plusieurs années comme l'oiseau sur la branche, d'hôtel en pension de famille, de chambres meublées en mansardes, dans l'incertitude du lendemain.
Vers 1861 il s'installa plus commodément chez deux vieilles filles françaises qui acceptèrent de l'héberger et de veiller à sa subsistance quotidienne moyennant une rétribution modique.
La maison, étroite et blanche, était bien située,
Charles Hugo, qui lui rendit visite peu de temps avant sa mort, en a minutieusement décrit la morne décoration :
« Deux fenêtres à rideaux de damas de laine brune recouvrant d'autres rideaux de mousseline blanche brochée et des stores de toile grise à demi baissés. Entre les fenêtres une longue glace appuyée sur une petite table chargée de livres; à droite un canapé d'acajou garni de velours d'Utrecht noir; au-dessus du canapé un second miroir plus petit; à gauche un secrétaire d'acajou à tablette de marbre couvert de brochures et de journaux; près de la porte, dans une sorte de niche cintrée, un petit poêle de fonte; au milieu, une table à manger cachée par un tapis de drap rouge à fleurs noires; quelques chaises; au fond dans une armoire-alcôve un lit banal. Et sur le mur tendu de papier fond blanc à feuillages verts, cinq portraits, cinq photographies, celles de George Sand, avec ces mots : « A mon ami Armand Barbes », de Louis Blanc, de Victor Hugo, de Charras et de sa vaillante épouse ».
[...]
Dans les premiers jours de juin 1870 son état s'aggrave sérieusement. A Paris la presse annonce qu'il agonise. Augusta se précipite à La Haye. Louis Blanc, Martin-Bernard, Étienne Arago accourent de leur côté. Mais lorsqu'ils arrivent au chevet de Barbes celui-ci les rassure : « Ah! Les journaux ont annoncé que j'étais irrémédiablement perdu. Eh bien si j'en réchappais par hasard cette fois-ci, ne pourrait-on croire que j'ai posé pour l'homme qui va mourir. Augusta, des verres, buvons a la République! »
La rémission est de courte durée.
[...]
Toute la nuit il suffoque. Entre deux asphyxies il appelle ses neveux Armand et Aline Caries qui lisent sur ses lèvres plus qu'ils ne les entendent ces mots de la fin : « Défendez ma mémoire! »
Le lendemain 26 juin, à quatre heures de l'après-midi il s'éteint dans les bras d'Augusta.
Une nuit de crise affreuse pendant laquelle il était seul, il avait attendu impatiemment le jour pour pouvoir dire devant témoins qu'il mourait « dans sa foi démocratique et religieuse et qu'il entendait être enterré sans cérémonie d'aucun culte ».
Augusta respecta sa volonté à la lettre sinon dans son esprit.
Aucun prêtre ne présida à son enterrement. Mais à La Haye, à Villalier et à Carcassonne des services religieux accompagnèrent son âme généreuse vers le Ciel où sont certainement admis tous les hommes sincères et de bonne volonté.
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