Origine de l'adjectif "normale" dans Ecole Normale
DIVERS
+ DE 2 ANS
Le 25/04/2009 à 14h54
5258 vues
Question d'origine :
Bonjour,
Je voudrais savoir quel est l'origine et la signification de l'adjectif "normale", dans les noms "Ecole Normale d'Instituteurs", ou "Ecole Normale Supérieure". Je n'ai rien trouvé à ce sujet, peut-être pourrez-vous m'aider ?
Merci par avance,
Nico3
Réponse du Guichet

Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
École normale, nom donné lors de sa fondation, en 1794, à la première école destinée à préparer à l'enseignement des étudiants sélectionnés par concours, et qui est aujourd'hui appelée École normale supérieure.
source : www.patrimoine-de-france.org
En consultant quelques dictionnaires accessibles en ligne comme par exemple Mediadico.com on trouve la définition du dictionnaire de l'Académie française (8 ème édition) ainsi que celle du LITTRÉ :
>NORMAL, ALE , adj.
Sens 1
Terme de géométrie. Ligne normale, ou, substantivement, une normale, droite passant par le point de tangence et perpendiculaire, soit à la tangente d'une courbe, soit au plan tangent d'une surface.
Sens 2
Fig. Qui est conforme à la règle, régulier. État normal
Sens 3
Qui sert de règle [de modèle]. Des cours normaux.
Établissement normal, établissement qui sert de modèle pour en former d'autres de même genre.
École normale, école destinée à former des professeurs.
École normale primaire ou départementale, école destinée à former des instituteurs primaires.
Voir aussi les sites suivant :
- www.yann-ollivier.org
- www.cig.ensmp.fr
Cet extrait du texte intitulé "L'Idéologie avant l'idéologie : l'Ecole normale de l'an III" de Pierre MACHEREY (Université de Paris I) tiré de "L’institution de la raison. La révolution culturelle des idéologies", publié par F. Azouvi, éd. De l’EHESS, éd. Vrin, 1992, 41-49 vous éclairera davantage sur le sens de cette locution :
« Dans ces écoles, ce n'est donc pas les sciences qu'on enseignera, mais l'art de les enseigner; au sortir de ces écoles, les disciples ne devront pas seulement être des hommes instruits, mais des hommes capables d'instruire » (CEN, p. 66).
Traduisons: l'école des maîtres, ce doit être d'abord l'école des méthodes, où l'on interroge les savoirs sur leurs conditions de possibilité, en vue d'en harmoniser la communication. Une telle institution avait donc à remplir une fonction essentiellement régulatrice : il ne s'agissait ni de fonder le savoir, ni même de le développer, mais de le gérer et de l'organiser, de façon à en assurer la diffusion égalitaire à tous les secteurs de la population nationale.
Cette idée était d'emblée inscrite dans le terme servant à nommer cette institution, inspirée d'expériences pédagogiques déjà tentées en Allemagne, mais prise pour la première fois en charge par un Etat dans le cadre d'une politique scolaire unifiée. Un passage du rapport de Lakanal précisait :
« Du latin ‘norma’, règle : ces écoles doivent être en effet le type et la règle de toutes les autres » (CEN, p. 105)
Clairement, cette Ecole normale avait été conçue par ses promoteurs comme le lieu où devait s'effectuer un processus de normalisation. C'est ce qu'indiquait encore une note insérée dans le Journal de Paris au moment où les cours commencèrent :
« Le mot normal, qui a été appliqué aux Ecoles nouvellement décrétées, est tiré du dictionnaire de la géométrie. Il exprime proprement l'équerre et le niveau. Au figuré, il annonce que toutes les connaissances relatives aux sciences, aux arts et aux belles-lettres y seront enseignées et enseignées à tous également dans les parties que chacun voudra adopter » (CEN, p. 105).
« Une équerre et un niveau » pour la transmission des connaissances telle était donc la condition requise pour que ces connaissances fussent « enseignées à tous également ». Ceci est évidemment à rapprocher d'autres démarches des assemblées révolutionnaires qui s'inscrivaient dans la même perspective normalisatrice : le nouveau découpage du territoire national, l'harmonisation des pratiques linguistiques, l'unification du système des poids et mesures.
Bonjour,
École normale, nom donné lors de sa fondation, en 1794, à la première école destinée à préparer à l'enseignement des étudiants sélectionnés par concours, et qui est aujourd'hui appelée École normale supérieure.
source : www.patrimoine-de-france.org
En consultant quelques dictionnaires accessibles en ligne comme par exemple Mediadico.com on trouve la définition du dictionnaire de l'Académie française (8 ème édition) ainsi que celle du LITTRÉ :
>
Terme de géométrie. Ligne normale, ou, substantivement, une normale, droite passant par le point de tangence et perpendiculaire, soit à la tangente d'une courbe, soit au plan tangent d'une surface.
Fig. Qui est conforme à la règle, régulier. État normal
Qui sert de règle [de modèle]. Des cours normaux.
Établissement normal, établissement qui sert de modèle pour en former d'autres de même genre.
École normale, école destinée à former des professeurs.
École normale primaire ou départementale, école destinée à former des instituteurs primaires.
Voir aussi les sites suivant :
- www.yann-ollivier.org
- www.cig.ensmp.fr
Cet extrait du texte intitulé "L'Idéologie avant l'idéologie : l'Ecole normale de l'an III" de Pierre MACHEREY (Université de Paris I) tiré de "L’institution de la raison. La révolution culturelle des idéologies", publié par F. Azouvi, éd. De l’EHESS, éd. Vrin, 1992, 41-49 vous éclairera davantage sur le sens de cette locution :
« Dans ces écoles, ce n'est donc pas les sciences qu'on enseignera, mais l'art de les enseigner; au sortir de ces écoles, les disciples ne devront pas seulement être des hommes instruits, mais des hommes capables d'instruire » (CEN, p. 66).
Traduisons: l'école des maîtres, ce doit être d'abord l'école des méthodes, où l'on interroge les savoirs sur leurs conditions de possibilité, en vue d'en harmoniser la communication. Une telle institution avait donc à remplir une fonction essentiellement régulatrice : il ne s'agissait ni de fonder le savoir, ni même de le développer, mais de le gérer et de l'organiser, de façon à en assurer la diffusion égalitaire à tous les secteurs de la population nationale.
Cette idée était d'emblée inscrite dans le terme servant à nommer cette institution, inspirée d'expériences pédagogiques déjà tentées en Allemagne, mais prise pour la première fois en charge par un Etat dans le cadre d'une politique scolaire unifiée. Un passage du rapport de Lakanal précisait :
« Du latin ‘norma’, règle : ces écoles doivent être en effet le type et la règle de toutes les autres » (CEN, p. 105)
Clairement, cette Ecole normale avait été conçue par ses promoteurs comme le lieu où devait s'effectuer un processus de normalisation. C'est ce qu'indiquait encore une note insérée dans le Journal de Paris au moment où les cours commencèrent :
« Le mot normal, qui a été appliqué aux Ecoles nouvellement décrétées, est tiré du dictionnaire de la géométrie. Il exprime proprement l'équerre et le niveau. Au figuré, il annonce que toutes les connaissances relatives aux sciences, aux arts et aux belles-lettres y seront enseignées et enseignées à tous également dans les parties que chacun voudra adopter » (CEN, p. 105).
« Une équerre et un niveau » pour la transmission des connaissances telle était donc la condition requise pour que ces connaissances fussent « enseignées à tous également ». Ceci est évidemment à rapprocher d'autres démarches des assemblées révolutionnaires qui s'inscrivaient dans la même perspective normalisatrice : le nouveau découpage du territoire national, l'harmonisation des pratiques linguistiques, l'unification du système des poids et mesures.
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Commentaires 0
Connectez-vous pour pouvoir commenter.
Se connecter