Question d'origine :
Madame, Monsieur
Je viens seulement d’apprendre, en lisant Lyon 3, l’existence de votre service. Je regrette beaucoup mon retard, car c’est une idée géniale, comme on dit maintenant. Comme je m’intéresse à beaucoup de domaines, et depuis longtemps, les questions se sont accumulées, n’ayant jamais trouvé personne qui sache y répondre. Voici ma 1ère question :
Incunables. Leur début est l’invention de l’imprimerie ; mais s’agit-il de l’invention réelle de l’imprimerie au milieu du 14e ou de sa mise au point définitive par Gutenberg au milieu du 15e ?
On considère que leur fin a lieu en 1500 ; pourquoi cette date ? Que s’est-il passé de marquant dans le domaine du livre pour justifier de cette rupture ? Techniquement ou visuellement, quelle différence y a-t-il entre un incunable et le reste ? J’ai entendu dire aussi que les incunables sont subdivisés en deux types ou deux périodes : la incunables proprement dits jusqu’en 1470 et les paléotypes de 1470 à 1500. Cela est-il juste et si oui quelle différence y a-t-il entre les deux ? et que s’est-il passé en 1470 ?
En vous remerciant d'avance pour votre réponse,
Emile
Réponse du Guichet
bml_anc
- Département : Fonds Ancien
Le 05/02/2008 à 11h06
« Le mot incunabula a été utilisé pour la première fois en 1640 par Bernhard von Mallinckrodt dans son ouvrage intitulé : « De ortu et progressu artis typographiae ». La limite chronologique du 1er janvier 1501 remonte elle aussi à Mallinckrodt et elle est simplement d’origine pratique. Elle ne correspond pas à une étape notable dans la transformation du livre, qui ne prendra un aspect moderne qu’une vingtaine d’années plus tard. Un tiers au moins des ouvrages imprimés au cours de cette période ne comporte pas de date explicite, aussi considère-t-on comme incunables tous ceux qui peuvent être datés, au plus tard, des environs de l’année 1500.
Dans certains pays, la date pouvait être indiquée soit selon le style du 1er janvier, soit selon un style qui leur était propre, style de Pâques en France, style du 1er mars à Venise par exemple. Si rien ne permet de connaître le style suivi, tout ouvrage daté de 1500, quels que soient le mois et le quantième indiqués est inclus parmi les incunables. »
Ce qui distingue l’incunable des autres ouvrages imprimés est généralement :
L’absence d’un feuillet de titre ou de frontispice
L’absence de lettres capitales au commencement des chapitres et des alinéas
La rareté de ces divisions mêmes
Le non-emploi des virgules et des points virgules
L’absence de pagination
L’absence de signatures et de réclames
La solidité et l’épaisseur du papier
La non-apposition des noms de l’imprimeur, du lieu et de l’année
La grande quantité d’abréviations
Les points carrés, le trait oblique en place du point sur les i etc.
Ces caractéristiques sont à prendre avec précaution, car elles sont rarement réunies ensemble. Dans la pratique, il faut tenir compte du fait que le passage de l’incunable au livre moderne s’est fait progressivement, sans révolution brutale. « Si les premiers incunables se rapprochent extrêmement des manuscrits. Les initiales, les titres des chapitres, la foliotation, les titres courants etc. devaient par la suite être ajoutés à la main. Peu à peu les imprimeurs ont appris à inclure ces éléments dans leur composition, puis ont ajouté d’autres améliorations propres au livre imprimé et qui devaient en faciliter l’usage : signatures, réclames, foliotation, pagination, repères alpha-numériques, titres courants et tables destinés à aider à la lecture et à la recherche dans le corps d’ouvrage. Toute une transformation de la page se fera par l’emploi de pages de titres, de ponctuations, d’alinéas, d’impression bicolore et de caractères de différents aspects, ainsi que par le « colophon » avec le nom de l’imprimeur et du libraire, l’adresse et la date »
Pour la dernière question, nous n’avons aucune connaissance que les incunables soient divisés en deux périodes. Comme nous l'avons signalé plus haut, c'est vers 1470 que l'incunable commence à prendre un aspect "moderne", mais il ne semble pas correspondre à une innovation remarquable. L’appellation paléotype n’est plus guère employée à propos du livre, elle a été utilisée en France au 19e s. puis rapidement remplacée par l’appellation incunable. Actuellement un certain nombre de pays d’Europe centrale ou du nord continuent à utiliser le mot paléotype pour désigner une tranche chronologique (souvent 50 ans) de leurs premières impressions mais qui peuvent être du 16e ou du 17e siècle.
Les citations entre guillemets sont extraites du Dictionnaire encyclopédique du livre. Paris : Cercle de la librairie, 2005, T. 2 art. de Denise Hillard. [BML FA hist 03D]
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