Pronoms personnels pour désigner des objets
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 05/05/2010 à 13h01
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Question d'origine :
Bonjour,
j'entends souvent les gens originaires de la région lyonnaise et stéphanoise utiliser des pronoms personnels pour désigner des objets.
Ex. : Ce livre est bien -> lui, il est bien. Ne devrait-on pas dire : Celui-là, il est bien ?
Ex. : Est-ce cette fleur -> oui, c'est elle. Ne devrait-on pas dire : oui, c'est celle-là (ou celle-ci) ?
Ces deux formes sont-elles grammaticalement correctes ?
Par ailleurs, est-ce une spécificité du parler lyonnais/stéphanois ?
Merci beaucoup.
Réponse du Guichet

Quelques définitions et précisions issues de :
Les pronoms personnels désignent les êtres, les choses, les concepts en marquant la personne grammaticale.
3e personne du singulier : il, elle, le, la, lui, se, soi ; du pluriel : ils, elles, les, leur, se, eux
La 3e personne représente un être ou une chose (au singulier), des êtres ou des choses (au pluriel) dont on parle.
Exemple : Que demande-t-on d’une fleur sinon qu’elle soit belle et odorante une minute.
On peut conclure : L’emploi des pronoms personnels de la 3e personne pour désigner des objets est tout à fait correct et est très souvent pratiqué s’agissant de il et elle.
L’emploi de lui et de leur est normal, même à propos d’animaux ou de choses, quand il y a un objet direct (avec donner, demander, devoir, préférer, etc.), lui et leur étant des objets seconds (objets indirects)
Ex : Ce cuir ne vaut rien on lui a donné un mauvais apprêt (page 872)
Ce qui n’est pas le cas dans votre exemple : lui il est bien (il n’y a pas d’objet direct)
Dans cet exemple (on lui a donné un mauvais apprêt, lui désigne un objet mais il est complément d’objet indirect. Lui est d’ailleurs le plus souvent utilisé en tant que complément d’objet indirect. Exemple : je lui parle (où il indique une personne)
Lui, il est tranquille : la forme est redondante mais tout à fait correcte, elle indique que l’on veut insister sur la personne.
D’autre part, dans l’exemple que vous donnez :
Est-ce cette fleur ? Oui c’est elle, il semble effectivement plus approprié de dire oui c’est celle-là ou oui c’est celle-ci car, dans la phrase interrogative c’est un déterminant démonstratif qui est utilisé (cette). On pourrait dire qu’il appelle logiquement dans la réponse l’utilisation de pronom démonstratif celle-là ou celle-ci.
Le déterminant démonstratif détermine le nom en indiquant la situation dans l’espace (avec un geste éventuellement) de l’être ou de la chose désignés, ou en les situant dans le temps ou dans le contexte (page 794). L’être ou l’objet sont localisés par rapport au locuteur.
Cependant, page 853 le Grevisse cite cet exemple : "Est-ce votre maison ? C’est elle ", le pronom est attribut et utilisé à propos de choses avec pour commentaire dans le livre : moins fréquemment dans la langue générale (elle n'est pas présentée comme étant incorrecte). Cette forme est donc aussi possible.
Il est précisé également qu’une langue écrite recherchée pourrait encore utiliser les formes conjointes à la 3e personne. Le Littré propose par exemple :
Est-ce votre livre ? Oui ce l’est (c'est-à-dire c’est lui)
Peut-on dire que ces formes font également partie des régionalismes grammaticaux ?
Les études récentes sur le parler régional s’attachent souvent plus au vocabulaire spécifique présenté sous forme de dictionnaire alphabétique et donc plus facilement consultable qu’à la grammaire). Nous n’avons pas trouvé d’indications pouvant confirmer qu’il s’agit aussi d’une spécificité du parler lyonnais /stéphanois. Cependant, il faudrait faire une recherche fine dans les nombreux ouvrages pour en être sûr. Soit dans les ouvrages consacrés à l’étude des parlers régionaux, soit directement dans les textes eux-mêmes écrits en parlers régionaux.
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