Question d'origine :
Bonjour,
Je recherche des exemples de Cendrillon mais au masculin. Auriez-vous éventuellement des titres à me proposer?
J'ai lu que selon Luda Schnitzer, sur environ 200 versions recensés dans le monde(notamment des contes russes), un quart concerne des personnages masculins.
En vous remerciant d'avance...
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 22/05/2010 à 09h38
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Nous ne savons si avez lu l’ouvrage Ce que disent les contes de Luda Schnitzer dans sa totalité mais cette dernière explique qu’il s’agit de l’argent, de l’héritage qui revient à l’enfant du mari et non à sa seconde femme ou aux enfants de celle-là. C’est pourquoi chez les peuples où lesfilles n’héritent pas du bien familial, c’est un garçon, un cendrillon qui devient le souffre-douleur persécuté par sa marâtre.
On comprend dès lors que de nombreux contes abordent « Cendrillon » sous un angle masculin.
D’ailleurs, l’ethnologue Denise Paulme, après avoir travaillé sur la littérature orale et les systèmes sociaux, s’intéresse à Cendrillon et s’interroge non sur une présence mais sur une absence. Elle explique la substitution d’un garçon à une fille par le fait « qu’uncendrillon masculin aurait plus de chances de retenir l’attention de son public […] que le sort d’une jeune fille maltraitée.
Source : Cendrillon en Afrique, p. 16.
De même, dans l’ouvrage Cendrillon en afrique : versions zaïroises proches de contes de Grimm, Hermnann Hochegger raconte que la cendrillon zaïrois n’est pas une fille mais garçon. Les folkloristes pensaient que ce thème était absent en Afrique.
L’équivalent masculin de Cendrillon existerait donc et serait retrouvé dans les contes suivants :
Oni et le grand oiseau
L’action traduit les aspirations non plus d’une fillette, mais d’un jeune homme. Si le conte diffère quelque peu, on retrouve divers éléments se rapportant à cendrillon. Du point de vue de la forme, on retrouve les trois séquences dégagées par Claude Brémond dans le conte merveilleux français (sinon dans tout conte merveilleux) : dégradation = amélioration ; mérite = récompense ; démérite (du traître = châtiment). Le motif de la chaussure perdue qui permet l’identification voit son importance accrue : les bottes qui grandissent avec le héros, en se confondant avec sa personne, traduisent d’emblée l’aide magique. Oni est marqué dès sa naissance. ….
Source : Cendrillon en Afrique, p. 72.
Le cheval enchanté :
Dans cette version égyptienne du conte AT314, l’aide magique que connaissent tous les Jean le Teigneux et toutes les Cendrillons est assurée par le cheval fidèle qui répond à l’appel de son maître. Mais la toile de fond est demeurée celle de la Cendrillon d’Europe : les évènement ne sortent pas du cadre familial, la guerre n’est là que pour permettre au héros de témoigner sa valeur. Le prince au début est victime d’une marâtre, son mariage lui vaut une nouvelle dégradation, il sauve son beau-père (on ne nous dit pas que le pays est menacé) et c’est ce beau-père qui assure finalement sa fortune.
Il en va bien autrement avec le conte yoruba : les parents d’Oni ne sont pas mentionnés le héros est seul, rejeté par les siens (...) En revanche, les bottes font partie de sa personne, elles sont essentielles au déroulement de l’action. Les écarts entre les deux versions nous amèneraient à voir le texte yoruba comme demeuré plus proche en surface du conte type, avec le motif de la pantoufle que l’héroïne est seule à pouvoir chausser (changeant de sexe, les bottes sont devenues signe de virilité) ; mais aussi s’en éloignant davantage en profondeur, du fait de l’éclatement du cadre domestique … Source : Cendrillon en Afrique, p. 73
Pour aller plus loin :
- Paulme Denise, Qui mangera l'autre ? Le thème du « Conjoint animal » dans les contes d'Afrique noire, Cahiers d'études africaines. Vol. 24 n°94, p. 205-234.
- Revue des traditions populaires, Volume 13
- Psychanalyse des contes de fée / Bruno Bettelheim, 1976.
- Les Contes de Grimm : lecture psychanalytique / Marc Girard, 1990.
- Les contes et la psychanalyse : Colloque de Cerisy-La Salle (10 juillet-17 juillet 2000) / sous la dir. de Bianca Lechevalier, Gérard Poulouin, Hélène Sybertz, 2001.
Bonjour,
Nous ne savons si avez lu l’ouvrage Ce que disent les contes de Luda Schnitzer dans sa totalité mais cette dernière explique qu’il s’agit de l’argent, de l’héritage qui revient à l’enfant du mari et non à sa seconde femme ou aux enfants de celle-là. C’est pourquoi chez les peuples où les
On comprend dès lors que de nombreux contes abordent « Cendrillon » sous un angle masculin.
D’ailleurs, l’ethnologue Denise Paulme, après avoir travaillé sur la littérature orale et les systèmes sociaux, s’intéresse à Cendrillon et s’interroge non sur une présence mais sur une absence. Elle explique la substitution d’un garçon à une fille par le fait « qu’un
Source : Cendrillon en Afrique, p. 16.
De même, dans l’ouvrage Cendrillon en afrique : versions zaïroises proches de contes de Grimm, Hermnann Hochegger raconte que la cendrillon zaïrois n’est pas une fille mais garçon. Les folkloristes pensaient que ce thème était absent en Afrique.
L’équivalent masculin de Cendrillon existerait donc et serait retrouvé dans les contes suivants :
L’action traduit les aspirations non plus d’une fillette, mais d’un jeune homme. Si le conte diffère quelque peu, on retrouve divers éléments se rapportant à cendrillon. Du point de vue de la forme, on retrouve les trois séquences dégagées par Claude Brémond dans le conte merveilleux français (sinon dans tout conte merveilleux) : dégradation = amélioration ; mérite = récompense ; démérite (du traître = châtiment). Le motif de la chaussure perdue qui permet l’identification voit son importance accrue : les bottes qui grandissent avec le héros, en se confondant avec sa personne, traduisent d’emblée l’aide magique. Oni est marqué dès sa naissance. ….
Source : Cendrillon en Afrique, p. 72.
Dans cette version égyptienne du conte AT314, l’aide magique que connaissent tous les Jean le Teigneux et toutes les Cendrillons est assurée par le cheval fidèle qui répond à l’appel de son maître. Mais la toile de fond est demeurée celle de la Cendrillon d’Europe : les évènement ne sortent pas du cadre familial, la guerre n’est là que pour permettre au héros de témoigner sa valeur. Le prince au début est victime d’une marâtre, son mariage lui vaut une nouvelle dégradation, il sauve son beau-père (on ne nous dit pas que le pays est menacé) et c’est ce beau-père qui assure finalement sa fortune.
Il en va bien autrement avec le conte yoruba : les parents d’Oni ne sont pas mentionnés le héros est seul, rejeté par les siens (...) En revanche, les bottes font partie de sa personne, elles sont essentielles au déroulement de l’action. Les écarts entre les deux versions nous amèneraient à voir le texte yoruba comme demeuré plus proche en surface du conte type, avec le motif de la pantoufle que l’héroïne est seule à pouvoir chausser (changeant de sexe, les bottes sont devenues signe de virilité) ; mais aussi s’en éloignant davantage en profondeur, du fait de l’éclatement du cadre domestique … Source : Cendrillon en Afrique, p. 73
Pour aller plus loin :
- Paulme Denise, Qui mangera l'autre ? Le thème du « Conjoint animal » dans les contes d'Afrique noire, Cahiers d'études africaines. Vol. 24 n°94, p. 205-234.
- Revue des traditions populaires, Volume 13
- Psychanalyse des contes de fée / Bruno Bettelheim, 1976.
- Les Contes de Grimm : lecture psychanalytique / Marc Girard, 1990.
- Les contes et la psychanalyse : Colloque de Cerisy-La Salle (10 juillet-17 juillet 2000) / sous la dir. de Bianca Lechevalier, Gérard Poulouin, Hélène Sybertz, 2001.
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