Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous me donner des pistes, me conseiller afin de mieux percevoir l'influence de Brecht aujoud'hui, qu'il s'agisse du cinéma, du théâtre..?
Merci beaucoup
Réponse du Guichet

Bonjour,
En guise d’introduction, un
Dès les années 20, Bertold Brecht (1898-1956) se fait le théoricien et praticien "d'un théâtre dit « épique » (et rebaptisé « dialectique » à la fin) : soit un théâtre gestuel par différence avec le primat psychologique de l’intériorité, et distancié-distanciant en opposition avec les procédures d’identification (d’où le fameux « Verfremdungseffect », effet de distanciation, qui serait mieux traduit par effet d’étrangéisation). Se voulant anti-illusionniste pour mieux travailler à la transformation des rapports sociaux, le réalisme brechtien, éminemment critique, se démarque du naturalisme pour laisser sa place à l’imagination poétique et politique, mais se garde tout autant de verser dans l’excès inverse de l’abstraction symbolique, autre variante de vision fermée. » (source : La Scène moderne, 1997)
Pour compléter cette brève analyse, nous vous renvoyons aussi vers la réponse du Guichet du Savoir sur « l’effet de distanciation ».
Pour répondre à votre question, nous avons fait une recherche sur Bertolt Brecht sur le site de l’Encyclopaedia Universalis en ligne (accessible depuis les postes publics de la Bibliothèque municipale de Lyon). Nous avons ainsi trouvé un grand nombre d’articles associés, parmi lesquels figurent les noms de metteurs en scène contemporains influencés par le théâtre de Brecht.
Parmi ceux encore en activité aujourd’hui, on trouve
Les résultats de la recherche font apparaître d’autres grands noms du théâtre de la seconde moitié du XXème siècle. Parmi les dramaturges dont le parcours et l’œuvre ont été marqués par Brecht, à des degrés divers, on peut citer par exemple
En cherchant dans notre fonds d’ouvrages, nous avons également trouvé ces deux références qui vous apporteront sans doute des pistes de réflexion intéressantes. On y retrouve d'ailleurs certains des dramaturges cités ci-dessus.
Avec Brecht / Georges Banu et Denis Guénoun. Arles : Actes Sud, collection Apprendre, 1999.
« Un livre de rencontres sur l’homme de théâtre qui marque cette seconde moitié du siècle. En témoignent ici des personnalités décisives de la scène occidentale, de générations différentes et entretenant avec Brecht des rapports qui ne sont en rien uniformes :
Théâtre à Berlin : l'engagement dans le réel / dossier coordonné par Barbara Engelhardt. Alternatives théâtrales n°82, 2004.
Ce numéro de la revue Alternatives théâtrales s’attache particulièrement à la vie du théâtre à Berlin, à travers des analyses et entretiens avec les artistes mais aussi des regards de l’extérieur. Brecht apparaît comme une référence, aux côtés d’autres auteurs comme par exemple Kleist, Büchner, Horvath ou Wedekind, pour des metteurs en scène, allemands ou français, se réclamant d’un théâtre en prise directe avec la réalité politique et sociale. Lire les entretiens avec
Cette idée d’« influence brechtienne » est en réalité complexe. Elle s’est parfois exercée de façon détournée comme le montre Jean-Pierre Sarrazac dans l’article « Drame – Les écritures contemporaines » de l’Encyclopaedia Universalis. Le chapitre intitulé « Pour en finir avec le jugement de Brecht ? » montre l’ambivalence du rapport à l’œuvre de Brecht chez une génération d’auteurs ayant émergé au début des années 70 (en France, les représentants du « théâtre du quotidien », Michel Deutsch, Jean-Paul Wenzel et un peu plus tard, Daniel Besnehard). « La métaphysique, que Brecht croyait avoir congédiée, revient en force dans tout ce théâtre nouveau. Mais elle le fait sur un mode volontiers philosophique et épique, et avec une radicalité que l’auteur de Baal n’aurait sans doute pas reniée. Tout se passe comme si Brecht était de retour dans les œuvres d’une génération d’auteurs qui pensaient en avoir fini avec lui. Mais insidieusement, sur le mode de l’intertextualité : par exemple, Dans la jungle des villes est très présente dans la trame de Dans la solitude des champs de coton, de Koltès (1987). »
Concernant
Dans le cinéma d'aujourd’hui, cette tendance est incarnée notamment par Lars Von Trier, dont le parti-pris de distanciation est particulièrement notable dans un film comme Dogville, d’ailleurs inspiré de L’Opéra de quat’sous de Brecht. Pour une analyse du film sous l’angle de la théâtralité, voir notamment cet article sur le site du CNDP.
Nous espérons vous avoir aidé dans vos recherches et vous remercions pour votre confiance.

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