Question d'origine :
Bonjour Guichet,
Les classes moyennes existent-elles encore en France et si oui observe-t-on un changement de leur définition ?
Merci d'avance pour ta réponse.
Réponse du Guichet
gds_alc
- Département : Equipe du Guichet du Savoir
Le 16/04/2011 à 08h54
Réponse du service Guichet du Savoir
Bonjour,
Nous reviendrons sur l’article de Xavier Molénat qui, bien que de 2007, définit ce que l’on entend par classe moyenne et la place de celle-ci dans la société actuelle :
C’est au tournant du XIXe siècle que l’expression « classe moyenne » commence à prendre son sens usuel. Avec la fin des sociétés d’ordre et le développement progressif de l’économie industrielle apparaissent des groupes sociaux qui n’appartiennent ni à la bourgeoisie ni au prolétariat (…)En France, le pluriel « classes moyennes », proche de ce que Karl Marx qualifie de petite bourgeoisie, va désigner dans le discours politique ces nouvelles couches qui, dotées d’un minimum de capital, échappent à la vie au jour le jour qui est le lot du prolétaire, sans pour autant pouvoir se permettre l’oisiveté du bourgeois.
Les classes moyennes Sont-elles en crise ?
Dans un essai qui a fait grand bruit, Les Classes moyennes à la dérive, le sociologue Louis Chauvel a souligné le risque de déclassement qui frappe aujourd’hui les enfants des classes moyennes Il souligne en effet que la génération du baby-boom a profité d’une conjoncture économique exceptionnelle. Plein emploi, nombreux recrutements au sein d’une fonction publique croissante, augmentation de salaires de 4 % par an, système de protection sociale généreux… Tout cela a permis à de nombreux individus d’accéder à des positions de classe moyenne en rentabilisant au maximum leurs diplômes, d’effectuer de très bonnes carrières et de profiter bientôt de retraites à taux plein. Mais leurs enfants connaissent un retournement de conjoncture...
Source : Xavier Molénat, Classes « moyennes » ? , Sciences Humaines, n°188, décembre 2007.
L’article Les classes moyennes en quête de définition extrait de la note de veille N°54 du 16/04/07 du Centre d’Analyse Stratégique reprend en partie cette analyse :
Le débat sur la question de la dégradation de la situation des classes moyennes émerge alors : il est nettement représenté dans la décennie 2000 par des ouvrages portant sur la « dérive » ou sur la « fin » des classes moyennes .
Ce thème n’est toutefois pas nouveau : dès les années 1950, la situation des cols blancs est jugée comparativement moins favorable parce qu’ils doivent faire face au spectre du chômage alors que les « anciennes » classes moyennes (petits entrepreneurs du 19e siècle) bénéficiaient d’une situation économique plus dynamique . Cet argument se retrouve dans les débats contemporains évoquant la perte de pouvoir d’achat, l’augmentation de l’insécurité économique et sociale, difficultés qui concerneraient en particulier les classes moyennes
Cette dégradation de situation est parfois lue comme un effet des politiques publiques, en particulier comme la conséquence de la structure des transferts sociaux et fiscaux. D’un côté, les prestations permettent une redistribution verticale : les moins aisés voient leurs revenus augmenter avec les prestations familiales, de logement et des minima sociaux. De l’autre, la fiscalité bénéficie proportionnellement davantage aux plus aisés par les dispositifs d’allègements fiscaux. Les effets cumulés de ces transferts socio-fiscaux sont parfois représentés par une courbe en « U ». Cette courbe, discutable, permet de mettre en évidence la situation des ménages « moyens » : à la base du « U », ils bénéficient le moins des prestations et des réductions d’impôts, au contraire des moins lotis et des plus aisés situés sur les branches du « U ».
Thierry Pech étudie également cette disparition des classes moyennes et en atténue également le discours puisqu’il explique quedepuis une dizaine d'années, le bruit court de leur mort prochaine, et les livres ne manquent pas qui prononcent leur oraison funèbre. En réalité, leur acte de décès a été dressé à maintes reprises depuis deux cents ans : au milieu du XIXe siècle déjà, elles sont déclarées condamnées par Marx ; dans les années 1930 encore, sous les effets de la crise, on annonce leur naufrage. Naturellement, les mêmes mots ne désignent pas les mêmes réalités à chaque époque, mais toujours il s'agit d'attirer l'attention sur le malaise de ceux qui occupent les étages intermédiaires de la société et qui, sans pouvoir revendiquer d'unité réellement définie, sont censés former son centre de gravité, son point d'équilibre. Heureusement, le thème des " nouvelles classes moyennes " est presque aussi récurrent dans l'histoire que celui de leur dépérissement .
Source : Thierry Pech, Deux cents ans de classes moyennes en France (1789-2010) , L'Économie politique, 1/2011 (n° 49), p. 69-97.
Cet essai est consultable à partir de la base de données Cairn disponible sur les bibliothèques du réseau BML.
Pour approfondir ces notions et confronter les points de vue, nous vous conseillons ces quelques ouvrages récents qui abordent la thématique des classes moyennes
Bonjour,
Nous reviendrons sur l’article de Xavier Molénat qui, bien que de 2007, définit ce que l’on entend par classe moyenne et la place de celle-ci dans la société actuelle :
C’est au tournant du XIXe siècle que l’expression « classe moyenne » commence à prendre son sens usuel. Avec la fin des sociétés d’ordre et le développement progressif de l’économie industrielle apparaissent des groupes sociaux qui n’appartiennent ni à la bourgeoisie ni au prolétariat (…)En France, le pluriel « classes moyennes », proche de ce que Karl Marx qualifie de petite bourgeoisie, va désigner dans le discours politique ces nouvelles couches qui, dotées d’un minimum de capital, échappent à la vie au jour le jour qui est le lot du prolétaire, sans pour autant pouvoir se permettre l’oisiveté du bourgeois.
Dans un essai qui a fait grand bruit, Les Classes moyennes à la dérive, le sociologue Louis Chauvel a souligné le risque de déclassement qui frappe aujourd’hui les enfants des classes moyennes
Source : Xavier Molénat, Classes « moyennes » ? , Sciences Humaines, n°188, décembre 2007.
L’article Les classes moyennes en quête de définition extrait de la note de veille N°54 du 16/04/07 du Centre d’Analyse Stratégique reprend en partie cette analyse :
Cette dégradation de situation est parfois lue comme un effet des politiques publiques, en particulier comme la conséquence de la structure des transferts sociaux et fiscaux. D’un côté, les prestations permettent une redistribution verticale : les moins aisés voient leurs revenus augmenter avec les prestations familiales, de logement et des minima sociaux. De l’autre, la fiscalité bénéficie proportionnellement davantage aux plus aisés par les dispositifs d’allègements fiscaux. Les effets cumulés de ces transferts socio-fiscaux sont parfois représentés par une courbe en « U ». Cette courbe, discutable, permet de mettre en évidence la situation des ménages « moyens » : à la base du « U », ils bénéficient le moins des prestations et des réductions d’impôts, au contraire des moins lotis et des plus aisés situés sur les branches du « U ».
Thierry Pech étudie également cette disparition des classes moyennes et en atténue également le discours puisqu’il explique que
Source : Thierry Pech, Deux cents ans de classes moyennes en France (1789-2010) , L'Économie politique, 1/2011 (n° 49), p. 69-97.
Cet essai est consultable à partir de la base de données Cairn disponible sur les bibliothèques du réseau BML.
Pour approfondir ces notions et confronter les points de vue, nous vous conseillons ces quelques ouvrages récents qui abordent la thématique des classes moyennes
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