Question d'origine :
Bore et Thorium : énergies minérales d’avenir ?
Bonjour,
Le premier producteur de ces deux minéraux serait la Turquie : 65% des réserves mondiales de bore et près de 50% des réserves de thorium seraient en Anatolie.
Une manne encore mal exploitée en ce qui concerne le bore : par manque de structures adéquates, le bore est transformé à l’étranger et la Turquie perd donc une valeur ajoutée importante. Quant à thorium, la demande est encore trop faible pour envisager une exploitation systématique.
Toutefois, le potentiel existerait et la Turquie serait assise sur une mine d’or !…
Fantasme ou réalité géopolitique ?
a/ Le Thorium peut-il remplacer l’Uranium ?
b/ La Turquie se positionnerait-elle dans le domaine du nucléaire civil ?
c/ Un projet de centrale en Mer Noire et un projet de création d’un centre d’enrichissement ?
d/ Existe-t-il actuellement dans le monde, un réacteur nucléaire civil fonctionnant au thorium ?
Merci de votre écoute et de votre aide.
Réponse du Guichet

Voici d’abord CERISE qui vous donnera une méthode pour effectuer votre devoir ou votre exposé.
En ce qui concerne vos questions b. et c., nous vous proposons de vous connecter au site de l’OCDE où vous pouvez effectuer une recherche par pays puis, une fois sur le pays, « renseignements par thèmes » puis "énergie" et "environnement ".
Sur la toile, en cherchant par mots-clés vous obtiendrez des informations plus récentes sous forme de dépêches ou de courts articles.
Quelques extraits :
La diplomatie turque est à l’heure actuelle en pleine mutation. Ce changement est attesté par une série de coups d’éclat récents, qui ont vu la Turquie faciliter la rencontre de plusieurs pays ou instances en conflit au Moyen-Orient (Syrie et Israël, Syrie et Liban, Fatah et Syrie…). Dans la même perspective, on observe qu’Ankara entend jouer un rôle actif pour faciliter le règlement de la question nucléaire iranienne, en essayant de trouver une alternative aux pressions du Conseil de Sécurité de l’ONU, concentrées principalement sur l’exigence de cessation des activités d’enrichissement d’uranium par l’Iran. Le fait que cet enrichissement donne les moyens aux pays qui y procèdent d’accéder à la détention de l’arme atomique est, on le sait, la principale cause de l’hostilité des puissances occidentales à l’égard du programme nucléaire iranien. Dans un esprit d’ouverture, le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, a plusieurs fois confirmé le rôle informel « de consolidation et de facilitation » que la Turquie peut jouer sur ce dossier, à la demande des parties, sans pour autant ambitionner de devenir un médiateur officiel (ce qui aurait pour effet de perturber les procédures juridiques déjà entamées).
source : OVIPOT (Observatoire de la vie politique turque)
(AFP) La Turquie projette de construire trois centrales nucléaires devant être opérationnelles à partir de 2011 pour éviter d’éventuelles pénuries d’énergie, a déclaré vendredi à Istanbul le ministre turc de l’Energie Hilmi Guler, cité par l’agence de presse Anatolie.
"Nous avons des plans pour la construction de trois centrales nucléaires qui entreront en fonctionnement l’une après l’autre à partir de 2011", a-t-il affirmé avant d’évoquer la possibilité de pénuries d’énergies après 2010-2011, qui contraindraient la Turquie à dépendre des ressources étrangères.
"Nous prévoyons d’assurer huit à dix pour cent de la demande énergétique avec le nucléaire", a-t-il ajouté, précisant que les centrales auraient une capacité totale d’environ 4.500 megawatts.
M. Guler a affirmé que son ministère privilégiait l’option de l’uranium pour alimenter les centrales, mais que l’emploi du thorium était aussi envisagé.
"Nous avons 230.000 tonnes des réserves avérées de thorium et 9.200 tonnes d’uranium, mais nous continuons les prospections", a expliqué le ministre, qui n’a pas donné de date pour le lancement d’un appel d’offre et a admis qu’aucun site n’avait pour l’heure été retenu.
source :info-turc.org .(agence d'information européenne sur la Turquie)
La Turquie désire construire de nouveaux réacteurs nucléaires et ainsi susciter l’intérêt de quelques Etats d’Europe occidentale pour l’adhésion d’Ankara à l’UE. Mais ce projet repose sur des estimations irréalistes.
source : cafebatel
Et aussi :
Projet de centrale en mer noire
Pour élargir votre question deux ouvrages récents à La BM de Lyon :
- L'adhésion de la Turquie à l'Union européenne: le débat(1963-2004) / Morgan Baillon, 2006
- Les enjeux de l'adhésion de la Turquie à l'Europe / François Descheemkere, 2008
Réponse du Guichet

a/ Le Thorium peut-il remplacer l’Uranium ?
Le thorium 232 est un isotope fertile qui se transmute en thorium 233, qui est radioactif. Par une succession de désintégrations, le thorium se désintègre en uranium 233, qui est fissile. C’est une transformation similaire qui amène l’uranium 238 à devenir du plutonium 239.
C’est un élément qui est trois à quatre fois plus abondant que l’uranium à la surface de la terre. Cette fiche de la World Nuclear Association datant de juillet 2008 présente l’estimation de la répartition des ressources mondiales en thorium. 18% du thorium serait en Australie, 16% aux USA, 13% en Turquie, puis l’Inde, le Venezuela et le Brésil qui disposent chacun de 12% des ressources mondiales de thorium.
La Turquie est donc bien présente dans le club des grands propriétaires de thorium, mais on est loin des 50% de la réserve mondiale auxquels vous faisiez référence.
En termes de quantité, il apparaît clairement que le thorium a les moyens de remplacer avantageusement l’uranium. Par son abondance même, il a été envisagé très tôt pour remplacer l’uranium. Cela dit, ses propriétés sont-elles réellement équivalentes dans le domaine qui nous intéresse, à savoir l’utilisation au sein d’un réacteur nucléaire ?
En tant que produit fissile, l’uranium 233 (produit par le thorium) est plus intéressant que l’uranium 235 et le plutonium 239 qui sont actuellement utilisés dans l’industrie nucléaire. Il est celui des trois noyaux fissiles pour lequel les pertes par captures non suivies de fission sont les plus petites. Les déchets sont moins nombreux qu’avec l’uranium ou le plutonium.
L’utilisation du thorium pose cependant plusieurs problèmes, le principal étant qu’il est nécessaire de lancer le processus qui va permettre de produire de l’uranium 233 avec du thorium, de provoquer la réaction, d’allumer le coeur et ce, avec du plutonium associé au thorium fertile. On dispose aujourd’hui de beaucoup plus de plutonium qu’à l’époque où l’on a entamé les recherches.
Cela signifie malgré tout qu’il est peut-être nécessaire de construire un nouveau type de centrale, par exemple à sels fondus (le thorium est néanmoins utilisable dans les centrales existantes avec une adaptation minimale), cela demande d’attendre longtemps que la réaction se lance et cela demande ensuite de traiter le combustible irradié.
d/ Existe-t-il actuellement dans le monde, un réacteur nucléaire civil fonctionnant au thorium ?
En 1996 L'Inde teste un mini réacteur Kamini au thorium d'une puissance de 30 Mw.
Kakrapar-1, lancé il y a quelques années, a été le premier réacteur au monde à être alimenté au thorium.
La Russie développe depuis le début des années 90 des recherches sur l’utilisation du thorium pour alimenter les centrales, à l’institut Kurchatov de l'énergie atomique à Moscou, en partenariat avec les USA.
In 2007 Thorium Power (USA) formed an alliance with Red Star nuclear design bureau in Russia which will take forward the program to demonstrate the technology in lead-test fuel assemblies in full-sized commercial reactors. |
Un article de la COGEMA.
La présentation du thorium en France sur le site de la France nucléaire.
La référence qu'est the complete thorium website.
Un article sur les combustibles au thorium sur le site laradioactivité.com.
Un article du CNRS sur les centrales du futur.
Un article sur l'utilisation du thorium en Inde sur le site Europe Solidaire.
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