voyage dans le temps

La réponse du Département Langues et Littératures

Il semble que ce soit bien Herbert George Wells (1866-1946), dans son roman La machine à explorer le temps (The Time Machine) (1895), qui ait le premier imaginé un appareil permettant à son héros de voyager physiquement et à volonté dans le temps.

Cependant, la notion de déplacement temporel de personnes, ou tout au moins d’une rencontre directe de celles-ci avec une autre époque, paraît, dans la littérature française en particulier, être bien antérieure au roman de l’écrivain britannique.

Vous citez Louis-Sébastien Mercier (1740-1814), auteur de L'An deux mille quatre cent quarante, rêve s'il en fût jamais publié (1771) qui est effectivement une projection essentiellement onirique vers le futur.

Mieux encore, dans sa monumentale Encyclopédie de l'Utopie et de la Science-fiction, Pierre Versins rappelle qu’en 1802 Nicolas Restif de la Bretonne (1734-1806), envoit "physiquement" dans l’avenir le héros de son ultime roman, Les posthumes. Multipliandre (c’est son nom) peut «entrer dans le corps» d’hommes futurs. Il découvre l’état de la France dans les millénaires à venir. Il n’hésite pas à intervenir sur le sort de l’humanité pour la sauver d’un déluge lié à l’approche d’une comète et à créer une race qui vivra 700 ans. On retrouve là l’influence des idées mystiques de l’Illuminisme qui se sont développées au cours du 18e siècle, ce qui explique peut-être pourquoi ce roman avait été attribué à titre posthume à Jacques Cazotte (1719-1792), écrivain membre de l’Ordre martiniste dont l’œuvre est sous tendue par les thèmes illuministe.

Selon la même source, dans deux textes publiés en 1873 dans ses Récits de l'infini, mais rédigés au cours de la décennie précédente, l’astronome et écrivain Camille Flammarion (1842-1925) évoque la possibilité de voir des scènes du passé via un phénomène naturel mettant en équation la vitesse de la lumière et l’éloignement par rapport à la Terre.

Dix ans plus tard, la même idée «lumineuse» est développée de manière plus subtile et «scientifique» dans l’Historioscope (1883), où Eugène Mouton (1823-1902) propose un appareil permettant simultanément la visualisation et l’écoute (à distance) d’évènements du passé.

Enfin, selon P. Versins toujours, Albert Robida (1848-1926) imagine en 1890, dans son court récit Jadis chez aujourd’hui (jamais publié en volume), que le savant Célestin Marjolet fait revenir au château de Versailles (la source ne révèle pas par quel moyen) le vrai Louis XIV, et sa cour, à l’occasion de l’exposition universelle de 1889.