Question d'origine :
Je m'appelle MORGAN, et j'aimerai savoir si l'ile mystérieuse de monsieur Jules VERNE existe réellement. Si oui, quelle est sa situation géographique, comment est elle faite et qui a t'il dessus?
Merci beaucoup
A bientôt!
Réponse du Guichet

Jules Verne présente avec l'île Lincoln une île imaginaire qu'il sait irréaliste. Comme le remarque Jacky Fontanabona dans La géographie de Jules Verne et ses cartes dans L’île mystérieuse, Jules Verne compose son île en rassemblant des formations granitiques et volcaniques, une faune et une végétation foisonnante qu’il tire de ses lectures décrivant des étendues terrestres «avérées». Mais, comme le remarque un des personnages, Gédéon Spilett, ces éléments sont parfois peu compatibles entre eux: la modeste île Lincoln offre une diversité de structures géologiques, de ressources biologiques et minérales qui ne s’observe qu’à l’échelle d’un continent.
La géologie même de l’île est fantaisiste, il serait donc vain de rechercher un équivalent sur Terre. « Pour une île d’origine volcanique, il est étonnant de retrouver avec autant de proximité de tels types de roches. Car, si le granit est une roche magmatique plutonique issue aussi des profondeurs de la terre, la cohabitation dans un espace aussi restreint géographiquement de deux types de roches aussi distincts (roches volcaniques et granits) procède d’un agencement plus vernien que naturel… surtout dans une île d’origine volcanique !!! Ainsi, directement, en parlant de « Cheminées », et indirectement, en parlant du granit qui a une origine aussi plutonique, Jules Verne renforce le caractère « volcanique » de son île.
[…]
Il est impossible (encore plus que pour l’association granits – roches volcaniques) de trouver dans un espace aussi réduit des minerais et autres roches d’origines si diverses… Car le charbon se trouve toujours dans des séries de roches très anciennes (le Carbonifère) et se forme dans des conditions très particulières ce qui s’oppose franchement au caractère récent (géologiquement) d’une île a priori d’origine purement volcanique !!! De la même manière que pour obtenir de l’argile ou de la chaux il faut au préalable qu’il y ait eu des roches sédimentaires (bien éloignées des roches volcaniques et granitiques), ce qui d’un point de vue géologique est là carrément impossible compte-tenu de la taille de l’île et de sa formation initiale... »
voir Dupuy (Lionel), En relisant Jules Verne. Un autre regard sur les Voyages Extraordinaires, Dole, La Clef d'Argent, 2005, pp. 129-152.
Ces incohérences géologiques ne doivent pas être considérées comme des erreurs de la part de Jules Verne, trop grand connaisseur de la géographie, ou le fait de son inattention. Au contraire « le dispositif géologique et pédologique que l’auteur retient dans cette île participe en fait d’une mise en extraordinaire de ce lieu qui, si il étonne évidemment les colons, est parfaitement explicable d’un point de vue romanesque. Il s’agit pour l’auteur de créer ici un microcosme complet qui reprend et réduit localement la complexe et longue histoire géologique de la Terre. Et c’est sur cette île improbable au double plan géologique et pédologique que les héros vont évoluer et refaire, en un temps record, les principaux gestes que l’humanité a connus durant sont histoire
[...]
L’île semble procéder ainsi d’un synchrétisme géologique et géographique pour le moins surprenant. Elle constitue donc un véritable condensé, un raccourci extraordinaire de la Terre, envisagée ici dans sa configuration géologique, climatologique et pédologique. Elle constitue alors cette scène de théâtre où les hommes et la terre vont évoluer dans une autre dialectique de l’espace et du temps. Ce surprenant espace insulaire sort de l’espace et du temps conventionnels pour proposer une utopie, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire un lieu qui n’existe pas, mais aussi un lieu de bonheur. Cette utopie se double également d’une uchronie, une évocation imaginaire dans le temps. »
voir Dupuy (Lionel), Une métaphore de la démarche géographique et de l’histoire du XIXe siècle : L’Île Mystérieuse de Jules Verne (1874-75), article disponible sur cybergeo.
La géologie même de l’île est fantaisiste, il serait donc vain de rechercher un équivalent sur Terre. « Pour une île d’origine volcanique, il est étonnant de retrouver avec autant de proximité de tels types de roches. Car, si le granit est une roche magmatique plutonique issue aussi des profondeurs de la terre, la cohabitation dans un espace aussi restreint géographiquement de deux types de roches aussi distincts (roches volcaniques et granits) procède d’un agencement plus vernien que naturel… surtout dans une île d’origine volcanique !!! Ainsi, directement, en parlant de « Cheminées », et indirectement, en parlant du granit qui a une origine aussi plutonique, Jules Verne renforce le caractère « volcanique » de son île.
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Il est impossible (encore plus que pour l’association granits – roches volcaniques) de trouver dans un espace aussi réduit des minerais et autres roches d’origines si diverses… Car le charbon se trouve toujours dans des séries de roches très anciennes (le Carbonifère) et se forme dans des conditions très particulières ce qui s’oppose franchement au caractère récent (géologiquement) d’une île a priori d’origine purement volcanique !!! De la même manière que pour obtenir de l’argile ou de la chaux il faut au préalable qu’il y ait eu des roches sédimentaires (bien éloignées des roches volcaniques et granitiques), ce qui d’un point de vue géologique est là carrément impossible compte-tenu de la taille de l’île et de sa formation initiale... »
voir Dupuy (Lionel), En relisant Jules Verne. Un autre regard sur les Voyages Extraordinaires, Dole, La Clef d'Argent, 2005, pp. 129-152.
Ces incohérences géologiques ne doivent pas être considérées comme des erreurs de la part de Jules Verne, trop grand connaisseur de la géographie, ou le fait de son inattention. Au contraire « le dispositif géologique et pédologique que l’auteur retient dans cette île participe en fait d’une mise en extraordinaire de ce lieu qui, si il étonne évidemment les colons, est parfaitement explicable d’un point de vue romanesque. Il s’agit pour l’auteur de créer ici un microcosme complet qui reprend et réduit localement la complexe et longue histoire géologique de la Terre. Et c’est sur cette île improbable au double plan géologique et pédologique que les héros vont évoluer et refaire, en un temps record, les principaux gestes que l’humanité a connus durant sont histoire
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L’île semble procéder ainsi d’un synchrétisme géologique et géographique pour le moins surprenant. Elle constitue donc un véritable condensé, un raccourci extraordinaire de la Terre, envisagée ici dans sa configuration géologique, climatologique et pédologique. Elle constitue alors cette scène de théâtre où les hommes et la terre vont évoluer dans une autre dialectique de l’espace et du temps. Ce surprenant espace insulaire sort de l’espace et du temps conventionnels pour proposer une utopie, au sens étymologique du terme, c’est-à-dire un lieu qui n’existe pas, mais aussi un lieu de bonheur. Cette utopie se double également d’une uchronie, une évocation imaginaire dans le temps. »
voir Dupuy (Lionel), Une métaphore de la démarche géographique et de l’histoire du XIXe siècle : L’Île Mystérieuse de Jules Verne (1874-75), article disponible sur cybergeo.
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