Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais avoir des renseignements clé (une biographie succincte) sur Niki de Saint Phalle ainsi que les explications (contexte, dimensions, analyse formelle....) des oeuvres " Les tirs " et " La Mariée ".
Merci d'avance
Réponse du Guichet

Sur internet, vous trouvez une biographie succincte et complète de Niki de Saint Phalle sur le site du MAMAC, à Nice, qui a reçu en octobre 2001 une très importante donation de l’artiste.
Plusieurs livres, cités ci-dessous, proposent des données biographiques qui mettent un peu plus l’accent sur la personnalité même de l’artiste. Dans le cas de Niki de Saint Phalle, cette composante privée interfère de façon manifeste avec les développements formels et thématiques de son œuvre. Niki de Saint Phalle s’est réalisée comme artiste en cherchant à produire un monde imaginaire refuge. Elle a voulu exister par son art, allant jusqu’à abandonner mari et enfants, en dépassant les évènements traumatiques de son enfance : le krach de 1929, les infidélités de son père, une éducation religieuse rigoureuse, l’inceste paternel, le suicide d’une sœur, les renvois d’école, etc. Elle a voulu faire sa place dans un monde dominé par les hommes, où la destinée prévue était celle d’une mère au foyer, totalement dépendante financièrement de son mari. D’autre part, son art s’inscrit dans la tendance du Nouveau Réalisme, mâtinée d’Art brut (elle a été très impressionnée par la vision du Palais du Facteur Cheval) ; ses interventions brutales dans la réalité matérielle, ses recyclages d’objets, sa démarche participative sous la forme d’happenings, y trouvent aussitôt leur audience.
Les livres les plus utiles pour répondre à vos interrogations sont les suivants :
Niki de Saint Phalle : peintures, tirs, assemblages, reliefs, 1949-2000 / textes de Michel de Grèce, Pontus Hulten, Ulrich Krempel, Yoko Masuda, Janice Parente, Pierre Restany.
Catalogue raisonné qui proposent plus de 70 notices d’œuvres où le tir est impliqué - avec pour chaque œuvre, une illustration, les matériaux employés et les dimensions-, et une Mariée – « 1964, 180,0 x 110,0 x 35,0 cm, peinture blanche et objets divers (tissu, fleurs artificielles, filasse, grillage…) sur panneau ».
Le texte d’Ulrich Krempel apporte, parmi beaucoup d’autres, ces éléments de compréhension :
«
«En 1961 j'ai tiré sur : Papa, tous les hommes, les petits, les grands, les importants, les gros, les hommes, mon frère, la société, l'Eglise, le couvent, l'école, ma famille, ma mère, tous les hommes, Papa, moi-même, les hommes. Je tirais parce que cela me faisait plaisir et que cela me procurait une sensation extraordinaire. Je tirais parce que j'étais fascinée de voir le tableau saigner et mourir. Je tirais pour vivre ce moment magique.
C'était un moment de vérité scorpionique. Pureté blanche. Victime. Prêt ! A vos marques ! Feu! Rouge, jaune, bleu, la peinture pleure, la peinture est morte. J'ai tué la peinture. Elle est ressuscitée. Guerre sans victimes.» (Niki de Saint Phalle, in : München 1987, p.52.) »
«… Beaucoup d'éléments peuvent y avoir contribué : l'érotisme saisissant qui émanait de la fine silhouette féminine, l'assurance des poses, l'agressivité calculée des tirs, le jeu d'un rôle féminin nouveau et tout différent. Enfin une femme résistait visiblement à tout ce qui, dans l'agressivité, la domination et l'autorité masculines, l'exclusion des femmes, avait donné deux guerres mondiales à ce siècle. De plus, elle alliait ce féminisme offensif à une claire affirmation de sa féminité. L'entrée en scène de Niki de Saint Phalle provoquait simultanément l'attirance et le rejet brutal; elle évoquait le rôle traditionnel de la belle femme disponible mais aussi l'image de celle qui refuse, l'arme à la main. »
« …. « La première démonstration publique que j'ai présentée sous le titre « feu à volonté », eut lieu à la galerie J à paris le 30 juin 1961. Pendant 15 jours les visiteurs avaient un stand de tir blindé à leur disposition. Il y eut un nombre record de visiteurs. Les visiteurs-acteurs étaient invités à faire réagir sur un plan esthétique leurs instincts réprimés, instincts qu'ils libéraient d'habitude dans les stands de tir de foire. Cette nouveauté fit le tour du monde en deux mois et entoura Niki d'une sorte d'auréole qui apparaissait quelque peu étrange, comme si elle était portée par une amazone moderne ou une diane chasseresse de Montparnasse. Des centaines d'articles de journaux et des quantités d'émissions de TV contribuèrent à ce succès. Les Italiens la transformèrent en vampire, les Suisses en une féministe convaincue qui, dans le domaine de l'art, avait remplacé les hommes épuisés, les Américains, puritains, moralistes et pacifistes, réagirent avec colère à une émission de télévision dans laquelle on l'entendait dire : « évidemment. la guerre c'est mieux, mais je ne peux pas en faire plus! » » (Restany, loc.cit.).
Pierre Restany écrit :
«…Et voilà qu'éclate le coup d'éclair de Niki. Ce 21 février 1961, Tinguely m'accueille à l'impasse Ronsin et Niki m'invite à tirer sur un panneau de bois à armature métallique recouvert d'une épaisseur de plâtre renfermant des sachets de couleurs liquides qui éclatent sous l'impact des balles et dégoulinent sur le plâtre en un dripping bariolé digne du meilleur Pollock. Je suis fasciné par le côté spectaculaire du rite et son effet métamorphique, mais aussi par le côté absolutiste du geste qui rejoint l'extrémisme irréparable et définitif du geste d'appropriation des Nouveaux Réalistes : l'imprégnation par le bleu IKB, la colère d'Arman, la compression de César, le décollage des affichistes, l'animation et l'autodestruction de la ferraille, le piégeage de l'objet ou son empaquetage. Je décide sur le champ d'inviter Niki à rejoindre le groupe et elle participera à toutes les activités collectives dès juillet 1961 et le premier festival du Nouveau Réalisme à Nice. Le Tir de Niki participe au plus haut point à l'esprit d'euphorie interactive qui caractérise les actions-spectacles des Nouveaux Réalistes. L'expérience qu'elle a retirée de la douzaine de tirs qu'elle a exécutés entre 1961 et 1962 (et auxquels elle rendra une ultime référence dans l'Autel réalisé en public dans les galeries Victor-Emmanuel de Milan en 1970, à l'occasion du Xe anniversaire du Nouveau Réalisme) - va plus loin encore dans la profondeur de son être. Niki elle-même en tirera plus tard la leçon : « Est-ce que je tirais sur moi-même selon un rituel me permettant de mourir de ma propre main et de renaître? Je tirais sur moi, sur la société avec ses injustices, je tirais sur ma propre violence et la violence de l'époque. En tirant sur ma violence, je n'aurais plus à la porter en moi comme un fardeau.
… Cette création torrentielle, par laquelle Niki a su assumer la violente révolte de toute une époque à travers la sienne propre, témoigne d'une envergure morale exceptionnelle. Cette dimension éthique fondamentale, je l'avais signalée dès juin 1962 en présentant son exposition chez Jean Larcade, où figurait son fameux Autel 0. A. S., un retable-triptyque où le revolver voisinait avec le crucifix : « En Niki de Saint Phalle, Jeanne d'Arc et Marie-Antoinette se sont incarnées simultanément.» La suite de l'œuvre allait me donner amplement raison. Quelques dates suffisent : 1963, c'est le tir monumental de King Kong à Los Angeles et le point de départ d'une grande réflexion sur la condition féminine : aux mariées, aux femmes parturientes, aux sorcières en filasse et papier mâché vont succéder les Nanas triomphantes en polyester (1964), la monumentale Hon de 27 mètres de long au musée de Stockholm (1966). »
Yoko S. Masuda parle ainsi de l’œuvre de l’artiste :
« Niki de Saint Phalle naquit en 1930 d'un père français, très fier de ses origines aristocratiques, et d'une mère américaine qui était actrice.
Elle grandit à New York où, dès la plus tendre enfance, elle reçut à l'école religieuse et en famille une éducation catholique très stricte. Cette époque, aussi bien en Amérique qu'au Japon, fut marquée par un certain nombre de tabous tels que Dieu, l'amour, le sexe, l'hostilité ethnique, la guerre, les massacres perpétrés au nom de la colonisation, la discrimination raciale et sexuelle. Niki n'hésita pas à exprimer les sincères doutes qu'elle éprouvait face à ces questions, ce qui lui valut l'étiquette d'enfant à problèmes. Elle fut renvoyée de l'école et contrainte de changer d'établissement scolaire trois fois durant l'adolescence.
Cette profonde attitude rebelle s'affirma avec les années. Niki se maria à l'âge de 18 ans. Sa beauté attira l'attention et elle fit la couverture de magazines prestigieux comme Life et Vogue. Mais progressivement, la vie de mannequin, où tout n'est finalement qu'une question de jolie apparence, lui parut de plus en plus frustrante. Niki choisit de devenir artiste pour se libérer et se guérir.
… Au début des années 60, ses Shooting Paintings ou tirs à la carabine - dénonçant la laideur de l'hypocrite société dominante, celle qui entachait l'église, l'école et les foyers - choquèrent la haute société et le monde• de l'art. Niki ne pouvait plus souffrir l'absurde situation engendrée par le préjudice, la discrimination, la duperie et la violence vécus sous la domination masculine. Elle était habitée d'une colère violente qui lui donnait l'impression de suffoquer. Elle donna libre cours au pouvoir de cette fureur explosive dans ses oeuvres. L'expression artistique de Niki devint de plus en plus radicale, et aboutit aux Shooting Paintings, expression de génie.
Selon les propres termes de l'artiste : « Au lieu de devenir une terroriste; je devins une terroriste de l'art.» ?
Au début, les Shooting Paintings furent simplement des tirs visant des planches (ou des objets entourés de fils métalliques) contenant des aérosols ou des sacs de peinture dissimulés sous le plâtre. Lorsque les balles étaient tirées, la peinture éclaboussait et dégoulinait sur l'œuvre qui se transformait ainsi en un sacrifice sanglant et en un rite funèbre. Niki les décrivait comme «un meurtre sans victime».
Puis, progressivement, la signification des Shooting Paintings changea. Les situations suffocantes endurées par la femme furent exprimées au travers d'objets trouvés. Elle utilisa des chaussures à talons hauts, des bigoudis, des ustensiles de cuisine, des jouets de plastique, de faux pistolets, des avions de chasse, des armes, d'innombrables poupées, soldats, clowns, masques des dirigeants de l'époque, comme Kennedy et Khrouchtchev, des statuettes d'anges et de la Vierge Marie, des démons, monstres, araignées, serpents et fleurs artificielles, ainsi que des fils de laine et tissus afin de créer une série d'œuvres incluant Cœur de monstre (1962), Sorcière rouge (1962), King Kong (1963) et Autel des femmes (1964).
Niki, qui déclare que toutes ses œuvres constituent son histoire personnelle, déclina ensuite « les rôles de la femme ». La Mariée, La Grossesse, L'Accouchement, La Mère, sont des séries d'œuvres plus objectives et pleines d'agonie. Elles se distinguent des shooting paintings, qui lui servirent d'exutoire à la dépression. Ici, c'est une autocritique sévère qui transparaît dans ses travaux. Selon les explications de l'artiste, ces œuvres furent créées « en état de grande agonie ».
Un jour, elle trouva l'inspiration en observant son amie Clarice qui travaillait dans l'atelier voisin du sien. Jour après jour, elle avait vu le corps de son amie enceinte se dilater et devenir de plus en plus rond. Niki se « sentit soudainement libérée », et commença à réaliser dès 1965, des statues de femmes, toutes en rondeurs, respirant l'assurance et le pouvoir, intitulées les Nanas. Elle créa Nana Power et d'autres œuvres de la série des Nanas, sans relâche, les unes après les autres. Considérées plus tard comme ses chefs-d’œuvre, elles témoignent aussi d'un développement artistique reflétant une attitude profondément sincère.
Depuis, Niki a toujours créé d'excellentes œuvres d'art. Dès 1978, elle se consacra à l'ensemble des palais idéaux, dont la réalisation fut le rêve de toute sa vie. Vingt ans plus tard, en 1998, le Jardin des Tarots, perché sur une colline de Toscane, fut ouvert au public. »
Le catalogue d’une exposition rétrospective en 1980 au Centre Pompidou, Niki de Saint-Phalle, contient plusieurs images de mariées : When you love somebody, La Mariée enlevée ou le Cheval victorieux, Sappho dreaming under a Tree, Mariée (1963-64, 222 x 200 cm). Ces images sont accompagnées du commentaire : « La mariée a retrouvé son cœur. Il n’est pas dit qu’elle l’ait donné à son époux. Elle est d’ailleurs trop occupée à sa parure. Perdue dans son ravissement. Elle est l’objet de son propre désir. »
Le catalogue de l’exposition en 1993 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris, Niki de Saint Phalle, offre d’autres renseignements cruciaux, notamment dans les lettres écrites par l’artiste qu'il publie, aussi bien sur le contexte général que sur les tirs et les mariées :
Uta Grosenick explique : « … La vie et l'œuvre de Niki de Saint Phalle sont liées de façon quasi indissoluble comme chez peu d'artistes de sa génération. Née en France elle grandit dans une famille de la grande bourgeoisie américaine et dès sa plus petite enfance elle se révolte contre le rôle de femme qui lui est destiné.
… Sa libération personnelle commence bien avant que n'existe le mouvement des femmes et que le terme d'émancipation ne soit sur toutes les lèvres. Dans un premier temps elle assume sa propre agressivité. D'abord de façon passive en collectionnant les pistolets, les couteaux et les instruments de boucher pour les assembler en montages. Avec ces instruments meurtriers elle menace dans son imagination tous les hommes qui pourraient constituer pour elle un obstacle émotionnel ou réel.
Dans un deuxième temps elle envoie des fléchettes sur des figures symboliques de ces hommes et tire dessus avec une arme. L'acte de tirer revêt alors pour Niki de Saint Phalle une signification de plus en plus importante, de sorte que-les attributs masculins passent bientôt au second plan. Elle tire sur tous les objets possibles et imaginables qu'elle a auparavant retravaillé avec du plâtre et des couleurs pour en faire des reliefs.
C’est quand elle est admise au sein du groupe des «Nouveaux Réalistes» et que la presse internationale commence à s'intéresser à ses actions de tir qu'elle comprend qu'elle a atteint son but, celui d'être une «artiste professionnelle».
Elle n'écoute que sa voix intérieure, réfléchit aux divers rôles de la femme dans la société et les représente sous forme de reliefs ou de sculptures : des mariées, des fernmes qui accouchent, des mères, des putains et des sorcières.
Ces images de femmes convergent toutes pour elle vers une seule et unique femme qu'elle appelle avec tendresse «Nana» et dont elle crée d'innombrables variantes. Elle réunit toutes les qualités proprement féminines, elle est un hymne à toutes les femmes, et aussi un hymne à elle-même, Niki de Saint Phalle. »
Et Pontus Hulten remarque :
« … Niki de Saint Phalle a veillé toute sa vie à préserver ce qui fait sa force : la liberté. Elle a su s'affranchir des entraves, elle s'est séparée des personnes dont l'influence contrariait cette quête intensément vécue. Cela dit, jamais elle n’a voulu défendre sa liberté par des méthodes agressives. Même ses Tirs ne devaient pas servir à cette fin… Ainsi, malgré les périodes sombres qu'elle a traversées, malgré les maladies, les épreuves et les chagrins, elle est restée innocente, pure en son cœur. Elle a gardé cette faculté éminemment féminine de donner le goût de vivre aux autres, qu'elle invite à pénétrer avec elle dans son univers de couleurs, d'images, de fantômes et de mythes. Ou même à y loger, par exemple dans L'impératrice du Jardin des Tarots à Garavicchio, pour être plus proche du vide qu'elle sait si bien remplir de sensualité, d'un amour intimement mêlé à la passion et la souffrance.
Niki de Saint Phalle est aussi une prêtresse qui prêche une parade aux contradictions engendrées par la vie face à la mort. Elle sait maîtriser ses angoisses en leur donnant une expression joyeuse, inciter le regard à flâner du côté de la poésie des contes de fées en s'inspirant des dures réalités de notre société. Elle se méfie de toutes les morales imposées par la force, préférant compter uniquement sur sa puissance d’imagination, capable d'anéantir le mal sans renier ses aspects fascinants. »
À propos des autels, des mariées et des monstres :
« … Une éducation religieuse laisse forcément des traces et Niki de Saint Phalle a décidé de s'attaquer à cet aspect d'un passé qu'elle voulait effacer à tout prix. Certains Autels sont criblés de balles, et l'un d'eux porte le sigle de l'O.A.S, de sinistre mémoire. Sur cet autel, des crucifix, des chauves-souris, des pistolets, des revolvers, des rats et des Vierges côtoient des odalisques.
Les motivations sous-jacentes aux Tirs et aux Autels sont restées agissantes pendant bien des années. En même temps, des créatures plus tendres, les Mariées et les Nanas, faisaient leur apparition. Les Mariées, tantôt assises par terre, tantôt à cheval, parfois accompagnées par des monstres, se composent de jouets et autres babioles en plastique commercialisées dans les supermarchés à ce moment-là (1962-1963). Ces objets sont un rien vulgaires, dérisoires, stupides, et pourtant attachants. Niki de Saint Phalle les a transmués en de belles Mariées et de beaux Monstres, en les fixant sur des carcasses en tissu et des grillages en fil de fer. »
Vous pourrez lire, p. 160-165, la lettre que Niki de Saint Phalle adresse à Pontus Hulten entièrement consacrée à l’historique et à l’explication des Tirs, de 1961 à 1963, qui se termine par ces mots :
« Pourquoi ai-je renoncé aux Tirs après deux ans seulement ? Je me sentais droguée. Après une séance de tir j'étais complètement sonnée. Je devenais dépendante de ce rituel macabre, même s'il était joyeux. J'en arrivai au point où je perdais le contrôle de moi-même, mon cœur battait la chamade pendant que je tirais. Je tremblais avant et pendant la séance. J'étais dans une sorte de transe extatique.
L'idée de perdre le contrôle m'effraie et je déteste la dépendance. Alors j'ai renoncé.
… Presque personne n'acheta ces œuvres. Je ne choquais pas seulement les médias, même Bill Seitz, du MOMA, décréta que mon attitude portait préjudice à l'art et que j'avais fait reculer l'art moderne de trente ans!
De la provocation je passai à un monde plus intérieur, plus féminin. Je me mis à sculpter des mariées, des accouchements, des putains, ces rôles variés que les femmes ont dans la société.
Une nouvelle aventure commençait. »
Dans ce livre figure de très nombreuses illustrations des Tirs, ainsi que La mariée sous l’arbre (1963/64, 228 x 200 x 240 cm) et Le cheval et la mariée (1963/64, 235 x 300 x 120 cm) et Cécile.
Enfin le livre Niki de Saint-Phalle : la donation, outre les illustrations, offre d’autres analyses des Mariées, dont celle de Gilbert Perlein :
« La période «blanche » de Niki de Saint Phalle commencée avec les Tirs se poursuit avec les Cathédrales, les Monstres (White Gremlin, Gambrinus...) et surtout les Mariées. La symbolique de la pureté mise à mal n'en finit pas d'être criée par de grandes poupées tristes parées de superbes robes d'apparat et qui hurlent infiniment leur désespoir. Les mariées souffrantes repliées sur leur douleur, dansent un menuet macabre, ou se promènent à dos de cheval, chlorotiques « Ophélies » issues d'un Bal de vampires. L'une d'entre elles, la Mariée sous l'arbre, semble s'abandonner au sommeil, écrasée par la chaleur de l'été, sous les frondaisons luxuriantes d'un arbre surchargé de fruits, de fleurs, d'animaux de plastique. Les branches se tordent au-dessus de sa tête, portant à leur extrémité des visages, hydre menaçante. Le contraste entre la surabondance végétale et la fragilité de la silhouette blanche met en évidence le manichéisme de la composition. Mais n'est-ce pas l'Eve éternelle au jardin d’Eden sur laquelle se penche, tentateur et avide le Malin ? »
Nous vous invitons à découvrir également les deux autobiographies réalisées par l’artiste, l’une couvrant la période 1930-1949, tout à fait surprenante et attachante par la typographie et ses illustrations, Traces : une autobiographie. t.1 / Niki de Saint-Phalle, et l’autre, Mon secret, écrite pour se délivrer du viol par son père à l’âge de 11 ans, que vous pouvez lire dans une autre bibliothèque, dont vous choisirez l’adresse par l’intermédiaire du CCFR.
Pour ressentir l’ambiance électrique des tirs, vous avez la possibilité de visionner un court enregistrement vidéo sur une séance de tir en 1961 par l’artiste, sur le site de l’INA.
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