Toponymie Villefranche sur Saone

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Bonjour,

Il n’existe pas de dictionnaire topographique sur lequel, tel celui de la Loire sur lequel nous pourrions fermement appuyer notre réponse. Car il s'agit plus de nomenclature que toponymie. Dans le fort intéressant ouvrage de Daniel Rosetta, Villefranche des origines à nos jours, le chapitrage fait apparaître un distinguo entre "Villefranche-en-Beaujolais avant la Révolution" et "Villefranche-sur-Saône après la Révolution". Nous nous demandons s’il ne s’agit pas d’une simple présentation stylistique. Aussi, dans le doute, nous avons contacté la docte Académie de Villefranche et du Beaujolais. Nous vous contacterons dès leurs lumières reçues.

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Bonjour,

Plusieurs personnes de l’Académie de Villefranche et du Beaujolais, que nous remercions ici, nous ont fait le plaisir de donner leur verdict. Conservant toute la circonspection requise, elles ont confirmé qu’il est impossible de donner une date précise, car il n’existe pas d’acte officiel.

Citons tout d’abord : « Pendant la Révolution Villefranche s'est appelée "Commune-Franche" (décision du Conseil 7 pluviôse An II) puis "Mont-Buisante-sur-Saône".

Les Académiciens s’accordent à dire que la mention de Villefranche-sur-Saône n’est pas attestée avant 1789, ce qui donne un terminus post quem.
Citons : « C'est pendant la Révolution que cette dénomination est née, mais elle ne s'est lentement imposée qu'après 1799.
Les assemblées révolutionnaires ont voulu faire table rase de l'Ancien régime. Ainsi, les députés de l'Assemblée nationale constituante supprimèrent les provinces, remplacées par des départements. Ceux-ci portèrent presque tous des noms de montagnes (Puy-de-Dôme, Vosges...) ou de cours d'eau (Allier, Saône-et-Loire...). On vit alors apparaître la dénomination Villefranche-sur-Saône ; mais cette expression, créée par l'administration, eut du mal à s'imposer : pendant longtemps, les registres des délibérations municipales hésitèrent beaucoup à l'employer. Les Caladois regrettaient la disparition de la formulation Villefranche en-Beaujolais qui rappelait que leur ville était, avant 1789, la capitale d'une province. D'autre part la Saône (aujourd'hui encore ?) a joué un rôle médiocre dans l'histoire récente de la cité : ajouter son nom à celui de la ville était, par comparaison, peu valorisant !
À partir du moment où Villefranche devint sous-préfecture (Consulat, premier Empire) l'appellation Villefranche-sur-Saône devint le seul nom employé par l'administration départementale et nationale. La poste ne fit que suivre les directives officielles. La population locale mit, elle, beaucoup de temps à l'intégrer. »

Et encore : « Des documents officiels (ordonnance de police du 21 juin 1825 et du 6 décembre 1843 comportent les formulations : "Mairie de Villefranche" et "Nous, Maire de Villefranche", ce qui montre bien que, à ces dates, l'appellation "Villefranche-sur-Saône" n'était pas encore habituelle ou officialisée. Il s'agit donc d'une appellation officielle relativement récente.

Ajoutons que la révolution industrielle et des transports, accroissant les communications d’une telle façon, les villes portant le même toponyme s’en trouvèrent embarrassées.
Car, force est de constater que les « Villefranche » et autres « Francheville » sont légion en France. Ce nom provient du Moyen-âge, à partir du XIIème siècle, époque à laquelle les seigneurs ont accordé des libertés aux bourgeois pour s'organiser en municipalités. Ce mouvement d’importance, qui s’est étalé sur plus d’un siècle, a permis la constitution d’une bourgeoisie de plus en plus puissante. Dans ces chartes de franchises, on trouve les droits et les devoirs négociés entre le seigneur et ses sujets. Les impôts, la justice, sont réglementés de manière concrète. Nous vous conseillons la lecture des actes du récent colloque Villefranche-sur-Saône et sa charte de 1260, dont l’Académie de Villefranche est justement l’auteur.