la citadelle royale de Lyon au XVIe siècle
LYON, MÉTROPOLE ET RÉGION
+ DE 2 ANS
Le 25/12/2009 à 23h35
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Question d'origine :
Bonjour,
La construction d'un palais royal baptisé "citadelle Saint-Sébastien" aurait débuté vers 1564, sur ordre de Charles IX, sur le versant Rhône du plateau de la Croix-Rousse.
Le chantier aurait été interrompu seulement 20 ans plus tard, soit en 1585 et la citadelle, en cours de construction, aurait été entièrement démantelée sans que, curieusement, aucun vestige ne nous soit parvenu.
Mis à part les quelques lignes écrites par Abraham Golnitz au XVIIe siècle, existe t'il des documents relatifs à cet ouvrage?
Une récente étude archéologique au sujet du réseau souterrain des "arêtes de poissons", situé sur le passage du futur tunnel sous la Croix-Rousse, laisse présumer que ces souterrains seraient en rapport direct avec cette citadelle...
Merci de votre aide. le chat
Réponse du Guichet
bml_reg
- Département : Documentation régionale
Le 29/12/2009 à 16h55
La Bibliothèque municipale possède plusieurs documents autres que celui d’Abraham Golnitz : Lyon au XVIIe siècle, mentionnant le contexte de la construction et de la démolition de la citadelle Saint-Sébastien.
A Lyon, en 1560, période de conflits entre protestants et catholiques, les réformés constituent plus du tiers de la population de la presqu’île lyonnaise. En août, ils prennent le pouvoir de la ville en favorisant l’entrée dans Lyon de conjurés de leur religion. Ils se retirent faute d’appui. Deux ans plus tard, les troupes du baron des Adrets, réformé et lieutenant du prince de Condé, entrent à Lyon. Le passage des protestants sera sanglant pour les hommes et les églises seront dévastées.
Dans Les défenses de Lyon : enceintes et fortifications, nous trouvons mention de la citadelle, alors appelée citadelle dite du Mont-Sauvage. En voici un extrait :
Une fois Lyon revenue au calme et à l’occasion de la visite dans la ville de Charles IX et de Catherine de Médicis, en juin 1564, le roi, encore méfiant, veut contraindre les Lyonnais à rester dans l’obéissance. Il leur impose un gouverneur jugé indésirable, Jacques de Nemours, la création et l’entretien d’une compagnie de guet et surtout la construction d’une citadelle entre le boulevard Saint-Sébastien encore en chantier et les couvents implantés sur les premières pentes de la Croix-Rousse. L’espace occupé par les murailles de cet ouvrage avait plus d’une lieue et demie (plus de 6 km) de périmètre entre les nouveaux remparts, la Grand’Côte, la rue du Bon Pasteur et la rue de la Tourette. On ne dispose pas d’une description précise de la citadelle. On sait cependant que les ouvrages en terre furent achevés en 6 mois et que dès décembre 1564 une adjudication eut lieu pour la réalisation du mur d’escarpe en pierre, nécessaire pour tenir les mouvements de terre…Cette réalisation, qui avait fait l’objet d’expropriations nombreuses, et qui se présentait par ses dimensions comme attentatoire à leurs libertés, fut mal vécue par les Lyonnais. Ils s’en emparèrent en 1585 avec la complicité du gouverneur Mandelot. Il leur fallut cependant vingt ans avant de la faire disparaître.
D’autres documents relatent la construction de cette citadelle. Dans La défense de Lyon, nous apprenons que l’état paie seul les travaux. On ne connait pas exactement son emplacement. D’après un contemporain , Rubys, elle fut bâtie au plus haut de la côte Saint-Sébastien et elle fut assise partie en dehors et partie en dedans de l’enceinte bâtie par François 1er, non loin de la place des Bernardines. Selon Boitel, l’espace occupé par la citadelle avait plus d’une demie-lieue de périmètre au dessus de la côte Saint-Sébastien entre les nouveaux remparts et la rue Neyret. Le chantier employa plus de 3000 ouvriers. Les Lyonnais voyaient dans cette citadelle comme un danger pour le droit qu’ils avaient conquis de se garder eux-mêmes. Aussi, en 1585, trois compagnies de la milice bourgeoise s’en emparent. Le roi en approuve la démolition.
La Ficelle nous propose, dans son numéro de novembre 2009, un dossier intitulé : Arêtes de poisson, les vestiges de la citadelle Saint-Sébastien, qui nous donne des précisions sur la démolition de cette forteresse. Après de nombreuses demandes insistantes de la part du consulat, la démolition de cette enceinte est accordée par Henri III, frère et successeur de Charles IX en 1585. A condition qu’un don de 40 000 écus d’or soit fait au roi. Dans ses lettres patentes du 4 juillet 1588, il déclare que c’est lui qui a voulu et ordonné que la citadelle, ensemble tous les forts, boulevards, ceinture de muraille et toute clôture de la dite citadelle fut rasée et mise par terre en tel état qu’il n’en demeurât à l’avenir aucune marque ou mémoire et sans espoir qu’elle puisse être rebâtie par lui ou les rois ses successeurs sous quelque prétexte et occasion que ce soit. Le passé ne nous a transmis aucun plan, aucune description technique de cette citadelle…Le sol a été bouleversé de telle sorte qu’on ne put même reconnaître son emplacement. Le consulat aurait voulu effacer jusqu’à son souvenir.
Ce même article précise que les souterrains dits « arêtes de poisson » auraient été construits, selon le rapport du service archéologique de la Ville de Lyon, en même temps que la citadelle. Ils se composent de 32 arêtes avec 16 puits d’accès (dont un seul a été retrouvé intact) sur deux colonnes vertébrales superposées.
Vous trouverez d’autres renseignements concernant ces souterrains dans :
- Les souterrains de Lyon
- Voyage au ventre de Lyon
- Lyon underground : Point d’actu réalisé par la Documentation Lyon et Rhône-Alpes
- ainsi que dans cet article du Progrès
- et sur ce site.
DANS NOS COLLECTIONS :
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