Histoire de Lyon

Réponse de la Documentation Lyon et Rhône-Alpes

Le maire de Lyon Louis Pradel avait en effet envisagé la démolition d'une partie du Vieux-Lyon lors de son arrivée à la mairie en 1957. L'ouvrage de Laurent Sauzay consacré à Louis Pradel consacre plusieurs pages à cette thématique. En voici un extrait :
"Soucieux de moderniser sa ville, le nouveau maire voit là une bonne occasion d'en donner la preuve. Cela lui sera d'autant plus facile qu'il n'est pas précisément soucieux des vieilles pierres, préférant toujours couler du béton que de restaurer de vieux bâtiments. Le quartier est particulièrement insalubre, défiguré par des taudis (…). S'il n'en tenait qu'à lui, le maire aurait prescrit un bon coup de buldozer. Il se contenta d'un autre projet : la création d'un pont en face de la rue Grenette que prolongerait un large boulevard sur la colline de Fourvière.
C'en était trop pour ceux qui s'étaient mis en tête de conserver le Vieux-Lyon tel quel pour le réhabiliter (…). Cette vive réaction obligea le maire à un premier revirement" (suite à lire dans l'ouvrage de Laurent Sauzay). Il change son fusil d'épaule et prend en novembre 1960 un arrêté de sauvegarde du quartier. Celui-ci deviendra Quartier sauvegardé en 1964.

Pour en savoir plus sur les actions de restauration qui suivirent, vous pouvez lire :
Vieux Lyon : 30 ans de secteur sauvegardé, 1964-1994
Vieux Lyon : naissance d'une renaissance, le tournant des années 60, supplément au n°74 du Bulletin de liaison - Renaissance du Vieux Lyon; mai 1991

Louis Pradel n'est en effet pas le premier a avoir envisagé la démolition d'une partie du Vieux Lyon. Voici quelques extraits de l'Atlas historique du grand Lyon qui vous donneront un aperçu des projets de démolition/rénovation élaborés pour le Vieux-Lyon :
p. 140 : La fin du XIXe siècle le début du XXe siècle. La mise en place d'un réseau moderne de voies de circulation :
"Poursuivant l'œuvre hygiéniste initiée par le préfet Vaïsse, le maire, A. Gailleton, favorise les opérations privées de rénovations : d'abord celles de la gare Saint-Paul, puis celle du quartier Grolée. Il envisage même d'entreprendre dans le Vieux-Lyon les destructions prévues par le plan d'alignement de 1844, toujours valide. Leur réalisation aurait eu l'inconvénient de faire disparaître les façades de la Renaissance existant encore. Ces opérations sont stoppées en 1891, grâce à un rapport produit par l'ingénieur-voyer du secteur qui signale, de manière officielle, la présence d'immeubles présentant une qualité architecturale remarquable."
p. 142 : Gare Saint-Paul : "La gare terminus est implantée en 1874 dans le quartier historique de Saint-Paul au prix de destructions de nombreuses maisons Renaissance."
p. 174-175, chapitre consacré aux rénovations :
"Dès 1906, pour satisfaire aux principes hygiénistes qui se propagent et aux objectifs d'amélioration de l'habitat, des travaux importants sont poursuivis dans le quartier Saint-Paul…" Afin de soutenir ce mouvement, la Société d'embellissement de Lyon organise chaque année un concours portant sur un site susceptible d'être modernisé et procure, ainsi, quantité d'idées hardies ou saugrenues, comme la création d'un marché de gros en lieu et place du quartier Saint-Jean (P. Bourdeix) "
p. 160 Les années 1930 () :
"La catastrophe de Fourvière (1930) donne lieu à l'établissement de plans d'embellissement du quartier Saint-Jean par R. Giroud, puis P. Bourdeix qui prévoient l'agrandissement de la place Saint-Jean, l'aménagement d'un jardin; d'une fontaine face à la cathédrale et la rénovation de l'ensemble du quartier de part et d'autre d'une grande rue de 20 mètres ; étaient seuls sauvegardés Saint-Jean et Gadagne. Ces projets impliquaient la démolition des immeubles de la place Saint-Jean à laquelle le ministre de l'éducation nationale s'oppose en les faisant inscrire à l'inventaire des monuments historiques. L'un des projets de P. Bourdeix prévoyait l'installation d'un marché-gare desservi par la gare Saint-Paul qui aurait eu raison du quartier ancien. Ces projets traîneront et resteront sans suite" avec l'arrivée de la deuxième guerre mondiale.


Lectures complémentaires :

Lyon : silhouettes d'une ville recomposée : architecture et urbanisme, 1789-1914, Dominique Bertin, 2008
Voir le chapitre consacré au quartier Saint-Paul : 1860-1904

Urbanisme et patrimoine à Lyon : 1850-1950 : naissance d'un musée,
Le début de l'ouvrage est consacré à l'urbanisme à Lyon au XIXe siècle et à l'activité de la Commission du Vieux-Lyon. Cette dernière est créée en 1898 suite aux importantes destructions subies par le quartier Saint-Paul, afin de "réaliser un inventaire des éléments intéressants à conserver, signaler les fouilles qui pourraient être entreprises, étudier l'impact des projets d'urbanisme sur les monuments et conserver des aspects pittoresques et artistiques à l'aide de la photographie ou d'autres procédés. "

De la pioche des démolisseurs au patrimoine lyonnais : le "Vieux Lyon" au XIXe siècle, article de Pierre-Yves Saunier paru dans Le Monde alpin et rhodanien; No 1, 1997, p. 69-81

Le patrimoine autrement dit : construire de la valeur dans l'agglomération, document Millénaire 3 (pdf)

Le site de l'association Renaissance du Vieux-Lyon et le site vieux-lyon.org

Bonne lecture !