ROBERT DELAUNAY - RYTHME 1 : PRESENTATION AU BREVET
ARTS ET LOISIRS
+ DE 2 ANS
Le 10/03/2013 à 13h36
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Question d'origine :
Que faut-il dire à l'épreuve d'histoire de l'art au brevet des collèges pour présenter l'oeuvre Rythme 1 de Robert Delaunay ?
Merci pour votre aide
Réponse du Guichet
bml_art
- Département : Arts et Loisirs
Le 14/03/2013 à 15h00
Sur le site brevetdescolleges vous disposez d’un plan type pour analyser une peinture dans le cadre que vous mentionnez.
Le site eduscol fournit 6 exemples d’analyse de tableaux dont celui de Kandinsky « Composition VIII», œuvre abstraite similaire à « Rythme 1 ».
Le texte qui définit l’épreuve est présent sur le site du Ministère de l’éducation nationale, avec notamment l’indication d’un barème pour évaluer l’élève :
«
- Situer des œuvres dans le temps et dans l'espace
- Présenter une œuvre de façon précise selon ses caractéristiques principales : domaine artistique, auteur, titre, époque ou contexte, support, dimensions, destination, mouvement artistique.
- Maîtriser des notions de base pour décrire les techniques de production et les usages d'une œuvre d'art ou d'un monument.
- Utiliser à bon escient un vocabulaire adapté à un domaine et à un langage artistiques.
- Développer un commentaire critique et argumenté sur une œuvre en discernant entre les critères subjectifs et objectifs de l'analyse.
- Établir des liens pertinents avec d'autres œuvres de la même période ou de périodes différentes.
- Produire quelques éléments d'analyse critique sur une œuvre nouvellement présentée à son regard.
- Manifester des connaissances de base sur les métiers et les formations liés aux domaines artistiques.
- Développer, pendant cinq minutes environ, un propos structuré relatif à l'objet d'étude.
- Appuyer son commentaire sur une documentation appropriée (référence aux cours, ressources numériques, etc.)
- Écouter et prendre en compte les questions du jury en formulant une réponse adaptée.
- Justifier ses choix en décrivant ses intérêts et ses acquis en histoire des arts.
- Manifester sa capacité à interroger un univers artistique, y compris abstrait.
- Évoquer la construction d'une culture personnelle en histoire des arts.
- S'exprimer correctement à l'oral, dans un niveau de langue approprié.
- Adopter un comportement physique convenant à la situation de l'épreuve. »
Pour avoir des informations concernant l’histoire de l’art, le Ministère de la culture a listé un certain nombre de sites Internet utiles à consulter. A titre d’exemple, en tapant Delaunay en recherche par mot clé, on vous propose un excellent dossier pédagogique émanant du Centre Pompidou, intitulé « Futurisme, Rayonnisme, Orphisme : les avant-gardes avant 1914 » et le dossier à lire absolument intégralement pour votre question, sous le titre « Le centre Pompidou mobile présente la couleur ». A la fin du dossier, vous aurez en outre une déclaration de Sonia Delaunay sur la compréhension de la couleur, deux textes de poètes sur la couleur, les recommandations officielles sur ce que doit connaître un collégien sur la couleur, un vocabulaire de la couleur.
Le tableau « Rythme N°1 » de Robert Delaunay est actuellement visible au Musée d’art moderne de la Ville de Paris. Une description de l’œuvre est proposée sur le site :
« Rythme N°1 / Robert Delaunay
Décoration pour le Salon des Tuileries, 1938
Huile sur toile
Le Musée d’art moderne de la Ville de Paris possède un ensemble représentatif d’œuvres de Robert Delaunay, entrées à la suite d’achats de la Ville (dès 1937) ou par donation.
A la suite de certains théoriciens de la couleur (Michel-Eugène Chevreul, Ogden Rood), Delaunay poursuit, avant la première guerre mondiale la recherche d’une peinture fondée sur la loi des contrastes de couleurs se développant dans le temps et se percevant simultanément. Ce cubisme particulier, dénommé « Orphisme » par Apollinaire, donnant l’illusion du mouvement, se met au service d’une thématique d’un monde moderne en plein essor : Tour Eiffel, hélices d’avions en rotation, sport.
En 1930, Delaunay renoue avec l’art « inobjectif » dans les Rythmes et les Rythmes sans fin où s’exprime la couleur seule qui, par son organisation, sa dimension, ses rapports dans l’espace, détermine les rythmes des formes. L’Exposition internationale de 1937 est l’occasion pour bon nombre d’artistes de recevoir des commandes. Delaunay, appuyé par l’activité de son épouse Sonia Terk, peintre et créatrice de meubles et de tissus « simultanés », pose depuis longtemps la question de l’abandon d’une peinture de chevalet au profit d’un art investissant tous les espaces de la vie quotidienne. Delaunay fut chargé, en collaboration avec l’architecte Félix Aublet, d’un important ensemble de décorations pour le Pavillon des Chemins de fer et pour le Pavillon de l’Air et de l’Aéronautique, qui connurent un grand succès public.
L’année suivante, de grandes peintures sont commandées à Albert Gleizes, Jacques Villon, André Lhote, Sonia et Robert Delaunay pour décorer le hall de sculptures du Salon des Tuileries. Ces compositions monumentales, exposées en 1939 à l’Exposition du groupe des Réalités nouvelles (considéré comme le premier Salon d’Art abstrait, Galerie Charpentier), furent ensuite données à la Ville de Paris. Les possibilités dynamiques des disques colorés qui entrent en mouvement par la seule action physique du regard, sont exploitées pour donner leur rythme à la composition. Par un effet « synchromique », la vision est activée par les jeux de courbes et de contre-courbes, des disques aux cercles concentriques de diverses épaisseurs qui se contrarient, et surtout par les couleurs qui s’opposent en complémentaires (rouge/vert, bleu/orangé) et en dissonances (rouge/bleu ; rose/rouge, etc.). Ces toiles dont le Musée possède également les maquettes, constituent l’aboutissement des recherches de Delaunay avant sa disparition précoce en 1941. »
Pour avoir les éléments les plus caractéristiques de la vie de Delaunay, on peut consulter le Dictionnaire de l'art moderne et contemporain/ sous la direction de Gérard Durozoi :
(1885, Paris - 1941, Montpellier)
« Peintre français. Il commence à peindre en autodidacte (1905-1907) dans la lignée de Gauguin, Cézanne et Seurat dont l'œuvre l'entraîne à lire Chevreul et à y découvrir la notion de « contraste simultané des couleurs », […] L'année 1911 est décisive : il s'écarte du cubisme (« La plupart des peintres cubistes, obéissant à un besoin d'objectivité, veulent représenter des objets de la nature... ils emploient les mêmes moyens que les peintres académiques d'avant l'impressionnisme ») … et ses masses colorées commencent à prendre leur essor autonome … Cette année faste est aussi celle des débuts de son amitié avec Apollinaire et un peu plus tard avec Cendrars. Ce que Delaunay a lui-même appelé sa période « constructive» commence l'année suivante (1912) avec les Fenêtres, les Disques, les Formes circulaires ; « Je construisais des tableaux qui paraissaient des prismes ... j'étais l'hérésiarque du cubisme... Je pense que les Fenêtres marquent ce qu'Apollinaire appelait la peinture pure, comme il a cherché la poésie pure, une date. » Apollinaire, qui invente pour cette nouvelle peinture le terme de « cubisme orphique », publie Les Fenêtres (« Du rouge au vert tout le jaune se meurt / La fenêtre s'ouvre comme une orange / Le beau fruit de la lumière ») ... Delaunay mérite qu'on l'appelle désormais ainsi qu'il signe : le Simultané. »
Delaunay, qui vient d'atteindre à la peinture non objective, semble alors changer de cap : la figuration réapparaît avec des sujets pris à l'actualité (Hommage à Blériot), et au sport (L'Équipe de Cardiff). Mais dans ces grandes toiles, la maîtrise de la couleur récemment acquise et la dynamique des enchaînements font passer la résurgence du sujet au second plan.
Mais le début des années trente marque un nouveau tournant : reprenant le thème des disques avec une joie et un dynamisme renouvelés, il crée les « Rythmes colorés », les « Rythmes sans fin » - où les formes colorées alternent par rapport à une médiane verticale - et les « Reliefs » de formes circulaires, monochromes blancs ou de couleur sable. Parallèlement, il réalise un énorme travail d'affichiste et surtout de décorateur : à l'Exposition internationale de 1937, il peint dix reliefs pour le palais des Chemins de fer, réalise un « Rythme coloré » de 780 m2 pour le palais de I’ Air et un décor fait « d'un immense globe transparent construit autour d'un véritable avion suspendu dans les airs entouré d'un ballet d'anneaux colorés transparents » (Delaunay). C'est donc en pleine activité créatrice qu'une nouvelle fois la guerre le surprend. Réfugié à Montpellier, il y meurt d'un cancer à 56 ans. »
Dans le même ouvrage figure une définition de l’Orphisme :
« Terme employé pour la première fois en octobre 1912 par Apollinaire lors d'une conférence sur la peinture moderne, prononcée à l'occasion du Salon de la Section d'or. L'orphisme recouvre deux préoccupations : d'une part, un assouplissement de la discipline cubiste représentée par des artistes comme Gleizes, Metzinger ou même Marie Laurencin ; d'autre part, l'affirmation par Robert Delaunay du rôle fondamental de la couleur dans la pratique picturale. Apollinaire argumente cette thèse dans Die Moderne Malerei (Der Sturm, février 1913) : « Delaunay croyait que si vraiment une couleur simple conditionne sa couleur complémentaire, elle ne la détermine pas en brisant la lumière, mais en suscitant à la fois toutes les couleurs du prisme. Cette tendance, on peut l'appeler l'orphisme. »
En réalité, l'orphisme ne s'applique guère qu'à la peinture de Delaunay. La série des Fenêtres (1912) illustre ses recherches sur le pouvoir dynamique des couleurs. Avec la série des Disques et des Formes circulaires, il réalise pour la première fois des compositions abstraites ayant pour préoccupation majeure de n'utiliser que la couleur qui engendre la forme, la composition et le sujet. »
Nous vous recommandons également de lire quelques chapitres du livre L'art abstrait / Laure-Caroline Semmer, qui, de façon très abordable, donne une foule de renseignements permettant la compréhension de l’avènement au début du 20e siècle d’une tendance majeure de la peinture :
Page 94 : « Après avoir analysé les effets colorimétriques et lumineux du soleil, Delaunay transfère les résultats en peinture. À l'été 1913, il tente de retranscrire sur la toile les effets du soleil après l'avoir regardé et avoir saisi l'impression sur la rétine en fermant tout de suite ses yeux. Le jeune Schopenhauer avait écrit sur ce thème dans « Sur la vue et les couleurs », ce qui avait entraîné une correspondance avec Goethe que Delaunay a pu lire grâce à son épouse qui parlait l'allemand. Le peintre s'inspire également des écrits de Charles Henry qui parle des « qualités directionnelles » des couleurs, d'un sens giratoire de celles-ci. Question de rythme, de dynamique, d'association entre couleur chaude et couleur froide, rupture, .association, ces œuvres deviennent des questionnements sur la plasticité des couleurs. Dans « Formes circulaires » de 1912, l'organisation des couleurs, le jeu de leur succession rapide crée un rythme, une dynamique. Mais par la multiplicité de ce rythme, le peintre crée non pas une confusion mais une simultanéité qui annihile la sensation de profondeur, qu'un Kandinsky, par exemple, utilisait. Par un jeu d'oppositions, de successions qui crée presque une sensation d'amalgame, Delaunay travaille sur la dissociation des formes. »Page 92 : « Delaunay s'est d'abord intéressé à l'esthétique cubiste, travaillant sur la décomposition de plans et la multiplication des facettes […] Continuant cette réflexion, il intègre les sources scientifiques sur la couleur et l'optique et lit Eugène Chevreul, Ogden N. Rood et Charles Henry. Il s'intéresse à l'élaboration d'une peinture qui serait une expression pure des contrastes colorés simultanés. Pour cela, il utilise le regard de son spectateur selon les préceptes élucidés par ces scientifiques afin de recomposer les vibrations et les effets lumineux et colorés. Reprenant la notion de Chevreul de « contraste simultané des couleurs », Delaunay affirme que l'illusion du mouvement peut être créée par le jeu des couleurs. »
Pages 93, 95 : « Dans un article publié en février 1913 dans la revue allemande « Der Sturm » et consacré à la peinture moderne, Guillaume Apollinaire utilise pour la première fois le terme d'« orphisme » pour désigner le travail de Delaunay, sa série des « Fenêtres » notamment qui marque l'avènement d'une « peinture pure ».
Dans cette série d'œuvres, le peintre s'intéresse plus aux effets de la lumière qu'à la représentation réelle de la vue à partir d'une fenêtre. Il s'agit de capturer des effets optiques qui sont pour lui plus profonds ou en tout cas plus réels que le motif ; le motif s'efface d'ailleurs rapidement au profit d'un jeu coloré et optique. Il accompagne ses « Fenêtres » d'un texte dans lequel il affirme : " Tant que l'art ne se sépare pas de l'objet, il reste description. » À propos de cette série, il poursuit : " Les couleurs : étant mesurables, elles sont donc distribuées sur la surface du tableau, qui est la seule référence pour l'ensemble du travail [...]. Par conséquent, l'objet mesurable que l'on appelle le tableau, surface à deux ou plusieurs dimensions se liant simultanément dans le rayon visuel, devient-il un objet à multiples dimensions ; ces multiples dimensions forment des groupes, qui s'opposent ou se neutralisent, la couleur étant une mesure en vibration selon telle ou telle intensité, vu son voisinage et vu sa superficie, dans ses rapports avec toutes les cou1eurs. »
Outre l’analyse du tableau, il vous faudra faire référence à la vie moderne (électricité, naissance de l’automobile, de l’aviation, vie trépidante), à la prise en compte par les artistes des théories scientifiques sur la couleur au XIXe siècle. La modernité s’exprime dans la littérature avec des écrivains comme Blaise Cendrars ou Paul Morand, en peinture avec un peintre comme Fernand Léger, en photographie comme Lartigue.
Le tableau se situe dans la tendance abstraite qui commence vers 1910 avec Kandinsky et Kupka.
La nécessité d’entreprendre des œuvres monumentales se retrouve chez Léger (tapisserie, céramique architecturale, vitraux), Dufy (fresque « La Fée électricité »), Matisse (panneaux décoratifs sur « la danse », mobilier, fresques, vitraux à la Chapelle de Vence).
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