Question d'origine :
Cher guichet,
Quand les prisonniers de guerre français de la guerre de 1870-1871 qui ont survécu ont été libérés ?
Réponse du Guichet
bml_civ
- Département : Civilisation
Le 23/03/2013 à 11h16
Bonjour,
Manfred Botzenhart, Französische Kriegsgefangene in Deutschland 1870-1871 , Sonderdruck aus Francia, Forschungen zur Westeuropäischen Geschichte, publié par l'Institut historique allemand, Paris, Vol. 21/3, 1994, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen
Le professeur Botzenhart rappelle que quelque 400 000 prisonniers français furent amenés en Allemagne durant la guerre de 1870/71. Or l'Allemagne n'était pas préparée à recevoir soudainement un si grand nombre de prisonniers; elle se heurta donc au début à d'énormes difficultés pour héberger ces hommes et subvenir à leurs besoins. Les prisonniers furent répartis dans quelque 200 lieux de détention: d'abord des forteresses et des bâtiments militaires désaffectés puis des baraquements spécialement construits pour eux. Malgré l'état déplorable des prisonniers à leur arrivée, les médecins militaires allemands parvinrent peu à peu à faire baisser le taux de mortalité. D'après les observateurs, notamment suisses et français, qui purent visiter ces prisonniers, leurs conditions de détention étaient jugées acceptables.
A ce propos, l'auteur se réfère notamment aux sources qu'il a trouvées dans les archives du CICR et il décrit les actions des diverses organisations qui s'efforcèrent de faire parvenir des secours aux prisonniers, notamment celles de « l'Agence internationale de secours aux militaires blessés » , constituée à Bâle par le CICR et utilisant l'emblème de la croix-rouge et celles du « Comité international de secours aux prisonniers de guerre » , également constituée à Bâle par le CICR et utilisant l'emblème de la croix-verte. L'existence de ces deux organisations parallèles s'explique par le fait que le CICR avait reçu de nombreux appels en faveur des prisonniers de guerre mais qu'il considéra que l'emblème de la croix rouge, auquel la Convention de Genève de 1864 avait conféré une signification légale, ne pouvait couvrir les secours aux prisonniers valides. C'est la raison pour laquelle il constitua à Bâle un nouvel organisme, formellement distinct de l'Agence, et placé sous l'emblème de la croix-verte: « le Comité international de secours aux prisonniers de guerre » . Ce Comité était notamment chargé de la collecte et de l'acheminement de secours aux prisonniers, de la publication de listes de captifs et de la recherche de militaires disparus; il entretint une correspondance régulière avec les commandants de camps et de forteresses et disposait en outre de délégués pouvant se rendre sur place.
Le professeur Botzenhart relate également les efforts entrepris par le CICR pour organiser le rapatriement en France, via la Suisse, des prisonniers de guerre grièvement blessés. Le rapatriement des prisonniers commença, dès les accords de paix préliminaires, en vertu d'une Convention spéciale du 11 mars 1871 et, à la mi-juillet 1871, presque tous les prisonniers avaient regagné la France.
Source
1. La société française et la captivité durant la guerre de 1870
• la captivité de capitulation
La première capture de prisonniers de guerre (PG) c’est lors de la capitulation de Sedan, en septembre 1870, 80 000 soldats français deviennent prisonniers. C’est un nombre énorme qui surprend les Prussiens qui les parquent dans la presqu’île d’Iges, dans un des bras de la Meuse : ils y restent une semaine, sans nourriture, et dans des conditions très difficiles.
« (...) Mais, à la tombée du jour, la pluie recommença. C’était un désastre. Quelques soldats avaient envahi les rares maisons abandonnées de la presqu’île. Quelques autres étaient parvenus à dresser des tentes. Le plus grand nombre, sans abri d’aucune sorte, sans couverture même, durent passer la nuit, au plein air, sous cette pluie diluvienne. (...) Et la journée du lendemain, et la journée du surlendemain, furent vraiment abominables, sous les continuelles ondées, si drues et si fréquentes, que les vêtements n’avaient pas le temps de sécher sur le corps. La famine commençait, il ne restait plus un biscuit, plus de lard ni de café. Pendant ces deux jours, (...) on vécut de pommes de terre volées dans les champs voisins. » (Émile Zola , La Débâcle. Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, Paris : Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, tome V, 1967, pages 756- 757.)
Un mois plus tard, c’est la capitulation de Metz, en octobre 1870 : 137 000 soldats (il faut attendre Stalingrad pour qu’autant de soldats soient prisonniers en une fois). 370 000 soldats en tout dans l’armée (+ 80 000 dans les dépôts) , 18 000 décédés en Allemagne. (58%) Ils sont acheminés à pied vers les gares, puis en train de marchandises vers des lieux de captivité multiples : Stettin, île de Wesel près de Cologne, Silésie, Elbe, Bavière…
les officiers peuvent rentrer chez eux s’ils renoncent à faire la guerre ; comme de nombreux refus sont enregistrés, ils sont assignés à résidence dans des villes. Ils reçoivent du gouvernement allemand une demi-solde de captivité.
Les officiers subalternes : leur solde de captivité insuffisante, leur famille les aide
Les soldats : placés dans des camps qu’ils construisent eux-mêmes, dans des baraques en planches, ils souffrent d’un manque d’hygiène et d’alimentation. Le travail n’est pas obligatoire mais est indispensable pour ceux qui veulent manger ! Ils effectuent des travaux de terrassement , de déblaiement, ils sont bûcherons.
Officiellement, la libération doit intervenir après la ratification du traité de paix, mais le rapatriement commence après le préliminaire de paix, soit en mars 1871 (l’essentiel des libérations). Une interruption intervient en avril, puis les libérations reprennent le 10 mai 1871, après la signature du traité de Francfort. La captivité a duré 10 mois.
Source
Aux Archives départementales de la Moselle, vous pouvez effectuer, si besoin est, une recherche en ligne sur les prisonniers de la guerre franco prussienne :
• 12 AL 141 - Prisonniers de guerre français : libération, évasions, recherches, morts en captivité, etc., 1870-1872
Pour aller plus loin :
- Histoire militaire de la France par André Corvisier
- L’armée du Second Empire par Henri Ortholon.
Manfred Botzenhart, Französische Kriegsgefangene in Deutschland 1870-1871 , Sonderdruck aus Francia, Forschungen zur Westeuropäischen Geschichte, publié par l'Institut historique allemand, Paris, Vol. 21/3, 1994, Jan Thorbecke Verlag, Sigmaringen
Le professeur Botzenhart rappelle que quelque 400 000 prisonniers français furent amenés en Allemagne durant la guerre de 1870/71. Or l'Allemagne n'était pas préparée à recevoir soudainement un si grand nombre de prisonniers; elle se heurta donc au début à d'énormes difficultés pour héberger ces hommes et subvenir à leurs besoins. Les prisonniers furent répartis dans quelque 200 lieux de détention: d'abord des forteresses et des bâtiments militaires désaffectés puis des baraquements spécialement construits pour eux. Malgré l'état déplorable des prisonniers à leur arrivée, les médecins militaires allemands parvinrent peu à peu à faire baisser le taux de mortalité. D'après les observateurs, notamment suisses et français, qui purent visiter ces prisonniers, leurs conditions de détention étaient jugées acceptables.
A ce propos, l'auteur se réfère notamment aux sources qu'il a trouvées dans les archives du CICR et il décrit les actions des diverses organisations qui s'efforcèrent de faire parvenir des secours aux prisonniers, notamment celles de « l'Agence internationale de secours aux militaires blessés » , constituée à Bâle par le CICR et utilisant l'emblème de la croix-rouge et celles du « Comité international de secours aux prisonniers de guerre » , également constituée à Bâle par le CICR et utilisant l'emblème de la croix-verte. L'existence de ces deux organisations parallèles s'explique par le fait que le CICR avait reçu de nombreux appels en faveur des prisonniers de guerre mais qu'il considéra que l'emblème de la croix rouge, auquel la Convention de Genève de 1864 avait conféré une signification légale, ne pouvait couvrir les secours aux prisonniers valides. C'est la raison pour laquelle il constitua à Bâle un nouvel organisme, formellement distinct de l'Agence, et placé sous l'emblème de la croix-verte: « le Comité international de secours aux prisonniers de guerre » . Ce Comité était notamment chargé de la collecte et de l'acheminement de secours aux prisonniers, de la publication de listes de captifs et de la recherche de militaires disparus; il entretint une correspondance régulière avec les commandants de camps et de forteresses et disposait en outre de délégués pouvant se rendre sur place.
Source
1. La société française et la captivité durant la guerre de 1870
• la captivité de capitulation
La première capture de prisonniers de guerre (PG) c’est lors de la capitulation de Sedan, en septembre 1870, 80 000 soldats français deviennent prisonniers. C’est un nombre énorme qui surprend les Prussiens qui les parquent dans la presqu’île d’Iges, dans un des bras de la Meuse : ils y restent une semaine, sans nourriture, et dans des conditions très difficiles.
« (...) Mais, à la tombée du jour, la pluie recommença. C’était un désastre. Quelques soldats avaient envahi les rares maisons abandonnées de la presqu’île. Quelques autres étaient parvenus à dresser des tentes. Le plus grand nombre, sans abri d’aucune sorte, sans couverture même, durent passer la nuit, au plein air, sous cette pluie diluvienne. (...) Et la journée du lendemain, et la journée du surlendemain, furent vraiment abominables, sous les continuelles ondées, si drues et si fréquentes, que les vêtements n’avaient pas le temps de sécher sur le corps. La famine commençait, il ne restait plus un biscuit, plus de lard ni de café. Pendant ces deux jours, (...) on vécut de pommes de terre volées dans les champs voisins. » (Émile Zola , La Débâcle. Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d’une famille sous le Second Empire, Paris : Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, tome V, 1967, pages 756- 757.)
Un mois plus tard, c’est la capitulation de Metz, en octobre 1870 : 137 000 soldats (il faut attendre Stalingrad pour qu’autant de soldats soient prisonniers en une fois). 370 000 soldats en tout dans l’armée (+ 80 000 dans les dépôts) , 18 000 décédés en Allemagne. (58%) Ils sont acheminés à pied vers les gares, puis en train de marchandises vers des lieux de captivité multiples : Stettin, île de Wesel près de Cologne, Silésie, Elbe, Bavière…
les officiers peuvent rentrer chez eux s’ils renoncent à faire la guerre ; comme de nombreux refus sont enregistrés, ils sont assignés à résidence dans des villes. Ils reçoivent du gouvernement allemand une demi-solde de captivité.
Les officiers subalternes : leur solde de captivité insuffisante, leur famille les aide
Les soldats : placés dans des camps qu’ils construisent eux-mêmes, dans des baraques en planches, ils souffrent d’un manque d’hygiène et d’alimentation. Le travail n’est pas obligatoire mais est indispensable pour ceux qui veulent manger ! Ils effectuent des travaux de terrassement , de déblaiement, ils sont bûcherons.
Source
Aux Archives départementales de la Moselle, vous pouvez effectuer, si besoin est, une recherche en ligne sur les prisonniers de la guerre franco prussienne :
• 12 AL 141 - Prisonniers de guerre français : libération, évasions, recherches, morts en captivité, etc., 1870-1872
Pour aller plus loin :
- Histoire militaire de la France par André Corvisier
- L’armée du Second Empire par Henri Ortholon.
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