Quel ordre religieux siégeait au Colisée au Moyen Age?

Bonjour,

Votre question renvoie sans doute à cette phrase de l’article « Colisée » sur Wikipedia : « Un ordre religieux s'installa même dans les ruines au milieu du XIVe siècle, pour s'y maintenir jusqu'à la fin du XIXe siècle. », affirmation qui ne s'appuie sur aucune source.

Ce site sur la Rome médiévale, réalisé par des spécialistes d’exégèse et paléographie chrétienne n’évoque absolument pas la présence d’un ordre religieux à l’intérieur du Colisée pendant la période que vous évoquez. Au contraire, les auteurs suggèrent fortement que cet édifice a échappé à la christianisation d’autres monuments romains, et qu’il conserva une aura païenne, à l’origine de bien des légendes, comme celles rapportées par Armannino da Bologna (dit aussi Armannino Giudice) dans son ouvrage Fiorita, conservé à la Bibliothèque Laurentienne de Florence : temple démoniaque, temple du soleil, en tout cas lieu de cérémonies païennes.

Si la construction d’un palais par une famille noble, les Frangipani, est attestée contre le Colisée aux Xe et XIe siècles, l’intérieur semble avoir surtout servi de réserve de matériau de construction, des pans entiers s’étant écroulés au cours des tremblements de terre successifs que le monument avait subis aux cours des âges. Des chaufourniers (ou chauliers) y tenaient à la fois leurs activités et leurs habitations. L'intérieur du Colisée fut aussi pendant de longs siècles le repaire de brigands et de prostituées.

Cependant, sur ce site consacré à l’histoire du Colisée, notamment cette page, il est dit qu’en 1381 une part du Colisée fut donnée à la Confrérie du Saint Sauveur ad Sancta Sanctorum, appelée aussi du Gonfalone, qui fut autorisée à partir de 1490 à tenir des représentations de la Passion du Christ auxquelles la foule se pressa jusqu’en 1539. En 1519, la confrérie fit construire à l’intérieur du Colisée une chapelle, Santa Maria della Pietà al Colosseo. Pendant cette période, la propriété du monument se répartissait entre cette confrérie, le Sénat romain et la Chambre apostolique : « Nel 1381 una sezione del Colosseo fu donata alla confraternita religiosa del Santissimo Salvatore ad Sancta Sanctorum, detta anche del Gonfalone, alla quale dal 1490 fu permesso di tenere rappresentazioni della passione di Cristo nell'anfiteatro. (…) In questo periodo la proprietà del monumento era divisa tra questa Confraternita, il Senato Romano e la Camera Apostolica. »

L’article de Wikipedia sur l’église Sainte Marie de la piété au Colisée, faisant référence à l’ouvrage d’Armellini Le chiese di Roma dal secolo IV al XIX évoque la présence d’un moine installé dans les lieux par la Confrérie du Gonfalone en 1622.

L’année 1720 vit la construction d’un chemin de croix tout autour de l’arène. En 1749, le pape Benoît XIV déclara le monument église publique consacrée à la mémoire de la Passion du Christ, et c’est une autre fraternité, celle des Amoureux de Jésus et Marie qui obtint du pape Benoît XIV d’y organiser des chemins de croix (la fameuse Via crucis).

Le terme « siéger » ne nous semble pas tout à fait approprié. Certes, ces confréries y organisaient des cérémonies religieuses, voire, pour l’une d’entre elles, en était déclarée copropriétaire, mais rien n’atteste qu’elles s’y soient jamais « installées ».